L’Algérie et les fondations d’un nouvel ordre africain : vers un panafricanisme stratégique

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Ce que l’Algérie cherche à impulser en Afrique dépasse la simple coordination entre Etats. D. R.

Par Mohamed El-Maadi – Par-delà les crises visibles, une vision politique de long terme émerge, discrète mais résolue, portée par l’Algérie : celle d’une Afrique souveraine, solidaire et stratégiquement unie. Ce que propose l’Algérie n’est pas une hégémonie régionale, ni une domination idéologique mais bien une architecture continentale où les Africains redeviendraient pleinement maîtres de leur destin collectif.

A Bruxelles, lors de la 3e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine et de l’Union européenne, le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a clairement exprimé ce cap. «Solutions africaines aux problèmes africains», a-t-il martelé. Mais derrière cette formule se dessine une véritable doctrine, à la fois lucide sur les défis et ambitieuse sur les leviers à activer.

Une infrastructure de politique africaine

Ce que l’Algérie cherche à impulser dépasse la simple coordination entre Etats. Il s’agit d’esquisser les fondations d’une infrastructure politique panafricaine. Une charte implicite de valeurs et de finalités partagées, qui transcende les régimes politiques et les conjonctures. Un cadre de convergence qui puisse unifier les élans souverainistes de l’Afrique autour de quelques principes clairs : autodétermination, sécurité collective, maîtrise des ressources et développement équitable.

Ce projet n’a rien d’un impérialisme soft. Il s’agit d’un «plan Marshall idéologique», porté par la mémoire historique des luttes anticoloniales et par une volonté contemporaine de transformer le continent de l’intérieur. L’Algérie, sans prétention à diriger, veut imprimer une méthode, un style, un langage stratégique commun.

Des locomotives africaines à faire émerger

Une telle ambition ne peut reposer sur un seul Etat. L’Algérie travaille à l’émergence d’un noyau stratégique composé de puissances africaines complémentaires : l’Afrique du Sud, bien sûr, mais aussi le Nigeria, l’Ethiopie, voire l’Angola ou la Tanzanie. Ces pays, de par leur démographie, leurs ressources, leur ancrage régional, peuvent devenir les piliers d’un ordre africain multipolaire, mais cohérent. L’objectif à terme pourrait être, pourquoi pas, une représentation continentale forte au Conseil de sécurité des Nations unies, dotée d’un droit de veto africain ou, au moins, d’une capacité collective de bloc d’influence. Cela suppose un alignement progressif des politiques étrangères africaines, un renforcement des institutions continentales et une solidarité diplomatique accrue face aux grandes puissances.

Les obstacles sont nombreux, mais identifiés

Ce chemin sera long. L’Algérie le sait. Il est déjà jalonné d’obstacles puissants : interventions étrangères, instrumentalisation des conflits, ingérences médiatiques, financiarisation de la société civile par des ONG aux intérêts ambigus. Tout cela concourt à maintenir l’Afrique dans un statu quo profitable aux puissances prédatrices. Mais ce qui rend ce projet crédible, c’est qu’il n’est pas animé par le ressentiment. Il ne s’agit pas de rejouer les clivages identitaires ou d’importer des débats raciaux dans le champ politique africain. L’Algérie refuse toute forme de revanchisme ou d’exclusivisme. Elle défend une vision panafricaine apaisée, tournée vers la réconciliation des mémoires et la convergence des volontés.

Une diplomatie enracinée dans l’histoire

Ce rôle de bâtisseur ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans l’histoire de la diplomatie algérienne, fidèle à son engagement pour la libération des peuples, depuis la guerre d’Algérie jusqu’aux grandes heures du Mouvement des Non-Alignés. Alger n’a jamais cessé de penser l’Afrique comme un acteur majeur de l’ordre international.

Aujourd’hui encore, la diplomatie algérienne agit sur plusieurs fronts : médiation dans les crises sahéliennes, coopération renforcée avec les voisins subsahariens, plaidoyer pour un modèle de développement fondé sur la souveraineté économique et la stabilité politique. C’est là une constance stratégique rare sur le continent.

