Le numérique, moteur de la croissance économique

e-commerce numérique
Le e-commerce peine à se développer en Algérie. D. R.

Par GAAN – L’Algérie gagnerait à se doter d’une stratégie nationale du numérique pour accompagner l’élan et l’enthousiasme actuels en vue de la modernisation et de la diversification de l’économie. Une telle stratégie devrait permettre de :

– Faire du numérique un levier de croissance de l’économie nationale, notamment à travers l’apport des entreprises de la filière du numérique.

– Bâtir les fondements nécessaires pour généraliser l’usage du numérique dans les différents secteurs et permettre l’essor d’une société de l’information et d’une économie de la connaissance.

L’idée étant d’avoir une approche holistique et d’encadrer, à travers cette stratégie, le maximum des mesures et d’actions entreprises dans le pays en vue de créer des synergies et améliorer l’efficacité et l’efficience de nos efforts dans ce domaine.

Nous résumons les principaux axes sur lesquels devrait s’appuyer cette stratégie ainsi que les mesures prioritaires à considérer dans le proche avenir. Ce travail est le fruit d’un groupe de réflexion au sein du GAAN qui a élaboré ces propositions durant les derniers mois.

Une infrastructure fiable, sécurisée et performante :

1- Développer l’accès à l’Internet très haut débit.

En mettant à profit les différentes technologies et réseaux existants (fixe, mobile, satellite) ; en dynamisant le marché des providers Internet par la mise en œuvre des textes d’application découlant de la dernière loi sur les télécommunications, notamment sur le volet ouverture de la boucle locale. Le renforcement de la bande passante internationale et l’optimisation de son rendement grâce notamment à la mise en œuvre d’un Peering local (GIX).

Accélérer la mise en service de la certification électronique pour les administrations et structures publiques, mais également pour le secteur économique et privé.

Favoriser la disponibilité de centres de données sur le territoire national répondant aux standards internationaux afin de diminuer la sollicitation de la bande passante internationale ; améliorer la performance des services en-ligne par la réduction des temps de latence ; consacrer la souveraineté nationale sur les données ; améliorer l’attractivité du pays vis-à-vis des Investissements directs étrangers (IDE) dans le domaine numérique et augmenter la contribution du numérique dans le PIB.

Pour cela, il y a lieu de lever les obstacles techniques (ex : disponibilité, qualité et coût de la bande passante, énergie) et prendre des mesures pour rassurer les investisseurs et inciter les investissements conséquents requis par les projets de Data Centers.

Engager proactivement la préparation pour la 5G, notamment pour :

Assurer la disponibilité du spectre des fréquences requis ; éliminer les obstacles potentiels au déploiement (ex : pour généraliser la 5G, il sera utile d’avoir des sites cellulaires supplémentaires équipés de la 5G. Les autorités en charge doivent disposer de ressources et d’un cadre réglementaire pour équilibrer entre les préoccupations des consommateurs et la planification urbaine avec des exigences en matière de construction d’infrastructures).

E-Gouvernement pour offrir un service public efficace, transparent et inclusif, centré sur le citoyen et l’entreprise 

Il est attendu du gouvernement de donner l’exemple en matière d’adoption et d’usage des TIC et du numérique afin de rallier les citoyens, les entreprises et d’autres acteurs nationaux pour édifier une société de l’information. Pour cela, il y a lieu d’assurer les éléments clés et facilitateurs ci-après :

1- Capitaliser sur la numérisation de l’état civil et le Numéro d’identification national pour mettre en œuvre une identité numérique unique pour chaque citoyen, permanente, disponible et authentifiable en-ligne et pas seulement par le moyen de la Carte nationale biométrique physique. Cette identité numérique devrait convenir aux transactions institutionnelles mais aussi commerciales (ex : banques).

2- Mettre en place un système d’échange sécurisé de données assurant l’interopérabilité entre les différents systèmes d’information des administrations, structures gouvernementales et services publics (ex : CNR/état civil).

3- Mettre en service le portail gouvernemental de services intégrés et accessibles depuis des plateformes en-ligne et mobiles. Même si les services en question seront développés par les structures concernées, il est important de simplifier l’accès aux citoyens en intégrant les services les plus courants au sein d’un portail (guichet) unique.

4- Renforcer la cybersécurité pour établir la confiance entre gouvernement, citoyens et entreprises.

5- Favoriser l’Open Data afin de rendre disponibles, pour les administrations centrales, les collectivités locales et les investisseurs, les données pour les systèmes d’aide à la décision et au développement.

Il est utile de rappeler que les retombées et bénéfices du e-Gouvernement sont multiples :

– Amélioration de l’efficacité et de la productivité des services de l’administration.

– Amélioration des services aux citoyens et un meilleur engagement des citoyens avec le gouvernement.

– Accélération de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et des politiques sociales, le numérique étant un catalyseur clé des secteurs sociaux tels que l’éducation et la santé.

– Economie des coûts : des économies substantielles peuvent être réalisées en numérisant et en automatisant les processus.

