L’ambassadeur d’Algérie à Rome reçu par un proche conseiller du pape François
De Rome, Mourad Rouighi – L’ambassadeur d’Algérie à Rome, Ahmed Boutache, a été reçu ce jeudi par le cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et un des tout proches conseillers du pape François Ier.
Une rencontre qui est en soi une attention exceptionnelle et toute particulière qui a été réservée au représentant de notre pays, témoignant, nous dit-on à Rome, du grand respect que porte le Saint-Siège à l’égard de notre pays et de la sympathie prononcée que nourrit le souverain pontife vis-à-vis du peuple algérien.
Au menu de cette rencontre programmée dès le retour du cardinal espagnol, qui accompagnait le pape en Irak, nombre de thèmes et de questions qui sont au centre de l’action des deux diplomaties, évoquant avec son hôte, entre autres, le contexte actuel marqué par les conséquences économiques et sociales de la pandémie du Covid-19, l’importance d’une mobilisation continue de la communauté internationale en faveur de la paix, de la tolérance, de l’inclusion, de la compréhension et de la solidarité et du rôle des grandes religions universelles dans l’instauration d’un monde meilleur et plus juste.
Mgr Ayuso Guixot, en sincère et infatigable missionnaire du dialogue islamo-chrétien, a mis l’accent sur la sincérité des intentions du pape François, dans sa main tendue aux musulmans, pour un dialogue qui se veut un chemin de vérité, qui mérite d’être patiemment entrepris pour transformer des intentions en actions.
Il a ensuite abordé le rôle de l’éducation dans la promotion des valeurs du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures pour mieux combattre tous ces discours haineux véhiculant l’exclusion, l’extrémisme, le repli sur soi, la xénophobie et la discrimination sur toutes ses formes.
Il a cet effet salué les premiers résultats de la déclaration conjointe entre le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, qui a été voulue comme un rempart contre la logique de la confrontation que d’aucuns veulent inéluctable entre nos deux mondes.
De son côté, l’ambassadeur Ahmed Boutache a tenu à rappeler les fondements des positions de l’Algérie sur le dialogue interreligieux, basées sur les valeurs de la paix, de la réconciliation, de la tolérance, de l’inclusion, de la compréhension et de la coexistence pacifique et harmonieuse.
De même, il a tenu à rendre hommage au pape François qui n’a eu de cesse ces dernières années de dénoncer les amalgames et les campagnes islamophobes qui ciblent la religion musulmane sur fond de stéréotypes et préjugés, cachant mal des postures extrémistes aux antipodes des valeurs de l’humanité.
Abordant les causes sous-jacentes des conflits en Afrique et dans le monde arabe, alimentées ici et là, sous fond d’enjeux géopolitiques et stratégiques visant l’exploitation des ressources naturelles de ces pays, l’ambassadeur algérien a souligné que la diplomatie algérienne a toujours privilégié la recherche d’un règlement pacifique aux crises et conflits à travers le dialogue inclusif et la réconciliation entre les enfants du même pays.
Et de discuter enfin avec Mgr Ayuso Guixot de la pertinence de l’initiative de l’Union africaine «Faire taire les armes en Afrique», mettant en exergue la responsabilité de groupes divers qui nourrissent des conflits, avec l’objectif de maintenir ces pays sous tension afin de préserver leur mainmise sur leurs ressources naturelles. Une posture au cœur du récent discours du pape François Ier à Bagdad.
Enfin, au terme de cette entrevue, les deux hommes ont souligné l’intérêt et l’importance de préserver cet élan d’entente et de dialogue entre notre pays et le Saint-Siège et en raccompagnant l’ambassadeur d’Algérie, en bon sévillan et en arabophone parfait, Mgr Ayuso Guixot a eu ces quelques mots à l’endroit des Algériens : «Ba’ligh salâmi li’chaâb al-djazaïri al-karîm !»
M. R.
Commentaires