La famille de Chokri Belaïd porte plainte contre Al-Jazeera accusée de soutenir le terrorisme

La Fondation Chokri Belaïd contre la violence, du nom du militant tunisien assassiné par un groupe islamiste armé, a décidé de porter plainte contre la chaîne qatarie Al-Jazeera, suite à la diffusion d’un documentaire dans lequel elle a tenté de disculper les islamistes tunisiens, à leur tête le mouvement Ennahda, de ce meurtre. Stupéfaits par la version livrée par la chaîne qatarie, la Fondation et la famille de Chokri Belaïd se sont dit révoltées par ce qu’elles considèrent comme un «pseudo-documentaire», qui, selon elles, «cherche à disculper Ennahda, principal responsable du meurtre de Chokri Belaïd». Présente à la conférence, la veuve du militant, Basma Khalfaoui, a lancé des accusations très graves contre Al-Jazeera qui, affirme-t-elle, soutient les mouvements terroristes et leur offre une tribune d’expression. Le groupe de défense qui s’est constitué autour de la Fondation a donc décidé de porter plainte contre l’équipe du film et la chaîne qui l’a produite, ainsi que contre Maher Zid, le pseudo-journaliste qui a sous-traité l’enquête pour Al-Jazeera. «Le terrorisme a, aujourd’hui, des armes, des complices et des médias qui l’appuient et le justifient», assure Mme Khalfaoui qui ne cache pas son indignation quant aux artifices utilisés par la chaîne pour tenter de diluer la responsabilité du mouvement islamiste tunisien Ennahda dans cet assassinat. De son côté, Ali Kalthoum, membre du comité de défense, présente sa propre analyse du documentaire en pointant du doigt la méthode trompeuse utilisée par le film pour disculper l’islam politique de l’affaire. «On fait appel aux services de Maher Zid, qui prétend être un journaliste d’investigation, pour essayer, d’une part, de faire comprendre que c’est l’ancien régime qui avait été l’auteur de cet assassinat, et tenter, d’autre part, de banaliser l’affaire en l’assimilant à un simple meurtre, et ce, en faisant allusion à des problèmes de famille qui expliqueraient le meurtre», a-t-il expliqué. La Fondation Chokri Belaïd estime que le documentaire d’Al-Jazeera comporte des infractions à la loi en matière de respect du secret de l’enquête et de l’instruction. «Le tribunal a décidé d'adresser des accusations fermes contre tous ceux qui ont contribué au meurtre dans l'exécution, la planification ou entravé la justice entre-temps», a expliqué un de ses membres. Pour sa part, Imen Bejaoui, présidente de l’Association des jeunes avocats tunisiens et membre du comité de défense de Chokri Belaïd, a remis en question la crédibilité de la chaîne qatarie. «Ce travail n’a aucun rapport avec le journalisme», a-t-elle affirmé. «Cela ne nous étonne pas, venant d'une chaîne qui a, notamment, donné la parole à de soi-disant journalistes tunisiens, qui sont en fait des activistes islamistes ayant toujours servi Ennahda et ses supplétifs, les extrémistes religieux», a déclaré, pour sa part, Abdelmajid Belaïd, frère de l'opposant de gauche, assassiné le 6 février 2013. Abdelmajid Belaïd accuse l’équipe de tournage de ne pas avoir respecté la déontologie et les critères de neutralité en passant sous silence les procès-verbaux de l’affaire.
Amine Sadek
 

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