RCD : «Les actions énumérées par Tebboune sont difficilement réalisables»

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Pour Mohcine Belabbas et le RCD, le gouvernement ne pourra pas tenir ses promesses. New Press

Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a vivement critiqué la démarche du nouveau gouvernement visant, dit-on, à faire sortir le pays de la crise dans laquelle il patauge depuis des années. Dans une intervention à l’ouverture aujourd’hui du Conseil national du parti, M. Belabbas a affirmé que le gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune n’a ni programme ni cap. Pour le chef du RCD, ce gouvernement cherche uniquement à mener une politique qui privilégie une stabilité de façade avec l’achat de la paix sociale et la répression des libertés, au détriment d’un projet de développement qui réhabilite la planification et la liberté d’entreprendre.

«Le plan d’action présenté par M. Tebboune à l’Assemblée nationale illustre l’incapacité du gouvernement à présenter un programme qui énonce au moins les sources de financement du patchwork des mesures listées», a souligné Mohcine Belabbas devant les membres du conseil national du parti, considérant dans ce sillage que les quelques actions énumérées par le Premier ministre devant les parlementaires sont difficilement réalisables sans l’épuisement total des réserves financières.

«En dehors d’une chimérique réforme fiscale, qui ne fixe ni l’assiette à atteindre ni les niches à investir, comme les grosses fortunes ou l’informel, aucune source précise n’est ciblée pour renflouer les caisses et faire face à un déficit de 16%, soit autour de 25 milliards de dollars, hérité de la loi de finances de 2017», a relevé le président du RCD, pour lequel «le choix d’alourdir l’ardoise des impôts des entreprises relève d’une vision de courte vue ; cette option de court terme est d’ailleurs confirmée par la recherche d’orienter les ressources disponibles dans des projets de rentabilité immédiate, en dehors de toute cohérence d’ensemble».

Mohcine Belabbas a ainsi alerté sur la surimposition qui va étouffer le très fragile tissu industriel. «La charge d’impôts supplémentaires sur des contribuables loyaux risque de précipiter nombre d’entre eux, au mieux dans la compression des effectifs, sinon dans l’informel. Cela est d’autant plus plausible au moment où la réduction continue du volume des importations, présentée comme la panacée pour juguler une partie du déficit public, a déjà paralysé une partie du squelettique appareil industriel par l’absence de pièces de rechange ou d’intrants», a affirmé le président du RCD, qui relève l’absence d’objectifs chiffrés dans le plan d’action du gouvernement, notamment en ce qui concerne la réduction des transferts sociaux.

Pour le RCD, «le dialogue avec les partenaires sociaux représentatifs doit être la règle. Cette démarche ne doit procéder ni d’un bricolage de circonstance ni d’une improvisation. Le cadre de la tripartite rénové, c’est-à-dire ouvert aux syndicats autonomes et à toutes les organisations professionnelles et patronales à égalité, est l’instrument idoine».

Le président du RCD a assuré que c’est le pouvoir qui refuse le dialogue pour sortir le pays de l’ornière. «Comme le pouvoir n’a pas de projet pour la société, ce gouvernement n’a pas de cap. Il n’a que des dogmes éculés à agiter devant les médias», a-t-il dénoncé. «Au lieu de présenter la privatisation d’entreprises publiques et le recours à l’endettement pour financer des projets de développement comme des outils économiques qu’il s’agira d’encadrer pour améliorer les performances et préserver l’emploi, le Premier ministre choisit de retourner au vocabulaire des années 1970 pour écarter du revers de la main toute notion de privatisation au motif que le maintien d’entreprises dans le secteur étatique est un gage de souveraineté», a-t-il relevé.

«En quoi, par exemple, a-t-il poursuivi, l’acharnement à injecter, sans retour sur investissement, chaque année, des millions de dollars ponctionnés dans la rente pétrolière, dans une entreprise de textile ou dans le complexe d’El-Hadjar, peut-il procéder de la notion de préservation du secteur public ?» Pour Mohcine Belabbas, «c’est ce populisme à deux sous, mais qui coûte tant au pays, qui présente l’impossibilité économique du pays de solliciter des prêts extérieurs comme une décision du chef de l’Etat».

Il a précisé que le RCD n’est pas un défenseur des privatisations à tout prix et dans tous les secteurs. Il n’est pas non plus un partisan du recours à l’endettement en soi. Il est le défenseur de la souveraineté du peuple sur les richesses du pays et de son droit inaliénable à décider de la forme de gouvernance, mais aussi de la liberté d’entreprendre pour le secteur privé. Pour le RCD, la sanction du marché doit s’appliquer pour tous dans tous les secteurs qui ne tiennent pas des services publics de base.

Hani Abdi

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