Guerre nucléaire : il faut retenir la main du Docteur Folamour !

Une contribution d’Ali Akika – La tension internationale est à son paroxysme, elle fait craindre une guerre mondiale qui peut virer en apocalypse nucléaire. La dernière attaque ukrainienne du 1er juin 2025 contre une base de bombardiers russes à ogives nucléaires a fait monter le thermomètre subitement de plusieurs degrés. Ne doutons pas que la riposte des Russes va faire exploser ledit thermomètre. L’attaque ukrainienne, l’histoire la qualifiera d’acte stupide sur le plan politique et militaire, car sans effets tactiques sur le terrain. Outre qu’elle offre une justification à la réplique des Russes, tout en compliquant les négociations en cours et sans doute faire perdre de vastes territoires à l’Ukraine qui équivaudront à un effondrement de l’armée en attendant la capitulation dans les règles de la guerre.
Ce genre de conduite de la guerre par l’Ukraine témoigne à la fois d’une arrogance teintée d’ignorance de l’art de la guerre et d’une peur panique d’une défaite annoncée. L’ignorance réside dans le fait que des actes opérationnels, spectaculaires et médiatisés remplacent des gains réels et tactiques sur le terrain. En clair, cette communication-spectacle remplacerait l’intelligence stratégique de l’état-major d’une armée. Cette conduite rappelle étrangement celle du régime israélien qui engrange des «victoires» évaluées en termes de massacre en se noyant dans l’océan des protestations de l’opinion internationale et en goûtant pour la première fois à un isolement diplomatique.
En vérité, les amateurs sont friands d’un réel fantasmé et traduit par des mots ou des images qui s’évaporent rapidement comme les volutes de boules d’eau mélangée avec du liquide lessive émerveillant les enfants mais pas les observateurs des actualités de la guerre. Ainsi, dès que le président Poutine a déclaré que les Ukrainiens regretteront leur acte, généraux et «spécialistes» en Occident arrêtèrent de fanfaronner comme le jour du bombardement des bases militaires russes. L’un de ces «spécialistes», habité par la peur et l’impuissance, ne trouva comme solution à la défaite de leur icône et chef de guerre adoré que l’assassinat de Poutine. Son désarroi m’a fait penser au personnage de l’aviateur dans le film de Stanley Kubrick Docteur Folamour, qui sauta avec sa bombe nucléaire sur le territoire de l’ex-URSS. En entendant pareils suggestions et commentaires, je me suis demandé si dans les sphères de l’Etat profond de pays en déroute, s’il y a un militaire du genre du «Docteur Folamour» risquant par un geste suicidaire d’emporter avec lui le monde.
A côté des risques que font courir les «Docteurs Folamour» en Ukraine, il ne faut pas oublier celui qui sévit en Palestine. Depuis le 7 octobre 2023 et la guerre qui s’en est suivie, provoquant massacres et famine, les données politiques et géostratégiques ont dessiné un nouveau paysage dans la région. Les Américains tentent de remodeler la région en s’appuyant sur leurs alliés traditionnels, Arabie, la myriade des émirats féodaux et, bien sûr, Israël qu’ils surveillent pour l’empêcher de provoquer l’Iran. Car l’Iran est un acteur important ayant noué des relations avec la Russie et la Chine. Sous embargo américain, elle possède des capacités militaires qui ont refroidi les ardeurs d’Israël qui ne peut rien faire sans leur protecteur américain. A surveiller donc de près, le jeu des Américains en Syrie qui ont fait ami-ami avec des groupes terroristes qui étaient, il y a quelques mois, sur leur liste «Wanted», comme au temps du Far-West. Ils ont aussi signé un cessez-le-feu temporaire avec le Yémen de Sana qui continue son soutien à la Palestine, en bombardant des villes et aéroport. Les Etats-Unis tentent aussi de s’appuyer sur la bourgeoisie compradore libanaise pour neutraliser le Hezbollah.
Bref, dans ce Moyen-Orient en ébullition, il y a un Iran l’équivalent sur le plan politique de la Russie qu’il faut réduire pour laisser les Américains rejoindre l’Indopacifique, leur futur champ de bataille. Quant à la Palestine, elle est loin de se laisser effacer, comme le montrent deux ans de résistance contre l’armée la plus «morale» du monde. Un Iran qui ne veut pas courber l’échine et une résistance palestinienne irréductible, voilà deux raisons qui peuvent faire surgir un «Docteur Folamour» dans la région. Oui, décidément, le monde en Ukraine comme au Moyen-Orient, il faut retenir la main de ceux qui veulent effacer l’histoire comme d’autres l’ont écrite ailleurs, et à leur manière, pour apaiser leur âme.
En guise de rapide conclusion, il y a de quoi être inquiet pour notre monde car les enjeux en Ukraine, au Moyen-Orient et à Taïwan relèvent d’une équation complexe qui peut induire en erreur des protagonistes, et dont certains peuvent s’adonner au jeu de la provocation. La matrice de cette équation revient à trois puissances mondiales possédant l’arme nucléaire. Donc capable de se détruire mutuellement. Au regard de ce qui se passe aussi bien en Ukraine qu’en Palestine mais aussi peut-être à Taïwan, ce danger n’est pas à écarter. S’agissant de Taïwan, territoire chinois depuis que le Conseil de sécurité de l’ONU a admis en son sein la République populaire de Chine, représente dans le droit international tout le territoire chinois. En dépit de la reconnaissance de cette île par le monde entier, y compris par les Etats-Unis, ceux-ci prétendent avoir un droit de regard sur la Chine dans ses relations avec Taïwan. Ainsi, les dernières déclarations du ministre américain de la Défense laissent entendre que l’Oncle Sam trouve à redire des choses à propos des exercices militaires autour de Taïwan, sous-entendant des menaces. Voilà le monde où des pays et des gens disent des choses ou s’octroient des droits qu’ils refusent aux autres. Au nom de quoi ? De cette arrogance qui leur fait croire qu’ils sont le Bien incarné.
A. A.
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