Quand l’historien Belkadi répondait aux déclarations «oiseuses» de Driencourt

Driencourt anthropologue
Xavier Driencourt. D. R.

L’historien et anthropologue Farid Belkadi nous a fait parvenir une lettre qu’il a adressée à l’ancien ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt et que nous publions dans son intégralité. La lettre a été rédigée en février 2012, «suite à ses déclarations oiseuses concernant les têtes de résistants algériens qui sont conservées au Muséum de Paris, dont il ne fait pas cas dans son livre L’Enigme algérienne, paru le 16 mars dernier», explique son auteur qui veut, ainsi, «lui rafraîchir la mémoire».

A propos de têtes de gueux célèbres,

Lettre à l’ambassadeur de France à Alger,

Monsieur l’Ambassadeur,

J’ai appris par voie de presse vos propos atterrants, le lundi 6 février [2012], devant une salle comble, décorée à la manière d’un conte des mille et une nuits, au forum des «Mille et une News», au siège du quotidien Algérie News.

Ces paroles concernent les restes mortuaires des résistants algériens à la colonisation qui sont conservés au MNHN de Paris depuis les années 1880. Ces âmes ardentes et nobles, d’une vaillance légendaire ont poursuivi la lutte de l’Emir Abdelkader contre la barbarie du corps expéditionnaire français et ses relais collaborationnistes (Ben Ali Cherif, Al-Mokrani) jusqu’à leur souffle ultime.

Je lis ceci dans le journal Algérie News : «Sans apporter plus d’explications sur le risque que ferait courir une telle restitution, M. Driencourt a estimé que si les crânes et autres restes mortuaires d’étrangers conservés dans des musées de France devaient être restitués, cela ouvrirait la voie à la réclamation de la Joconde ou l’obélisque de la Place de la Concorde (Paris), par exemple.»

Vous assimilez, Monsieur l’Ambassadeur, en filigrane, avec une légèreté insolite, les restes mortuaires de ces chevaliers de la résistance algérienne à la Joconde, cet objet d’art de Leonardo di Piero da Vinci, et l’obélisque de Louxor don du vice-roi d’Egypte à la France, Mehmet Ali, un non-Egyptien, né en Grèce, de parents albanais, désigné le 18 juin 1805 par le gouvernement ottoman comme pacha d’Egypte à tous les objets artistiques qui sont entreposés dans les musées de la France, parfois issus de rapines celées.

Vous assimilez, Monsieur l’Ambassadeur, les restes mortuaires de nobles résistants algériens à des œuvres d’art. A de simples choses qui n’ont pas été confiées à la France par les populations ou les pays intéressés.

J’ignore, pour ma part, quel est le nom de cette muse qui patronnerait cette forme de cruauté – des têtes algériennes décapitées conservées dans un musée que vous incorporez bien singulièrement au patrimoine artistique de la France. A ma connaissance, cette égérie n’est pas répertoriée parmi les neuf muses de la mythologie grecque.

L’art, qui nécessite habilité et talent, style, patte et entregent n’a rien à voir avec cette affaire affligeante, funeste et sinistre, lugubre même, des 37 têtes algériennes du MNHN de Paris. Tout cela n’est pas à l’honneur de la conception universelle de l’être humain, que l’on attribue charitablement à la France.

Monsieur l’Ambassadeur,

Les restes mortuaires de ces héros de l’Algérie sont, pour vous, un «butin de guerre», cela a été rapporté par le journaliste qui vous a interviewé. Pour moi, il s’agit de glanes coloniales inavouables.

Quelqu’un a écrit : «L’homme aime à se fabriquer des mythes et à se laisser mystifier par ses propres mythes et ceux des autres.» Voilà pour ces choses-là, artistiques.

Butin de guerre ou rapine ? Le cas Edouard Weisgerber

Monsieur l’Ambassadeur, Excellence,

Je vous livre un exemple de rapine, mû en prise de guerre, actuellement partie intégrante du patrimoine inaliénable de la France. Edouard Weisgerber, médecin de formation, fut chargé vers la fin du XIXe siècle, par le ministre des Travaux publics, d’accompagner la mission envoyée dans le sud de l’Algérie pour y étudier le tracé d’une ligne de chemin de fer entre Laghouat, El-Goléa, Ouargla, Touggourt et Biskra.

Les travaux ne furent jamais entrepris. Weisgerber se convertit instantanément en préhistorien, spécialisé dans le ramassage de silex taillés. «Nous en avons ramassé, dit-il un jour dans une de ses lettres, un grand nombre, dont j’ai eu l’honneur de présenter un certain nombre d’échantillons à la Société préhistorique, qui confirme ce que l’on avait déjà dit de l’existence dans le Sahara d’une population ancienne assez dense.»

