Quand les médias du Makhzen roulent les Marocains dans le couscous algérien
Par Karim B. – Les relais médiatiques français et les cyber-agitateurs surexcités ont joint leur voix enrouée à celle des outils de propagande du Makhzen pour tirer une nouvelle salve sur le ministre de la Communication. Son tort, avoir dit une nouvelle vérité qui dérange. Oui, le couscous est bel et bien algérien et n’a été servi sur les tables marocaines que bien plus tard.
Parmi les médias français qui ont volé au secours du Makhzen comme témoin à charge contre Mohamed Meziane, Marie France qui reprend un passage de la réponse du ministre par-devers les membres du Conseil de la nation qui l’interrogeaient sur le pillage du patrimoine national par l’indélicat voisin de l’Ouest. «Tous les historiens disent que le couscous est apparu pour la première fois dans l’histoire en Algérie. Il appuie ses propos sur une étude d’un historien français réalisée au début du siècle dernier, sans toutefois en donner ni le nom ni les sources précises.» Le magazine français, qui tire cette conclusion feinte, met ainsi en doute la véracité des propos de Meziane et défend implicitement la thèse de la marocanité de ce mets maghrébin né chez nos ancêtres les Numides.
Le ministre étant tenu par le temps et ne dispensant pas un cours magistral devant un parterre d’étudiants à la faculté d’histoire, il n’était donc pas tenu de dérouler les sources biographiques et d’égrener le chapelet des historiens qui ont attesté les faits. Nous, du temps, nous avons à en revendre. Nous le faisons donc à sa place pour rafraîchir la mémoire à ceux qui ont trouvé matière à redire sur un problème qui commence sérieusement à agacer les Algériens, celui de l’accaparement systématique des richesses patrimoniales algériennes par les Marocains.
Le couscous, racines et couleurs d’Algérie est le titre d’un ouvrage de Yasmina Sellam, fruit d’une longue recherche documentaire. Il propose un voyage dans l’univers du couscous, un savoir-faire culinaire ancestral, richement décliné en recettes et jalousement préservé dans tous les foyers algériens à travers les temps éculés. Il expose, à ce titre, les écrits de l’auteur et voyageur andalou Léon l’Africain, de son vrai nom Hassan Al-Wazzan (1495-1555), de l’historien français Jean Bottéro (1914-2007) et de Denis Saillard, historien français spécialisé dans les cultures gastronomiques.
L’ouvrage s’appuie également sur des références historiques de chercheurs spécialisés dans la gastronomie méditerranéenne, en plus d’une chronologie des livres et récits de voyage, décrivant le couscous dans ses multiples façons de préparation.
Denis Saillard opte pour la forte probabilité de l’origine algérienne du couscous, atteste Yasmina Sellam, en s’appuyant sur des références archéologiques et historiques qui font mention de la Numidie, connue pour ses exportations de céréales – le blé dur et l’orge –, qui servent à la fabrication du couscous, vers Rome notamment.
Ceci, pour les références sollicitées par Marie France et les cacatoès du Net.
A ceux, maintenant, qui s’offusquent de ce que le ministre de la Communication traite de gastronomie pendant que les missiles pleuvent sur l’Iran, il y a lieu de préciser que cette réponse de Mohamed Meziane au sénateur, extraite, au demeurant, d’un long exposé qui a concerné l’ensemble du patrimoine algérien, a été lue jeudi et est donc antérieure à l’embrasement au Moyen-Orient.
Bref, ce rétablissement des faits n’a pas tant pour but de servir de plaidoyer en faveur du ministre, mais vise à mettre en lumière le niveau au ras des pâquerettes d’une certaine presse et d’une légion d’agitateurs enragés, qui cherchent coûte que coûte un os à mordre, s’arc-boutant sur des arguments stupides pour tenter de discréditer l’Algérie à travers un membre du gouvernement. Car, dans cette affaire, ce n’est pas Mohamed Meziane qui est dans le viseur des scribouillards et des moucherons du Makhzen ou à sa solde, mais tout le pays, dans ce contexte chaotique où la planète tout entière est sur une poudrière.
K. B.
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