Une opportunité historique

Dans un monde en recomposition, où les équilibres se déplacent, l’Afrique doit cesser de demander sa place : elle doit l’occuper, pleinement, stratégiquement. L’Algérie en a fait son cap. Elle ne se proclame pas leader, mais facilitatrice. Elle propose une vision, des outils, une mémoire collective.

Les jalons sont posés. Les partenaires existent. L’histoire reste à écrire, mais l’encre est prête.

M. E.-M.

Comment (8)

    Anonyme
    25 mai 2025 - 10 h 28 min

    Les soit disant experts qui recommandent l’afrique noire à l’Algérie pour des échanges entre états etc, ces conseillers ne veulent pas du bien à l’Algérie, vous n’avez qu’à voir les vidéos de ces pays du tiers monde et leur aes qui témoignent d’une haine incroyable envers l’Algérie. Il y a très peu de temps ces minables pays crachaient sur l’Algérie (à bon entendeur tanpis à l’ONU) et l’Algérie doit encore les servir, les nourrir et accueillir leurs miteuses et massacreuses populations. L’afrique noire ne concerne pas les algériens, l’Algérie que pour les algériens, on ne veut pas (…).

    lhadi
    25 mai 2025 - 7 h 47 min

    Panafricanisme ?

    Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant.

    Fraternellement lhadi
    [email protected]

    Anonyme
    24 mai 2025 - 19 h 49 min

    Terna l Afrique ! 🇩🇿❤️

    Algérie patriote
    24 mai 2025 - 17 h 48 min

    Bonjour. Kadhafi a t il gagner quelques choses ? Quel pays africain l’a t il aidé ? Je ne suis pas raciste mais chacun ses problèmes. Ces pays changent de veste a la moindre occasion. l’Algérie n’a besoin de personne. Panafricain, pas l’Algérie. Ce sont leurs mots. Alors chacun sa route.

    Dr Kelso
    24 mai 2025 - 12 h 16 min

    PS : @L’ALGÉRIE AVANT TOUT.
    N’est pas l’Afrique du Sud qui veut !

    Dr Kelso
    24 mai 2025 - 12 h 13 min

    PS : qu’attend l’État Algérien pour expulser manu militari en 17 secondes tous les makhnazis et déchéance de nationalité et tous les subsahariens sahéliens c’est un pré-requis !
    Immigration clandestine massive outre la clochardisation de l’Algérie et terrorisme trafic de drogue accrus procédé sioniste de déstabilisation du pays qui est en première ligne de l’assassinat barbare délibéré du Guide le colonel Gueddafi Allah yrahmou.

    Dr Kelso
    24 mai 2025 - 12 h 07 min

    Je rappelle à l’auteur ce que le panafricanisme a apporté à la Libye et le Guide le colonel Gueddafi Allah yrahmou….sans que ces pays africains ne daignent lever le moindre petit doigt au contraire même ils ont tous applaudi.
    N’est pas l’Afrique du Sud qui veut.
    Ces africains sont voués à l’insu de leur plein gré à l’esclavage et être colonisés ad vitam aeternam.

    Brahms
    24 mai 2025 - 9 h 06 min

    Courir plusieurs lièvres à la fois ne sert absolument à rien ?

    Le défaut de l’Algérie consiste à courir sur plusieurs lièvres à la fois en misant dans des stratégies qui ne sont pas bénéfiques (1 gain sur 10) en moyenne.

    Faîtes le bilan, on a jamais rien gagné.

    Le mieux serait de se concentrer sur les capacités du pays, son potentiel, sur les richesses de ses citoyens (hommes, femmes) pour mettre le pays sur le podium mondial, bien mieux que de perdre son temps dans des réunions, conférences, débats qui bouffent de l’énergie, de l’argent et du temps inutilement.

    Chacun chez soi et Dieu pour tous, en effet, il vaut mieux s’occuper de sa maison, de son intérieur, de son confort que d’aller faire les maisons ou les intérieurs des autres sachant que ces pays africains sont pour la plupart cornés avec la France, Maroc, Israël et nous vendent aussitôt l’information reçue.

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