Voyant que ses excursions préhistoriennes n’étaient pas suffisamment gratifiantes, Weisgerber se recycla dans le pillage de tombes. Parmi ses dons à la Société d’anthropologie de Paris figurent des crânes chapardés dans des tombes – un butin de guerre, selon vous Monsieur l’Ambassadeur – dont l’un d’entre eux est répertorié sous le numéro 33735 dans la base de données du MNHN de Paris. Ce crâne qui est «entré» au Musée NHN (Paris) en 2008, auquel manque le maxillaire inférieur, est attribué à un sujet «Chaâmba Mouadhis», du nom d’une tribu saharienne qui nomadisait dans ces temps-là entre El-Goléa et le M’zab.

Dans une de ses lettres concernant les restes mortuaires qu’il récupérait de manière peu chrétienne dans les tombes d’un simple cimetière tribal, E. Weisgerber, ce sinistre profanateur de tombes, écrit : «Cette tombe est située auprès d’un ancien cimetière dont j’ai rapporté deux squelettes complets, un vieillard et une jeune femme, et un crâne de femme avec ses cheveux, une clavicule et un humérus, et dont je fais hommage à la Société. Ces squelettes me paraissent appartenir aux Chambas.»

Le Dr Weisgerber contemporain de Robert Louis Stevenson auteur de la célèbre nouvelle Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde affable et délicat avec ses confrères savants et civilisés, affranchi de toute obligation déontologique, mû en anthropologiste expert en petites et grandes malices, faisait ses petites emplettes scientifiques dans les tombes des cimetières sahariens, avant de les envoyer au Muséum de Paris à titre honorifique.

Un mot sur ces tombes chaâmbas : elles ressemblent à de petits murs d’étai, du fait de l’amoncellement de leurs pierres qui sont élevées sur la roche, le défunt est simplement étendu sur quelques poignées de sable. L’austérité des rituels funéraires, la simplicité des tombes qui sont surmontées de deux épaisses pierres, l’une au niveau des pieds, l’autre à la tête une pierre supplémentaire étant placée au niveau du ventre pour signaler que la tombe est celle d’une femme ont permis au Dr Weisgerber d’avoir un accès facile à ces vestiges humains.

Parfois, pour ces mêmes raisons très peu scientifiques, le Dr Weisgerber vieillissait les ossements en les attribuant à l’antiquité lointaine. C’est comme si on déterrait un Auvergnat mort au début du XIXe siècle dans la région de Vichy pour attribuer délibérément sa dépouille à quelque lointain guerrier celtique du premier millénaire avant l’ère chrétienne.

Ces maraudages honteux, parés d’inventions scientifiques séduisantes, nourrissaient les conjectures savantes issues du siècle des Lumières. Ces mêmes lumières dont les ex-colonisés hommes et femmes, enfants et vieillards ont durant longtemps attendu, en vain, les efflorescences éblouissantes. Aux Algériens n’échurent que les obscurantismes opaques.

N’est-ce pas Jules Ferry qui disait des petits indigènes d’Algérie, et cela était également valable pour les pays d’outre-mer, les Asiatiques et les Noirs : «Gardons-les (à l’école) jusqu’à l’âge de 14 ans, c’est assez, bien assez puisque nous ne voulons pas leur rendre familiers nos beaux programmes d’enseignement primaire, que nous ne voulons leur apprendre ni beaucoup d’histoire, ni beaucoup de géographie, mais seulement le français, le français avant tout, le français et rien d’autre.» (Jules Ferry cité par M.-C. Duchet. Les Temps modernes, num. 123, mars-avril 1956.)

Qu’est-ce qu’un musée ?

Une ex-ministre de la Culture et de la Communication, dont les Français ont égaré le souvenir, dit ceci à propos des collections humaines détenues au Muséum de Paris : «Les collections publiques expriment notre histoire et les relations que nous avons entretenues depuis des siècles avec d’autres peuples (…) La force actuelle des mouvements de patrimonialisation identitaire ne saurait, pour compréhensible et légitime qu’elle soit, évidemment, mettre en péril la vocation universaliste de nos musées.»

Le terme Muséum, qui s’écrit sans accent en latin, est dérivé du grec Mouseîon. Le Conseil international des musées (ICOM) a élaboré une définition adoptée par la communauté internationale. «Un musée est une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l’homme et de son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d’études, d’éducation et de délectation.»

En vertu de quoi et de quelle manière des têtes de martyrs algériens peuvent-elles être au service de la société et de son développement ? Peut-on se délecter, de manière publique ou privée, de têtes décapitées exposées à des fins d’études ou d’éducation dans les travées des musées ?