– Promotion de la transparence, la responsabilité, la bonne gouvernance et la réduction des opportunités et possibilités de corruption.

– Amélioration de la compétitivité et l’attractivité économique du pays, en favorisant un environnement propice aux affaires, comme en témoigne le classement de Doing Business pour l’Algérie en 2020 qui peine à améliorer son classement à la 157e place depuis deux ans.

Une population qualifiée pour l’ère du numérique (capital humain) 

1- Développer la «littéracie digitale» au sein des différents segments de la population. Alors que le taux de pénétration des smartphones/tablettes a évolué significativement en Algérie, ils demeurent des appareils adaptés d’abord pour un usage de consommation de contenu. La crise du Covid-19 a mis en exergue le faible taux de pénétration des ordinateurs chez les étudiants, employés, ménages…  (la base installée des ordinateurs personnels ne dépasse pas les 3 millions d’ordinateurs pour une population qui dépasse les 40 millions, dont 40% environ au sein des administrations et entreprises), ce qui a réduit significativement l’éventail des solutions envisageables pour assurer une flexibilité sur le lieu de travail ou d’apprentissage.

Dans ce cadre, il y a lieu de :

– Revoir à la baisse les taux de taxation actuels en droits et taxes appliqués aux ordinateurs personnels et d’autres équipements informatiques essentiels (switch et routeurs, serveurs…) qui se trouvent actuellement à un niveau excessif, rendant ainsi l’accès à un outil aussi essentiel que l’ordinateur impossible pour la plus grande frange de la population.

-Engager, dans les plus brefs délais, des programmes et initiatives à caractère national à travers un partenariat public-privé et visant à offrir des solutions (ordinateur + contenu + services) adaptées par segment de la population (ex : étudiants/élèves/enseignants, fonctionnaires, ménages, PME…).

– Favoriser la formation par le e-learning pour les différentes franges de la population. A l’ère de la digitalisation, la formation à distance est aujourd’hui utilisée officiellement au même titre que les formations et enseignements prodigués en présentiel (Universités, grandes écoles, centres de formation, entreprises…). Elle a permis aux cadres, salariés, apprenants de travailler ensemble et de se former en dehors de leurs horaires de travail. C’est désormais une volonté affichée des pouvoirs publics d’insuffler l’économie du savoir.

2- Préparer la future génération et main-d’œuvre à l’ère de l’industrie 4.0. La 4e révolution industrielle est en train de définir un bon nombre des compétences et aptitudes requises pour réussir dans le monde du travail. Au-delà des défis nés avec la crise du Covid-19 comme l’enseignement/apprentissage à distance, les responsables de l’éducation sont confrontés au défi supplémentaire de combler l’écart de compétences créé par l’industrie 4.0 et les exigences d’une société mondialement compétitive, dans laquelle certains emplois existants sont en déclin tandis que de nouveaux emplois faisant plus appel à des compétences en technologie et des compétences cognitives émergent. Il est donc primordial d’engager une réflexion sur une intégration efficace des technologies dans les programmes d’enseignement au niveau de l’éducation nationale mais aussi au niveau de la formation professionnelle en vue de développer les compétences requises à l’ère de l’intelligence artificielle et de l’industrie 4.0 et préparer ainsi notre future génération d’innovateurs.

3- Formation de compétences hautement qualifiées dans les technologies phares, comme l’intelligence artificielle ou la cybersécurité afin de soutenir la transformation économique et sociale du pays par des compétences locales.

4- Mettre à profit les compétences algériennes résidant à l’étranger pour bénéficier de l’expérience et de l’expertise des expatriés algériens, exerçant dans de grandes entreprises internationales, notamment dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

Ecosystème et économie numérique

1- Renforcer la transparence et l’équité dans l’accès à la commande publique et aux opportunités d’affaires d’une manière générale, à travers notamment :

– La dématérialisation des procédures de participation aux marchés publics, notamment par la mise en place d’un portail des appels d’offres du secteur public.

– La mise en œuvre de SLA (contrat de niveau de service) au niveau des structures et administrations en charge de délivrer des autorisations ou agréments spécifiques aux activités du numérique.

– La consécration de la préférence nationale par les entreprises et organismes publics dans l’octroi des marchés.

2- Paiement électronique et inclusion financière : la disponibilité et l’utilisation de tous les services financiers par les différents segments de la société dont les institutions et les particuliers.

3- e-Commerce : le e-commerce en Algérie peine à se développer, en raison du retard dans la promulgation des textes réglementaires et l’absence d’une culture digitale auprès des consommateurs.

4- Contraintes banques/commerce international/change : certaines réglementations dépassées limitent le développement du secteur et la digitalisation de l’économie. Le contrôle des changes et les problématiques liées à la détention de devises (i.e. rapatriement de fonds de l’étranger, convertibilité du dinar, manque de cadre légal nécessaire aux paiements électroniques).

5- Incentives : accompagner les porteurs de projet dans le digital par des mesures incitatives et d’encouragement : exonération fiscale, accès aux crédits bancaires, etc.

