Le tout sécuritaire : le dernier cache-sexe des hommes politiques en France

Macron police
Les politiques français ont transformé la France en Etat policier. D. R.

Par A. Boumezrag – En France, l’incapacité de la classe politique à résoudre les vrais enjeux du pays a trouvé un bouclier tout trouvé : le tout sécuritaire. Bien loin des réformes profondes ou des solutions structurelles, c’est à la peur que le gouvernement s’accroche pour légitimer son pouvoir. A défaut d’un projet d’avenir, on brandit l’argument de la sécurité, comme on brandit un cache-sexe pour dissimuler la nudité d’un politique en panne d’idées.

La sécurité : le grand argument de diversion

Le tout sécuritaire est devenu un artifice à peine dissimulé. Au lieu de s’attaquer aux fractures sociales, à la montée des inégalités ou à une économie qui patine, la France, sous le prétexte de protéger ses citoyens, fait de la peur un instrument politique majeur. Chaque attentat, chaque crise sociale, chaque mouvement de contestation, et c’est la même réponse : plus de contrôles, plus de lois d’exception, plus de surveillance. Tout est bon pour installer un climat de peur et de méfiance.

Loin d’être un simple outil de politique publique, la sécurité est devenue la colonne vertébrale d’une gouvernance qui ne s’appuie plus sur l’adhésion ou la conviction, mais sur l’instinct primaire de la protection. La peur de l’autre, du terrorisme, de l’immigration ou même des jeunes de banlieue est devenue le carburant d’une machine politique qui se nourrit de l’anxiété collective. C’est le cache-sexe idéal : il camoufle le fait que, sous la surface, la France ne parvient plus à se réinventer.

La peur comme levier électoral

Le tout sécuritaire, c’est aussi un outil électoral efficace. Rien de tel qu’une bonne dose de peur pour rallier les foules et obtenir l’adhésion populaire. En période de crise, les dirigeants trouvent toujours une occasion de se poser en «protecteurs» du peuple. Si les jeunes des banlieues brûlent des voitures, la solution est évidente : une répression accrue. Si un attentat frappe le pays, la réponse est la même : durcir les lois antiterroristes, renforcer l’arsenal sécuritaire, enrober le tout d’un discours patriotique.

Car, en France, on a appris à gouverner par la peur. La peur du «désordre», de la «subversion», de l’ennemi intérieur. Mais ce discours sécuritaire, loin de stabiliser la société, finit par l’enfermer dans une spirale de méfiance et de répression. Les «bons citoyens» doivent être protégés contre les «mauvais», les «étrangers», les «radicalisés». Et ce clivage, pourtant artificiel, devient la ligne de conduite de la politique gouvernementale.

Une démocratie sous tension

Ce qui est particulièrement tragique dans cette politique de l’angoisse, c’est qu’elle gangrène l’essence même de la démocratie. Quand la peur devient la pierre angulaire du discours politique, on entre dans un cycle où la liberté devient un luxe, un droit qui se restreint progressivement au nom de la sécurité. Les contre-pouvoirs s’affaiblissent, la presse est souvent réduite au silence sous prétexte de «sécuriser l’espace public», et les débats sur l’avenir de la nation sont relégués au second plan.

Les lois d’exception deviennent la norme, l’état d’urgence la réponse systématique à toute forme de désordre. Pendant ce temps, les débats sur la pauvreté, la précarité ou les réformes nécessaires au pays sont mis de côté, comme des questions secondaires. Le cache-sexe sécuritaire sert de voile, mais il devient de plus en plus transparent. Il n’y a plus de place pour l’espérance, seulement pour la protection – ou, plutôt, la simulation de la protection.

Le piège du tout sécuritaire

L’ironie, c’est que, dans ce système, plus on parle de sécurité, plus on devient vulnérable. Le tout sécuritaire n’est pas seulement une stratégie pour contenir les menaces extérieures ou intérieures, mais aussi un moyen de contrôler la population. Il est devenu le dernier rempart de pouvoirs politiques usés, qui, au lieu de renouveler leur mandat par des politiques visionnaires, préfèrent nourrir le fantasme de l’insécurité pour masquer leur propre impuissance.

Dans cette logique, la France semble enfermée dans une double contrainte : celle de devoir protéger la nation tout en l’étranglant sous le poids de lois toujours plus strictes. Ce paradoxe est saisissant : plus de sécurité, moins de libertés. Plus de contrôle, moins de confiance. Au final, à force de vouloir «protéger» à tout prix, la France pourrait bien finir par perdre sa propre essence.

La sécurité comme substitut du politique

La question qui se pose est simple : la France a-t-elle encore un projet pour ses citoyens, ou le tout sécuritaire est-il devenu la dernière cachette derrière laquelle se dissimule un politique désabusé, incapable de penser autrement qu’à travers des frontières, des murs et des caméras de surveillance ?

Le tout sécuritaire est une stratégie facile, un faux remède à des problèmes complexes. Mais à trop compter sur la peur pour asseoir son pouvoir, un gouvernement risque de perdre le lien avec les citoyens, de transformer la société en une masse passive et de renoncer à réinventer une République qui ne se cache pas derrière la menace, mais qui crée de l’espoir et de la participation.