Le peintre Horace Vernet

Un autre exemple, Monsieur l’Ambassadeur, est celui du peintre Horace Vernet. Des fresques taboues de ce célèbre peintre sont furtivement conservées dans les réserves du Musée de Versailles. Ces œuvres d’Horace Vernet n’ont jamais été exposées dans les salles publiques. Pour ne pas scandaliser la sensibilité raffinée des gens cultivés. En particulier une étonnante toile, gigantesque, toute en longueur, qui représente des tombes algériennes béantes, les marbres et l’albâtre fracassés, profanées par les soldats du corps expéditionnaire français, brandissant, excités, des restes de cadavres algériens au bout de leurs baïonnettes. Il m’a été permis d’avoir accès à cette fresque et de l’étudier dans le cadre de mes travaux, grâce à la sollicitude d’un responsable du musée de Versailles.

Depuis des décennies, aucun conservateur du musée de Versailles n’a eu la vaillance de montrer au public ces œuvres d’art du grand Horace Vernet. Ces fresques sont depuis toujours en (état permanent de) restauration… On ne montre pas au public cette représentation forcenée de monceaux de ruines et ces cadavres mutilés par des soldats français. La présence française civilisatrice en Algérie s’y oppose. C’est Attila dans les champs Catalauniques, version siècle des Lumières. Dans ces œuvres qui apportent leur écot à l’histoire, la barbarie coloniale notoire est vérifiable et palpable, elle brise le cœur.

Il faudrait organiser une exposition de ces œuvres d’Horace Vernet à Alger, à des fins d’études, d’éducation et de délectation publiques pour flatter la sensibilité artistique des Algériens ? «Si tu n’as pas honte, fais ce qui te plaît», dit un enseignement du Prophète de l’islam.

Revenons aux têtes décapitées, ce «problème sensible» (comme l’appellent les spécialistes) qui s’énonce de plus en plus comme une saillie fâcheuse dans les discours officiels à venir. Cette affaire côtoie le refoulement, tel qu’il est exposé par S. Freud dans ses leçons sur la psychanalyse.

«Je crois qu’il est utile que certaines choses soient dites, et qu’il est désormais de mon devoir de les raconter. Avant de tourner la page, il faut bien que la page soit lue et donc, écrite.» Ces propos sont ceux du général sanguinolent mais, néanmoins, surprenant de franchise, Aussaresses, qui n’est plus à présenter.

Monsieur l’Ambassadeur,

Ces restes mortuaires de résistants algériens décapités dans le cadre d’une guerre atroce que leur livraient les soldats français ne sont pas ceux d’un groupe d’hommes ayant vécu sur terre il y a plusieurs milliers d’années. Il n’y a pas de problème à exposer dans les musées ou ailleurs, même à de petits enfants dans les écoles maternelles, les sépultures de l’homme de florès, de l’homme de Neandertal ou de Mechta Al-Arbi. Les momies égyptiennes, beaucoup moins tolérées par le public du fait de la présence de chair dans les restes de corps entourés de bandelettes.

Une tête figure parmi ces restes mortuaires algériens détenus au MNHN de Paris, sur laquelle subsiste toujours de la peau, desséchée. Il s’agit du vrai visage momifié du résistant Al-Hamadi. Ce visage est bouleversant. Il ressemble à une tête maorie sans les tatouages.

La Déclaration des Nations unies

Une collection constituée d’éléments du corps humain n’a rien d’artistique ; elle ne saurait être assimilée à un quelconque patrimoine. Le droit pénal français réprime l’homicide, les coups et blessures, les tortures, les actes de barbarie, cela n’a pas empêché l’armée coloniale de sévir impunément à travers les époques contre des populations algériennes désarmées.

La France, à travers ses musées, a adhéré à la résolution qui a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 13 septembre 2007. Celle-ci enjoint aux Etats (européens), dans ses articles 11 et 12, à accorder réparation aux peuples autochtones. L’article 12 précise que «les Etats veillent à permettre l’accès aux objets de culte et aux restes humains en leur possession et/ou leur rapatriement, par le biais de mécanismes justes, transparents et efficaces, mis au point en concertation avec les peuples autochtones concernés». Des vœux pieux qui n’ont jamais été suivis d’effets.

Le code de déontologie de l’ICOM (Conseil international des musées), aboutissement de six années de révisions, a été formellement approuvé lors la 21e Assemblée générale à Séoul en octobre 2004. Il a largement abordé cette question de ce qui est encore pudiquement appelé «le matériel culturel et sensible». Un certain nombre de principes ont été fixés pour favoriser les retours des restes humains éparpillés dans les musées à travers le monde. De nombreux pays ont déjà répondu favorablement à ces demandes.

