Quand le chef de file de Rachad traitait Sadek Hadjerès de «communiste athée»
Par Kamel M. – Les temps changent, mais la réalité rattrape toujours les caméléons de l’acabit de Larbi Zitout et ses acolytes de la secte islamiste de Rachad. Dans un débat qui l’opposait à feu Hachemi Cherif, ancien secrétaire général du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) puis Ettahadi, sur Al-Jazeera en 1999, l’ancien employé de bureau à l’ambassade d’Algérie en Libye s’en est pris violemment à ce parti ainsi qu’à ses «semblables», le RCD «de l’extrémiste de droite Saïd Sadi» et l’ANR «de l’athée Réda Malek». A l’époque, Zitout et son organisation pro-turque n’étaient dans la position de faiblesse actuelle pour devoir s’allier avec les communistes pour vendre aux Algériens la marchandise avariée de l’islam politique.
Vingt ans plus tard, la situation a changé, et les coups reçus par l’organisation satellite du FIS démasquée par Ahmed Bensaada et par un animateur du Hirak en France, Meziane Abane, qui a mis en garde contre la récupération du mouvement de contestation populaire pacifique par Rachad et ses promoteurs islamistes déguisés, ont fait que de nouvelles alliances sont devenues nécessaires pour «rattraper le coup». C’est dans cette logique que Larbi Zitout, Mourad Dhina et d’autres intervenants de la même engeance ont réagi avec une virulence inouïe à l’interview de notre confrère Mohsen Abdelmoumen dans laquelle l’expert français du renseignement Eric Denécé mettait à nu les accointances de cette organisation avec les services secrets français, américains et britanniques.
Sadek Hadjerès présente le double avantage d’avoir appartenu au PAGS et d’être originaire de Kabylie, qui plus est issu d’une famille maraboutique, au même titre que Hocine Aït Ahmed, les deux hommes partageant leur soutien au FIS, en apparence paradoxal, mais qui, en réalité, émane d’une arrière-pensée religieuse dont ces «militants de gauche» sont profondément imprégnés. Le premier a eu droit à un mausolée sur lequel le nervi du FIS, Ali Benhadj, a été un des tout premiers à se recueillir ; le second est né et a grandi dans la partie supérieure d’un village de grande Kabylie où les hommes étaient affublés du titre seigneurial de «Si» et les femmes de celui de «Lalla».
En réaction à l’argumentaire vaseux de Larbi Zitout, le défunt Hachemi Cherif avait fait état des divisions qui avaient traversé le PAGS à cause d’un différend qui avait causé l’éclatement du parti en deux courants, «l’un resté accroché à la règle dogmatique traditionnelle, l’autre ouvert sur la modernité». «Le PAGS, dont j’étais le secrétaire général, était contre les élections (législatives de 1991, ndlr) en tant que processus, en raison de la participation des islamistes», avait expliqué Hachemi Cherif, qui avait échappé à plusieurs attentats terroristes, dont un au boulevard Krim-Belkacem, sur les hauteurs d’Alger, commis par une jeune fille accoutrée à l’occidentale.
«Depuis le début, nous avons axé [notre analyse] sur le fait que la crise qui prévalait en Algérie et qui s’est manifestée de façon violente le 5 Octobre 1988 était une crise de l’Etat hybride et du système rentier et bureaucratique», avait souligné Hachemi Cherif. «La thèse [de l’adhésion au processus électoral] peut être acceptée quand l’Etat est fondé sur des principes démocratiques, modernistes et républicains au sens propre du terme, et également sur le principe de l’alternance au pouvoir, mais cette alternance ne peut pas être que théorique, il faut qu’elle soit pratique aussi», avait-il insisté, avant de rappeler que «tous les dirigeants islamistes dans les années 1990 et 1991 ont promis ouvertement que s’ils arrivaient au pouvoir et prenaient en main l’initiative stratégique, ils changeraient la nature de l’Etat algérien».
K. M.
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