La peur, dernier rempart contre la démocratie

Le tout sécuritaire est le dernier cache-sexe de la politique française, celui qui masque l’incapacité à réformer, à gouverner autrement, à répondre aux aspirations profondes des citoyens. Mais ce cache-sexe, à force d’être trop porté, devient une évidence qu’il est difficile de dissimuler. La France a-t-elle encore les moyens d’une véritable démocratie ? Ou s’est-elle laissé engloutir par sa propre peur, un piège dont il devient de plus en plus difficile de sortir ?

Le mot de la fin, inspiré de Voltaire : «La peur est le dernier refuge des gouvernements faibles.»

A. B.

Comment (7)

    Brahms
    8 mai 2025 - 0 h 47 min

    L’immigration, la sécurité c’est leur credo.

    La marionnette (LE PEN) joue bien son rôle en ciblant la vie de nombreux immigrés où elle fait croire aux français que se sont des dangers permettant ainsi à la France de faire pression sur leurs pays d’origine afin de capter leurs ressources naturelles via du chantage.

    En clair, l’immigré a été exploité en France, pressé comme un citron et son pays d’origine a payé et payé pendant plus de 60 ans.

    les extrémistes sèment la discorde
    7 mai 2025 - 5 h 06 min

    Les raisons de la détérioration de la situation politique dans chaque pays sont multiples. Mais ils ont une chose en commun: la relation avec l’argent. En france, le problème est à l’opposé. Une série de mesures ont été adoptées, qui, d’une part, ont dégradé le statut et le rang des parlementaires et les ont transformés en personnages corrompus et voleurs. D’autre part, les corrompus, craignant la dénonciation et la perte de profit, ont semé l’indiscipline, la peur, la suspicion et la zizanie parmi le peuple et entre les membres de tous les partis extrémistes, et ont creusé un abîme dont l’objectif allait au-delà de toute logique économique.
    Les mouvements populistes exploitent souvent un sentiment d’injustice, de peur, de méfiance et de déconnexion entre les citoyens et le gouvernement, en promettant des solutions rapides et faciles à des problèmes complexes face aux élites perçues comme corrompues ou inefficaces. Ils utilisent des récits nationalistes ou protectionnistes qui mettent l’accent sur l’identité nationale ou l’économie locale, souvent au détriment de la coopération internationale ou des migrations et des questions sociales et culturelles, en particulier celles liées à l’immigration ou aux valeurs traditionnelles.
    Nous connaissons ces râleurs français; personnellement, je ne pense pas un seul instant que quiconque en france veuille que le système Macron s’effondre. Bien sûr, il y a ceux qui aimeraient vraiment que cela se fasse dans le calme et la rationalité, et ceux qui en parlent plus qu’ils ne le veulent.
    Attendons de voir, mais il ne faut pas confondre vitesse et precipitation!

    Anatole France
    6 mai 2025 - 3 h 05 min

    Le tout sécuritaire avec de moins en moins de flics. Les flics tu les vois de moins en moins mis à part dans le 16 ième et à Biarritz ie là où il y a une forte concentration de riches et là oû se trouvent les lieux de pouvoir, et pas à Maubeuge, à Charleville, à Roanne, à Vezoul ou à Bergerac. En zone gendarmerie c’est pire, de temps en temps ils se montrent pour marquer le coup et la majeure partie du temps ils sont aux abonnés absents; fermetures des brigades à 19h00. Lafrance n’a plus les moyens; c’est comme pour les hôpitaux où de plus en plus de gens meurent abandonnés dans les couloirs. Il reste la com, des images et des discours, pour des politiques à poil qui s’entourent de la bleusaille devant les caméras.
    D’un autre côté les enseignes de pret-à-porter se cassent la gueule les unes après les autres. Michelin pas meilleure et très cher se fait tailler des croupières par les pneus chinois de meilleur rapport qualité prix. Et ce n’est que le début du déclin. Les graines du déclin ont été semées au moment des délocalisations et de la désindustrialisation. Lafrance pourrait un jour devenir la Thaïlande de l’Europe. On verra si le supremacisme remplira les réfrigérateurs et les ventres des racistes bas du plafond qui se prennent encore pour les champions du monde, les grands dominateurs du monde sauvage sur lequel la bible (sur laquelle ils chient aujourd’hui) leur disait qu’ils reigneraient en maître comme sur les poissons des océans.

    La boucle est bouclée
    5 mai 2025 - 20 h 50 min

    Dernièrement retailleau à durcit la loi pour l’obtention de la nationalité française ???.
    Il faut dorénavant payer très chère pour devenir une merde ?. Cette nationalité est un fardeau , une honte pour qui la porte.

      Anonyme
      6 mai 2025 - 16 h 04 min

      Les 7 millions d’Algériens en France sont quoi ?

    Luca
    5 mai 2025 - 20 h 14 min

    C’est plutôt le blocage, le tout interdit, la déportation du talent. Quant à la sécurité, la france est un des pays les plus violent et où l’insécurité dans tous ses compartiments est totale , relayé, et bienvenue pour le système fachiste de ce pays

      Anonyme
      7 mai 2025 - 9 h 25 min

      Il faut donc partir, car cela semble impossible d’y vivre selon vous !

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