La France ne bouge pas. Sauf en ce qui concerne les restes maoris, depuis quelques semaines. Elle refuse de reconnaître le caractère colonial de ses collections.

Vous semblez dénier à la Déclaration des droits de l’Homme, dont s’enorgueillit la France depuis 1789, de parler au nom de l’être humain. Cette proclamation, qui s’adresse à l’homme dans sa souveraineté primitive, devrait concerner en filigrane les morts, au même titre que les tombes lorsqu’elles sont profanées en France par des groupuscules irresponsables.

Les Chouans

Ces chefs insurgés algériens dont les têtes gisent au MNHN de Paris ont lutté jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour que vive leur pays. Toutes proportions gardées, c’est comme si des dizaines de têtes tranchées de combattants chouans, qui se sont dressés contre l’oppression dans l’ouest de la France en 1793, parmi eux les officiers Boisguy, Bonteville, Pontbriand, Boishamon, Angenard, Rossignol gisaient dans des boîtes dans quelque musée en Algérie.

Vous dites : Les conservateurs de musées et de patrimoine (…) «régulièrement mettent en garde les pouvoirs publics sur le risque qu’il y a à restituer que ce soit des ossements à l’Algérie, des manuscrits coréens ou mexicains». Si les crânes et autres restes mortuaires d’étrangers conservés dans des musées de France devaient être restitués, cela ouvrirait la voie à la «réclamation de la Joconde ou l’obélisque de la Place de la Concorde (Paris)», par exemple.

Homère écrit dans L’Iliade que dans la maison de Zeus, il y avait deux jarres, l’une enfermant les biens, l’autre les maux. Le régime juridique français, concernant ce domaine, est embarrassé. Il s’appuie sur l’inaliénabilité des collections. Là où il faudrait parler de règles éthiques et morales, des principes impliquant la bonté et la charité chrétiennes. Cela, les pays anglo-saxons l’ont bien compris.

Vous mettez dans le même panier, en vrac, des manuscrits coréens ou mexicains, des têtes décapitées, l’Obélisque de Louxor et la Joconde. Le Chérif Boubaghla, le Cheikh Bouziane, Moussa Al-Darkaoui, Al-Hammadi ont été exécutés avant d’être décapités par les soldats français, aidés parfois de leurs alliés indigènes. Le nom de ces résistants algériens à la colonisation figure dans d’innombrables livres d’histoire. Ce sont les trophées indus d’une guerre injuste, honnie par les consciences équitables de notre époque. L’état de belligérance entre l’Algérie et la France est pourtant terminé, il a été déclaré officiellement clos lors de l’indépendance de ce pays, survenue le 5 juillet 1962. Pourtant, ces reliques de la colonisation française sont toujours là. Ces «pièces» que certains esprits retors continuent de travestir d’une terminologie scientifique, voire même culturelle approximative, proviennent d’actes de barbarie inavouables. Ces restes mortuaires accumulés subrepticement au cours du XIXe siècle par des musées français constituent désormais, selon certaines lois partisanes, des biens propres, patrimoniaux de l’Etat français.

Les crânes maoris ont été rendus aux autochtones de l’Australie. Les situations sont différentes, entre les Algériens qui ont subi des actes de barbarie et de cruauté durant la colonisation française de leur pays (1830-1962), et les upoko tuhi, têtes tatouées maoris, Saartjie Baartman la Vénus hottentote, les têtes réduites Jivaro, les crânes dits «surmodelés» d’Océanie, les restes qui agrémentent divers objets, tels que les flûtes en os de fémur ou les crânes tambours du Tibet.

Dans le cas présent, il s’agit de restes mortuaires, d’intrépides et vaillants guerriers algériens. Il faut que ces restes mortuaires humains soient restitués à l’Algérie et aux Algériens.

Têtes de choix et gueux célèbres

La tête de Bouziane (num. 5941 au MNHN de Paris) fut coupée et fixée au bout d’une baïonnette à la fin du siège de Zaâtcha. Elle a été conservée comme celles de Boubaghla (num. 5940 au MNHN de Paris) et du chérif Bou Kedida (num. 5943 au MNHN de Paris), qui fut tué dans un combat livré sous les murs de Tébessa par le lieutenant Japy. Ces restes mortuaires font partie depuis 1880 de la collection Vital du Muséum de Paris.

C’est V. Reboud qui les a envoyées à ce musée. Il le dit dans une lettre. Chacune des têtes était accompagnée d’une étiquette, longue bande de parchemin, portant le nom du chérif décapité, la date de sa mort, le cachet du bureau politique de Constantine. Reboud dit avoir réuni «une série de têtes de choix et d’une bonne conservation», provenant en grande partie du Coudiat-Aty, autrement dit le Musée de Constantine à ses débuts. En 1855, la municipalité de Constantine, qui venait d’acquérir la collection punique de Costa Lazare, porta son choix sur le plateau de Coudiat-Aty, pour la réalisation du musée, sur l’emplacement d’une nécropole punique.

