Comment l’UE évitera la vassalisation américaine en se tournant vers l’Algérie

Tebboune Meloni
Abdelmadjid Tebboune et Giorgia Meloni à Rome. D. R.

Par Sid-Ali Mokhefi – Il n’y a pas de hasard dans le tumulte actuel entre Washington et Bruxelles. Ce qui se joue n’est pas une simple querelle tarifaire, mais un bras de fer orchestré depuis longtemps. L’Europe, affaiblie par la désindustrialisation, la dépendance énergétique et la lenteur de ses institutions, se retrouve face à un Trump qui n’a pas besoin de hausser le ton pour imposer ses conditions. Il lui suffit d’agiter la menace de tarifs douaniers massifs pour que l’UE se mette en ordre de marche, prête à accepter des concessions.

L’Europe paie le prix de son incapacité à anticiper. L’ère du gaz russe bon marché est révolue, et le continent se tourne désormais vers un GNL américain coûteux, acheté à la condition implicite de suivre la ligne stratégique de Washington. Les Etats-Unis ont méthodiquement construit ce rapport de force : subventions massives à leurs industries, relocalisations protégées par des barrières tarifaires et pressions diplomatiques sur l’UE pour qu’elle se cantonne à un rôle de marché captif.

Face à la Chine, Trump veut une Europe docile, incapable de négocier en indépendante. Et, face à la Russie, l’Union européenne n’a plus les moyens d’assumer seule le coût du conflit ukrainien. La dépendance militaire et énergétique à l’égard des Etats-Unis est désormais une réalité structurelle. Ce n’est pas une alliance équilibrée, c’est une relation de vassalisation douce.

Pourtant, une brèche existe. L’Italie, l’Espagne et le Portugal se tournent vers l’Algérie, consolidant un axe énergétique méditerranéen capable de réduire la pression américaine. Alger, par ses ressources gazières et son ambition de devenir un hub énergétique, dispose de cartes qu’aucun autre pays du Sud ne possède. Si cette coopération se renforce, elle pourrait dessiner un nouveau corridor stratégique – une Méditerranée qui s’organise sans attendre les injonctions de Washington ou de Bruxelles.

Les prix du pétrole et du gaz illustrent cette recomposition. Le Brent oscille entre 70 et 85 dollars, mais la moindre tension géopolitique peut le propulser au-delà de 95 dollars. Le gaz, lui, reste volatile : l’Europe, privée de leviers, est condamnée à subir la fluctuation des marchés internationaux jusqu’à l’arrivée du tsunami de GNL prévu en 2026. Les prochains mois seront donc déterminants : soit l’Union européenne choisit de s’émanciper en diversifiant ses alliances, soit elle accepte de rester un simple pion dans la confrontation entre Washington et Pékin.

Ce qui se dessine est clair : le monde bascule vers une ère de blocs fermés, où l’énergie et le commerce sont des armes. Trump le sait. La Chine avance en silence, la Russie affaiblit l’Europe par la périphérie, et les pays du Sud, dont l’Algérie, peuvent tirer profit de cette recomposition en se plaçant comme fournisseurs incontournables et partenaires équilibrés. A l’Europe de savoir si elle veut rester spectatrice de sa propre marginalisation.

S.-A. M.

Comment (4)

    Sprinkler
    3 août 2025 - 10 h 29 min

    Je serais infiniment plus économe de mon…empathie à l’égard de cette Europe ingrate qui a engagé le mois dernier une procédure d’arbitrage contre l’Algérie en vertu de l’Accord d’association qui les lie…Des « manières » peu amicales au vu des centaines de milliards d’euros que les entreprises de ce vieux continent incontinent ont engrangé depuis 2005, date de naissance de ce marché de dupe dont l’Algérie n’a eu de cesse de dénoncer le déséquilibre abyssal ! Je trouve même que TRUMP qui a pris cette Europe arrogante à la gorge, a rendu justice à notre pays…Une Algérie dont les « référentiels normatifs » du marché intérieur européen ne lui permettent que d’y écouler ses hydrocarbures et quelques quintaux de dattes quand elle absorbe chaque année des dizaines de milliards d’euros d’importation (services, machines, produits agricoles, industriels, pharmaceutiques, etc…) ! Et quand on connaît cette « main » haineuse qui est derrière cette procédure d’arbitrage, on ne peut qu’acclamer…TRUMP !

    Anonyme
    3 août 2025 - 9 h 57 min

    L’Algérie doit se remettre au travail de reconquête! Certains pays plus sûrs que la france sont disponibles, ils ne demandent qu’à être conquis par des moyens et des des procédures intelligents basés sur les intérêts mutuels et sur la franchise et la sincérité. La France est devenue infréquentables et merci à ses élites politiques novelles qui n’ont ni vision ni subtilité ou intelligence, que de la haine et du mépris.

    🇩🇿 Fodil Dz
    3 août 2025 - 9 h 51 min

    L’Algérie a tout intérêt de privilégier les relations bilatérales d’état à état. On a de cesse de le répéter.
    L’union européenne n’est pas un bloc homogène. L’accord sur les droits de douane qui vient d’être signé avec les états-unis de trump comme celui conclu avec les pays du mercosur en décembre 2024 par ursula von der leyen nous montrent que cette union politico-européenne n’est pas un partenaire crédible et cohérent. Cette institution ne cesse de montrer des signes de faiblesse et le dernier face à face entre le président des états-unis et la présidente de la commission européenne a été pour elle une humiliante capitulation.

    Patria
    3 août 2025 - 9 h 39 min

    L’algérie est un havre de paix pour ceux qui ne veulent pas du désormais « Ni, Ni », la politique des blocs et un obstacle majeur à l’évolution de l’humanité. Les Européens ont déjà payés un lourd tribut par le passé à cause de leur soumission aux uns et aux autres. Il n’es pas nécessaire de se retrouver en grande détresse pour comprendre que la paix et la concorde et le seul chemin pour atteindre l’objectif.

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