Les Bulgares manifestent contre l’introduction de l’euro et réclament un référendum

Bulgarie
Les Bulgares ne veulent pas de la monnaie européenne. D. R.

De Sofia, Isidoros Karderinis Des manifestants se sont rassemblés devant la Banque nationale bulgare, ce dimanche, encadrés par un important dispositif policier, pour protester contre l’introduction prévue de l’euro le 1er janvier 2026.

La manifestation était une fois de plus organisée par le parti politique Vazrazdane, tandis que d’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes bulgares. Le président de Vazrazdane, Konstantin Kostadinov, a adressé une lettre à tous les Premiers ministres de l’Union européenne appelant à l’exclusion de la Bulgarie de la zone euro.

Konstantin Kostadinov a souligné dans ses declarations : «Notre lutte se fait au nom de la démocratie, de nos droits et de notre droit le plus important, le droit de vote.»

Kostadinov a également rappelé qu’en Italie, il n’y a pas eu un mais cinq référendums sur l’euro, avec une demande signée par moins de 1% des citoyens, tandis qu’en Bulgarie, avec 10% des personnes disposées à le faire, un référendum n’est pas autorisé.

Les participants à la manifestation ont affirmé leur ferme volonté de conserver le lev bulgare comme monnaie nationale et ont réclamé haut et fort un référendum sur cette question cruciale et d’importance à long terme pour le pays.

«Nous voulons conserver le lev bulgare car c’est notre monnaie nationale. Sans lev, il n’y aura plus de Bulgarie», ont insisté les manifestants.

Les milliers de participants à ce mouvement de contestation ont exprimé en particulier leur inquiétude quant au risque que le passage à l’euro entraîne une hausse des prix, une dégradation du niveau de vie, une perte de souveraineté économique et financière du pays, et une dépendance vis-à-vis des puissances extérieures.

I. K.

Journaliste, correspondant de presse étrangère et écrivain grec

Commentaires

    Mohamed El Maadi
    10 juin 2025 - 20 h 53 min

    (…)

    Pendant des décennies, l’Union européenne a été perçue comme un rêve. Un rêve de liberté après la chape soviétique, un rêve de prospérité, d’intégration, d’harmonie continentale. Mais ce rêve s’estompe, et les peuples d’Europe de l’Est — loin d’en être les bénéficiaires — en deviennent aujourd’hui les contestataires les plus lucides.

    Des manifestations en Bulgarie contre l’euro, au rejet croissant de Bruxelles en Hongrie, Slovaquie, Roumanie ou Pologne, une même dynamique traverse les sociétés de l’Est : *la désillusion*, parfois même *le rejet de fond*, d’une Union européenne vécue non plus comme un espoir, mais comme un *carcan destructeur*.

    La contestation de la monnaie unique, comme en Bulgarie ces derniers jours, n’est que la partie visible de l’iceberg. Le passage à l’euro est perçu comme un *outil de domination*, un abandon de souveraineté monétaire au profit d’une technocratie lointaine. Mais surtout, l’euro incarne une Europe sans visage, sans âme, sans Dieu — une Europe des banques, des normes, des traités, loin des réalités humaines et spirituelles qui font la vie des nations de l’Est. Pour beaucoup, *l’euro est le cheval de Troie de la désintégration nationale*.

    Ce qui frappe dans les anciens pays du bloc de l’Est, c’est la force du lien au sol, à la foi, à l’histoire, à la langue. Ces peuples, qui ont résisté à l’athéisme communiste, à l’uniformisation soviétique, ont gardé une *âme*, une *verticalité*. Le patriotisme n’y est pas un slogan, c’est un instinct de survie.

    Mais que leur propose aujourd’hui l’Europe ? Un projet sans spiritualité, sans verticalité, sans transcendance. *Une Europe qui ne croit plus en rien, sauf aux flux économiques et aux “valeurs progressistes”*. Comment s’étonner que ces peuples, dont l’identité a coûté du sang, rejettent cette Europe liquide, où le passé est honteux, où la foi est ringarde, et où la nation devient un gros mot ?

    Bruxelles est aujourd’hui une oligarchie molle, où les élites nationales sont cooptées, formatées, puis recyclées dans les institutions européennes. Le souci du peuple ? Il est secondaire. Le patriotisme ? Une pathologie à corriger. Les racines chrétiennes de l’Europe ? Un souvenir embarrassant qu’on efface des traités.

    *L’Europe a été conçue pour rivaliser avec le dollar et la FED, pas pour honorer les peuples.* Elle s’est construite comme un projet économique, non comme une civilisation. Et dans cette architecture, les peuples de l’Est ne sont que des variables d’ajustement, que l’on moralise, que l’on culpabilise, que l’on “intègre” à coups de directives.

    Autre angle de rupture majeur : la question migratoire. Loin d’être un phénomène humanitaire, elle est perçue comme un outil d’ingénierie sociale, imposé d’en haut pour transformer les sociétés. En Europe centrale et orientale, l’immigration de masse est perçue comme une *arme d’acculturation*, un levier pour faire plier les résistances identitaires.

    Chaque fois que la Pologne, la Hongrie ou la Bulgarie refusent des quotas, Bruxelles dégaine les menaces, les amendes, les campagnes de diffamation. Mais ce que les élites occidentales n’osent dire, c’est que ces peuples ont *une mémoire longue* : ils savent ce qu’est l’effacement culturel, l’humiliation morale, l’occupation idéologique.

    Les peuples de l’Est ne veulent pas sortir de l’Europe, mais ils ne veulent plus de *cette Europe*. Une Europe qui détruit les familles, l’agriculture, les repères moraux et spirituels, tout en enrichissant les bureaucrates, les ONG mondialistes et les multinationales.

    Le rejet de l’euro n’est qu’un symptôme. Le vrai malaise, c’est *une rupture de civilisation*. C’est le cri d’un monde enraciné qui dit *non à l’effacement*.

    Bruxelles redoute les référendums parce qu’elle redoute les peuples. Elle sait que si l’on demandait aujourd’hui à la Bulgarie, à la Hongrie, à la Pologne ou même à l’Italie : *voulez-vous encore de cette Union européenne telle qu’elle est ?*, la réponse serait claire : *non*.

    Le rêve européen ne fait plus rêver. *L’euro ne fait pas des heureux.* Et l’Histoire — qui n’a pas dit son dernier mot — pourrait bien commencer à s’écrire de nouveau à l’Est.

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