Auparavant, ce musée avait l’air d’un cagibi. Les têtes réunies par Reboud, qui étaient mêlées aux bracelets, lampes lacrymatoires et à d’autres autres objets hétéroclites entreposés dans ce réduit, furent remises au naturaliste A. de Quatrefages. Reboud, avant de clouer la caisse pour l’envoi au Muséum de Paris, demanda à René Vital, le frère du collectionneur Dr Edmond Vital :

– Pourriez-vous enrichir mon envoi au Muséum de quelques crânes intéressants… ?

Le Dr Vital venait de décéder et sa famille ne savait plus quoi faire des restes mortuaires des résistants algériens qui étaient entreposés dans de la poudre de charbon, dans les combles du domicile de Vital.

Le frère du Dr Vital répondit :

– Prenez tout ce que mon frère a laissé, vous y trouverez des têtes de gueux célèbres (sic) et vous ferez le bonheur de mes servantes, qui n’osent monter au galetas parce que l’une de ces têtes a conservé ses chairs fraîches, et que malgré la poudre de charbon dans laquelle elle est depuis de nombreuses années, elle répand une odeur sui generis.

Grâce à René Vital, le Muséum de Paris s’enrichit ce jour-là d’une vingtaine de nouvelles têtes d’Algériens célèbres.

Les revendications de rapatriement des ossements de ces résistants algériens sont tout à fait légitimes.

Il ne s’agit pas d’une question d’art, de patrimoine ou de lois. Il s’agit de la conscience de la France. De nœuds à défaire avec lucidité, cœur et probité par les responsables français, dans les contreforts de leur conscience.

Faut-il vous rappeler que le long voyage des Algériens dans la nuit coloniale a pris fin depuis bientôt cinquante ans, Monsieur l’Ambassadeur.

Je vous prie de croire, Monsieur, en l’expression de ma considération parfaite.

Ali Farid Belkadi

Histoire, anthropologie

Comment (31)

    Anonyme
    29 mars 2022 - 20 h 40 min

    Les Francais musulmans ont jures de deboulonner Macron et ses lobbies le 10 Avril prochain..
    D’après plusieurs études menées sur le sujet, la France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants. Cette estimation fait de l’Islam la deuxième religion du pays,et compte plus de 3 millions de francais musulmans..une force et une puissance electorale qui peut certainement etre decisive dans les resultats finaux et l election du prochain locataire du palais de l Elysee..Les elections de cette annee sont d une importance capitale,pour le maintien ou la fin du systeme politique actuel c est a dire la fin de la monarchie republicaine si Jean Luc Melenchon serait elu…tout dependra des Francais musulmans et du vote utile..Madame Anne Hidalgo maire de Paris et sioniste jusqu a la moelle,est mandatee par le CRIF,de tout faire pour saboter la candidature de Jean Luc Melenchon…elle est tres proche d Emmanuel Valls son compatriote espagnol comme elle..Les deux sionistes jusqu a la moelle sont rejetes par les Francais…ils sont au service de l entite sioniste et anti-palestine….Jen Luc Melenchon a de fortes chances et attirera certainement une grande partie des socialistes des communistes et des verts pour un vote utile intelligent…

      BILAL
      30 mars 2022 - 7 h 21 min

      Vous y croyez au vote des français musulmans ? Moi pas
      Lors d’une sortie au marché, je scrute les opinions et comportements des musulmans qui sont abordés par des militants de tout bord. J’avais remarqué qu’ils étaient tous indifférents, ne sachant même pas de quoi on parle. Il y a même qui dit : « Macron, il est bien…. » pour vous dire que la culture politique chez les Français musulmans n’existait pas, à part, certains comme vous. A force d’être écarté de la vie politique en France et puis la plupart ont la tête et le regard dirigé ailleurs, vers leurs pays d’origine. Mais là aussi c’est voulu par les pouvoirs français qui se sont succédés, casser toute tentative d’unité des musulmans, seuls le CRIF et les associations Ukrainiennes, Arméniennes, marocaines, voire polonaises ont droit d’exister et de s’exprimer librement;

    Tin-Hinane
    28 mars 2022 - 22 h 45 min

    Ils ont coupé et emporté les têtes de valeureux guerriers, de grands combattants, par barbarie et par peur qu’ils vont devoir rendre, qu’ils vont rendre tôt ou tard, de gré ou de force, ils sont en pleine décadence, en pleine déliquescence, c’est la fin pour eux. Nous, nous leur avons fait manger leur virilité et il n’y a rien à leur rendre, c’est irréversible, nous en avons fait des eunuques. Allah irham chouhadas.