6- Coordination/collaboration/partenariat public privé : nécessité d’instaurer un climat de confiance et créer des passerelles de partenariat entre les entreprises du secteur public et celles du privé. Le but étant identique : créer de la richesse et développer l’économie nationale.

7- Start-up : simplifier les procédures de création de start-up et instaurer un fonds d’aide financière et un accompagnement technologique (incubateurs).

Gouvernance et capacités organisationnelles

La transversalité du numérique engendre la nécessité d’impliquer tous les secteurs afin de réussir l’atteinte des objectifs ciblés. L’absence de coordination est souvent la raison derrière l’échec des expériences de transformation numérique. Dans ce contexte, il y a lieu de :

1- Mettre en place une structure centrale responsable de la mise en œuvre de la stratégie nationale du numérique qui transcende les différents départements ministériels et administrations afin justement d’assurer la coordination entre eux.

2- Assurer la pérennité du financement des projets par la mise en œuvre de modèles de financement adaptés, notamment par la diversification des sources de financement.

3- Favoriser le partenariat public-privé.

4- Mettre en place un tableau de bord ou observatoire du numérique en collaboration avec toutes les parties prenantes afin d’assurer le suivi et le pilotage de la feuille de route.

5- Conduire le changement, notamment par des actions de sensibilisation et une communication efficace afin d’obtenir l’adhésion de toutes les parties prenantes qui s’approprieront et porteront la stratégie et feuille de route de développement du numérique.

6- L’éducation financière :

Nécessité d’instaurer des mécanismes d’éducation et de sensibilisation financière à travers l’élaboration d’une stratégie nationale visant à promouvoir l’enseignement et la culture financière, encourageant l’usage des moyens de paiement dématérialisés. Le développement de cette stratégie par des organismes gouvernementaux et le secteur privé afin d’améliorer les connaissances financières des citoyens, en particulier les catégories vulnérables telles que les petite et moyenne entreprise, les jeunes et les femmes.

GAAN

Comment (6)

    Abou Stroff
    2 septembre 2020 - 8 h 02 min

    « Le numérique, moteur de la croissance économique » titre gaan.
    question à deux doros: qui serait contre les propositions avancées par gaaan et qui décrivent un monde virtuel où le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation ne serait qu’une vue de l’esprit?

    Brahms
    2 septembre 2020 - 7 h 20 min

    Les commerçants ne pourront plus tricher avec les impôts ?

    Qui dit paiement avec carte bancaire, dit déclaration exacte du chiffre d’affaire aux impôts ? Donc, fin des combines de sous évaluation du chiffre d’affaire pour échapper aux impôts. C’est le revers de la médaille. En principe, d’ici 2030, il n’y aura plus d’argent liquide en circulation, tous les paiements se feront par carte bancaire. Ainsi, le commerçant sera protégé contre les braquages, contre la perte d’argent dans la rue, contre les agressions (vol) et les Banques pourront travailler avec plus d’argent qui seront sur les comptes bancaires des clients. Le nouveau Monde c’est cela.

    Anonyme
    1 septembre 2020 - 20 h 09 min

    Il faudrait d’abord avoir des gens intelligents qui ne pensent qu’au bien de l’Algerie. Sinon les prisons remplies d’escrocs et de corrompus ne trompent plus.

    Belveder
    1 septembre 2020 - 17 h 48 min

    Qui dit Numérique dit «  »tracabilité » » dans tous les domaines de la vie courante surtout financier
    allez appliquer ca a EL HAMIZ.. la montagne …jolie vue…et autres places fortes de l informel ca sera une grosse victoire deja…

    AUGUSTA
    1 septembre 2020 - 15 h 04 min

    Oui et aussi formation par la Russie et Chine de cadres de la presse et communication modernes.
    car le nom ALGERIE est toujours associé à du négatif par l’occident et nos « frères » kharab.
    Tout un pauvre continent qui n’a de vitrine que Jeune HAfrk et FR24 , nous dégradant !
    Les peuples sont -ils si serviles comme à côté?
    Le voisin n’a pas de pétrole mais il en raffine.
    Commençons par fournir aux particuliers des mini-stations solaires (ménagers, pompes, petits moteurs, éclairage…) en fabriquant chez nous ! Ne me dîtes-pas qu’on n’en est pas capable !
    Il y a chez nous comme une troupe de force occulte qu’il faut dégager au plus vite !
    Le Liban ne produit rien, pas de richesses naturelles…que des services bancaires (louche) et pourtant le gendarmet du nord s’incruste d’autorité en bernant le peuple !
    On croyait les Libanais instruits !

      Anonyme
      1 septembre 2020 - 22 h 12 min

      On croyait les Libanais instruits.

      Mais il le sont. Seulement ils n’ont jamais eu le pouvoir, seuls quatre clans religieux chapeautés par quatre grandes familles et leurs obligés ont gouverné ce pays par la corruption. Et l’ont mené à sa perte.

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