Média espagnol : aucune analogie entre le géant algérien et le nain marocain
Par Mohamed K. – «Il y a peu de points communs [entre l’Algérie et le Maroc]. La longueur restante du projet Nigeria-Algérie est relativement faible comparée à celle du Maroc, et les investissements algériens représentent la moitié de ceux du Maroc», indique le média espagnol spécialisé Nuevatribuna, au sujet des deux gazoducs en cours de réalisation. Le site, qui fait parler un analyste énergétique, ajoute que «le projet algérien est plus compétitif et réaliste». «Seul le Niger sépare l’Algérie du Nigéria, tandis que celui qui mènerait au Maroc devrait traverser 13 pays côtiers africains», rappelle l’expert, qui souligne que le gazoduc fictif du Maroc «devrait traverser la côte du Sahara Occidental, un territoire occupé depuis 1975 et en attente de décolonisation par l’ONU».
«Le gazoduc Nigéria-Algérie, officiellement lancé en juillet 2022 suite à la signature d’un protocole d’accord entre l’Algérie, le Niger et le Nigéria, s’étendrait sur 4 000 kilomètres et coûterait environ 12,75 milliards d’euros», rappelle Nuevatribuna, qui note que «l’infrastructure, qui traverserait le désert du Sahara, s’étendrait du Nigéria vers le nord, en passant par le Niger, jusqu’en Algérie, avec une capacité de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an». «Ce projet concurrence celui que le Maroc promeut depuis des années et officiellement dévoilé en 2016. Ce projet, longeant 7 000 kilomètres de côte atlantique pour un coût de plus de 25 milliards de dollars, transporterait du gaz naturel du Nigéria vers le Maroc, 13 pays d’Afrique de l’Ouest et l’Europe», relève le média espagnol, qui sous-entend que le projet marocain est une chimère irréalisable.
«Depuis les années 1970, l’Algérie entretient des relations privilégiées avec l’Espagne, devenant un important fournisseur de gaz de l’Europe grâce à des projets tels que les gazoducs Maghreb-Europe et Medgaz», fait remarquer Nuevatribuna, qui met en exergue le fait que «l’Algérie dispose d’un réseau de gazoducs plus étendu et plus compétitif que le Maroc, qui ne compte actuellement qu’un seul tronçon en service, de Lagos au Ghana».
«Le groupe public algérien Sonatrach a annoncé, début 2024, son intention de reprendre ses activités d’exploration au Niger, qui possède des gisements en Libye, au Nigéria, en Tunisie et en Mauritanie», rappelle encore le média espagnol, en précisant que parallèlement au gazoduc Maghreb-Europe, qui relie le champ de Hassi R’Mel à l’Espagne, le gazoduc Medgaz, inauguré en 2011, relie l’Algérie à l’Espagne via un tronçon sous-marin, géré principalement par Sonatrach et Naturgy.
«Alger est également desservie par le gazoduc Transméditerranéen, un gazoduc qui relie l’Algérie à la Sicile et à l’Italie continentale, et qui s’étend jusqu’à la Slovénie. Par ailleurs, le gazoduc Greenstream, en Italie, relie la Libye, bien que la majeure partie du gaz libyen exploité par Eni soit destinée au marché local», énumère le site espagnol, expliquant qu’il n’y a aucune commune mesure entre le géant gazier qu’est l’Algérie et le nain marocain.
«L’Algérie a terminé l’année 2023 en tant que principal fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, avec 116 282 GWh, soit 29,2% du total reçu. Elle approvisionne également l’Italie à hauteur de 40% de sa consommation. Sur le marché espagnol, l’Algérie domine le gaz en provenance des Etats-Unis et de la Russie, qui représentent toujours 18,3%», développe Nuevatribuna, en ajoutant que Sonatrach «a récemment signé un accord de vente de gaz avec l’entreprise allemande VNG et cherche à promouvoir le gazoduc avec l’Italie, consolidant ainsi la position de ce pays comme pôle énergétique européen».
«L’Algérie s’est positionnée comme le deuxième fournisseur de gaz par gazoduc vers l’Europe, après la Norvège, et la demande de gaz naturel devrait continuer de croître à l’avenir», conclut le média espagnol spécialisé.
M. K.
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