    Sprinkler
    28 mars 2022 - 20 h 20 min

    DRIENCOURT a dû en perdre le sommeil ! Puisque d’art et d’histoire il est question, comment exalter cette « œuvre de conservation de l’Histoire naturelle » qui commande à l’Etat français, impérieusement, de garder par-devers son Musée National d’Histoire Naturelle, panthéon de la barbarie coloniale, les reliques de nos glorieux résistants, sinon en élevant nous-mêmes un monument en chacun des bastions qu’ils ont défendus jusqu’à la mort, une œuvre en bronze incrustée d’un afficheur électronique comptant le nombre de jours que leurs restes mortuaires ont passé dans ce Musée de l’infâmie ! Afficheur qui ne s’arrêtera que le jour où les crânes et ossements de nos héros reviendront sur la terre de leurs aïeuls ! N’est-ce pas transcender le cynisme que d’associer l’acte de barbarie que cette séquestration posthume à des ouvrages plastiques inanimés ! Mais ce cynisme de façade est le « crépis » qui dissimule en réalité la peur d’ouvrir la voie à des réparations autrement plus douloureuses, financièrement et politiquement. Mais advienne que pourra, ce jour poindra !

      Elephant Man
      29 mars 2022 - 17 h 37 min

      @Sprinkler
      Excellent commentaire.

    Chaoui
    28 mars 2022 - 19 h 37 min

    Mais qui sont donc les…barbares !

    Bravo et merci Farid Belkadi pour votre action !

    Ne se limitant pas à nous occire par millions (en vue de nous exterminer jusqu’au dernier), la fumeuse « patrie des droits de l’homme » , la france génocidaire, poussait la cruauté jusqu’à nous couper la tête pour ne pas qu’un jour nous ressuscitions ou ne rêvions…

    Bien mal lui en prendra : notre résurrection est survenue malgré elle en se multipliant en millions. Oui ! Plus de 42 millions d’Algériens qui n’oublieront JAMAIS. Et qui à l’unisson ne rêvent que d’une chose : LA JUSTICE. Pas celle de l’au-delà mais celle terrestre. Elle nous sera rendue un jour. Forcément. Inéluctablement. Aussi sûr qu’à la nuit la plus longue succède toujours une aube lumineuse.

      Elephant Man
      29 mars 2022 - 17 h 39 min

      @Chaoui
      Exactement.

    Anonyme
    28 mars 2022 - 19 h 08 min

    Bravo milles fois à Ali Farid Belkadi pour cette lettre magistrale. Rien à rajouter, tout est là. L’ambassadeur veut s’attribué un beau rôle. C’est le voleur pris la main dans le sac. Il est temps, le temps est venu de faire une synthèse de nos rapport avec la France sous un angle purement historique, puisque Macron nous demande de reconsidéré le passé commun entre l’Algérie et la France. Qu’il nous rende d’abord notre patrimoine, qu’il nous renvoie les têtes de nos résistants. Ok après cela on formatera le passé. Bonne chance pour d’autres travaux à l’auteur qui n’a pas pris la grosse tête, pour le partage.

    BILAL
    28 mars 2022 - 19 h 04 min

    Merci mille fois, Monsieur Farid BELKADI. Chapeau bas. Qui a dit que l’Algérie est un pays sans hommes du savoir et de l’intelligence. Nous avons les meilleurs intellectuels du monde toute profession confondue. Parfois, je me demande comment ces français nous ont colonisés pendant 132 ans. c’est que vraiment on était en vacances.

    Galoufa-attrape-les-chiens
    28 mars 2022 - 18 h 46 min

    Bravo milles fois à Ali Farid Belkadi pour cette lettre magistrale. Rien à rajouter, tout est là. L’ambassadeur veut s’attribué un beau rôle. C’est le voleur pris la main dans le sac. Il est temps, le temps est venu de faire une synthèse de nos rapport avec la France sous un angle purement historique, puisque Macron nous demande de reconsidéré le passé commun entre l’Algérie et la France. Qu’il nous rende d’abord notre patrimoine, qu’il nous renvoie les têtes de nos résistants. Ok après cela on formatera le passé. Bonne chance pour d’autres travaux à l’auteur qui n’a pas pris la grosse tête, pour le partage.

      Anonyme
      28 mars 2022 - 20 h 22 min

      @Galoufa-Attrape-Les-Chiens
      28 mars 2022 – 18 h 46 min
      Ok après cela on formatera le passé

      Le passé ne se formate pas il est ancré dans nos mémoires et dans celles des generations futures

    Adel
    28 mars 2022 - 18 h 31 min

    Bonjour, 1000 Merci pour les détails historique. Nous ne connaissons pas ses fresques immondes. Nous avons besoins d’hommes et de femmes d’editer des livres sur notres histoires. Nous sommes souvent amenés à lire des livres du point de vue occidental et non d’un point de vue de nos patriotes en Algérie ou àl’étranger. AP doit faire le lien. Merci à tous

    Bella
    28 mars 2022 - 16 h 43 min

    Merci M.Belkadi, vous me rendez plus fier que je ne le suis de mon héritage algérien.
    Maintenant, de ma très modeste place, attentiste et désespérée, je me demande pourquoi es actions en justice ne sont jamais entreprises?….
    Y a-t-il des complicités d’hier et d’aujourd’hui?
    Encore merci à vous.
    Chapeau bas.

    cacahuete
    28 mars 2022 - 16 h 30 min

    driencourt et certains des siens ne meritent pas le titre d’etre humain. il est a l’image de l’invasion francaise. ils continuent sur la meme ligne de conduite. ils sont arrives, ont detruit des cimetieres, vole les ossements des personnages « importants » et les ont emmenes en france sans jamais les restituer. de vrais animaux sauvages, aucun respect, aucune morale, aucune remise en question. il est temps de constituer serieusement les dossiers pour leur genocide et le vol de notre pays. il est temps de rapatrier tous nos biens vers Alger. si l’etat ne le fait pas, il faut se constituer partie civile et le faire sans le gouvernement.

      Elephant Man
      28 mars 2022 - 18 h 06 min

      @Cacahuete
      Excellent commentaire et excellente conclusion.

    Chicago92
    28 mars 2022 - 16 h 29 min

    Hier lès crânes dès résistants et aujourd’hui lès cerveaux que l’Algérie a formé et dépensé une fortune pour leurs éducation.merci Mr Farid Belkadi pour votre travail et patriotisme .

    Lyes2993
    28 mars 2022 - 15 h 37 min

    Que Dieu te récompense et te préserve frère Ali Farid Belkadi !
    Gloire à nos valeureux martyrs qui ont abreuvés nos terres de leur sang et dont la bravoure et le sacrifice resteront à jamais graver dans nos gènes !

    M & Ms
    28 mars 2022 - 15 h 16 min

    Bonjour,
    Ne surtout pas négliger le côté sorcellerie de la France qui est contrairement à ce que l’on pourrait nous faire croire une croyance ancienne ancrée et bien répandue
    dans leurs cultures la ou nous savons dire stop dans la nôtre (enterrer son adversaire avec respect de son culte ) mais au dela de ça ; Cela révèle de la recherche pour une civilisation beaucoup plus avancée que la leur au niveau anatomie parce qu’il faut vraiment faire partie des faiblards et stupides sur terre pour osé croire une seule seconde d’y trouver quoi que ce soit dans un crâne vidé de sa substance élémentaire de vie mais bien évidemment pour masquer ces choses la, narguer narguer et encore narguer telle des peripateticienne de service afin de jouer la provocation.
    Pfff Quelle honte et médiocrité !
    À bon entendeur…

    Sam
    28 mars 2022 - 13 h 43 min

    Ces français se croient supérieur, ils croient tout savoir, alors qu’il n y a pas plus criminel et cruel que ces gens, eux et les américains criminels de guerre.

    Anonyme
    28 mars 2022 - 13 h 12 min

    Allah yarham fi eddounia wa el akhira el Oum wa el Abb elli waldouk wa kabrouk . Voilà ce qu est un Algérien Libre . Un digne représentant d une Élite , pas d une Zelite , enracinée dans son Histoire millénaire et , Découvreur d un Monde qui ne fera pas de cadeaux aux faussaires oublieux de leurs origines et aux SDF du SAVOIR . Un INTELLECTUEL , digne de ce nom qui n attend pas l onction du Sultan du moment pour mettre ses Compétences et son Art au seul Service de sa NATION .

    Anonyme 3
    28 mars 2022 - 12 h 53 min

    Merci Mr Belkadi d’avoir donné une leçon d’histoire et de moral a ce haineux frenchi qui a voulu nous divisé et créé une fitna entre nous.nous avons besoin de tout nos journalistes, écrivains, cinéastes, historiens , intellectuelles etc qui aiment le pays de rendre a leurs place ces haineux qui n’ont pas d’amis sauf dès alliés pour détruire lès peuples et piller leurs richesses naturelles.

    Ali Farid BELKADI
    28 mars 2022 - 12 h 21 min

    A la date de février 2012, lorsque j’ai répondu aux propos de Mr Driencourt qui était alors ambassadeur de France à Alger, seulement 37 têtes avaient été répertoriées et la plupart identifiés par moi.
    Ce chiffre au fur et à mesure de mes recherches est monté crescendo jusqu’à atteindre 426 crânes, parmi lesquels un certain nombre d’entre eux concernent la préhistoire et l’antiquité. Sur ces 426 crânes seulement 24 ont été rapatriés à Alger au début du mois de juillet 2020.
    Parmi les crânes non rapatriés à ce jour à Alger, figurent ceux de résistants décapités lors de la destruction de Zaâtcha par l’armée française, ils s’élèvent à 79. Il y a ceux des résistants décapités lors du siège de Laghouat…ceux de Touggourt…ceux du siège de Constantine, d’autres crânes sahariens appartiennent à la résistance des Touaregs.
    P.S :
    Ces 24 crânes rapatriés à Alger et identifiés par moi au prix d’un grand travail font partie de la liste de 68 crânes adressée par moi au Ministre des Moudjahidines à sa demande peu avant la désignation de la délégation algérienne envoyée au MNHN en 2018 par les autorités du moment.
    C’est cette liste de 68 crânes établie par moi qui a servi de plateforme de travail à la Commission scientifique mixte Algéro-française dont j’ai fait partie avant de me retirer. Cette Commission à laquelle j’ai remis tous les documents en ma possession ainsi que ceux de mes travaux, afin de faciliter le rapatriement des restes mortuaires de nos résistants, a mis deux ans ! frais et voyage payés par le contribuable algérien, pour identifier 24 crânes déjà identifiés par moi auparavant.

      Elephant Man
      28 mars 2022 - 18 h 02 min

      Encore une fois nous ne pouvons que vous féliciter Mr Ali Farid Belkadi.
      Bravo et merci pour votre travail acharné.
      GLOIRE ÉTERNELLE A TOUS NOS VALEUREUX CHOUHADAS AL ABRAR ALLAH YERHAM CHOUHADAS AL ABRAR
      Tahia El-Djazaïr

      BILAL
      30 mars 2022 - 7 h 28 min

      Excellent travail. merci. Si tous les historiens, anthropologues, et autres intellectuels contribuent à éclairer l’opinion nationale et internationale, votre engagement ne tombera pas dans l’oubli et ne sera pas vain

    Tin-Hinane
    28 mars 2022 - 10 h 47 min

    Une telle lecture brise le cœur mais en même temps il nous faut plus d’interventions comme celle de Monsieur Ali Fatidique Belkadi, il faut les harceler, ne pas leur laisser de répit pour « faire plier » et le faire réellement (pas comme l’a prétendu cet ambassadeur justement ). Ces gens là sont des barbares, ils parlent beaucoup des droits de l’homme mais ce ne sont que des paroles en l’air, en réalité ils ne reconnaissent qu’une chose le rapport de force.

    Anonyme
    28 mars 2022 - 10 h 42 min

    Le frère du Dr Vital répondit :
    – Prenez tout ce que mon frère a laissé, vous y trouverez des têtes de gueux célèbres (sic) et vous ferez le bonheur de mes servantes, qui n’osent monter au galetas parce que l’une de ces têtes a conservé ses chairs fraîches, et que malgré la poudre de charbon dans laquelle elle est depuis de nombreuses années, elle répand une odeur sui generis.

    TERRIBLE cette réponse ça vous glace l’échine
    Gloire à nos valeureux martyrs

    Anonyme
    28 mars 2022 - 10 h 24 min

    Ambassadeur de rien du tout.

      Elephant Man
      28 mars 2022 - 13 h 56 min

      @Anonyme
      Commentaire synthétique perspicace et percutant.

    Anonyme
    28 mars 2022 - 9 h 53 min

    Tabaraka Allah fik monsieur Ali Farid Belkadi.

      Elephant Man
      28 mars 2022 - 17 h 20 min

      @Anonyme
      Exactement, on ne peut que féliciter notre Historien Mr Belkadi Farid.
      Bravo et Merci pour votre travail acharné.
      Que le succès vous guide encore pour la suite de vos travaux de rapatriement des crânes de nos valeureux chouhadas, de mise à contribution de vos compétences et votre professionnalisme et de surcroît de votre patriotisme au service de la Nation Algérienne.
      Allah Yarhmoum à nos CHOUHADAS AL ABRAR. Tahia El-Djazaïr

    Anonyme
    28 mars 2022 - 9 h 49 min

    Qu’ils les conservent dans un « muséeé ou autres ces valeuureux guerriers sont au paradis
    Malheur à la France coloniale dans l’au dela

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