Après les interventions armées et le financement du terrorisme : Washington invente l’ingérence sexuelle

Lors de la conférence internationale sur le viol dans les zones de conflit, abritée cette semaine par la capitale anglaise, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a révélé qu’il avait instruit les ambassades américaines de surveiller le comportement des hommes à l'égard des femmes dans tous les pays du monde, estimant que les représentations des Etats-Unis sont habilitées à intervenir s’il le faut ! Dans le discours qu’il a prononcé, Kerry a déclaré : «J’ai adressé personnellement un câble à chacune de nos ambassades et à chacun de nos bureaux au département d’Etat, visant chaque diplomate et chaque responsable à tous les niveaux, leur donnant pour instructions d’intégrer encore davantage l’égalité des sexes, et de faire progresser la condition des femmes et des filles dans tous les aspects de notre travail diplomatique.» Jusque-là, John Kerry semble rester dans les limites de «la mission humanitaire» que son pays fait mine d’endosser, mais le secrétaire d’Etat ne s’arrêtera pas là et affichera clairement ses intentions d’ingérence en soulignant que les ambassades de son pays peuvent agir «y compris en matière de prévention et d’intervention en cas de violences sexuelles, en temps de paix comme en période de conflit». Une précision étonnante et qui voudrait dire que les Etats-Unis entendent se substituer à la justice des pays concernés même en temps de paix, alors que la conférence est censée traiter le phénomène de violence faites aux femmes en temps de guerre ! La déclaration de Kerry est une véritable insulte aux magistrats, car s’il est clair que ce phénomène doit être combattu sans relâche pour protéger la société de ses conséquences et permettre une vie digne à toutes les femmes, il serait mal venu que les Américains s’arrogent le droit de le faire à la place des systèmes judiciaires des pays concernés. Une aberration que les Américains assument tout de même aux yeux du monde et comptent faire admettre au nom «des droits humains». Il est évident qu’ils cachent des desseins beaucoup moins humanitaires concoctés loin des conférences officielles pavées de bonnes intentions. Pour préparer la démarche visée par son pays, Kerry conseille aux Etats de commencer par considérer le viol en temps de guerre comme «un crime international majeur» et de mettre fin à l'impunité. Des arguments qui ouvrent la voie à la légitimité d’une intervention directe des Américains qui ne comptent plus laisser apparemment les Etats concernés par ce phénomène seuls maîtres à bord, en prenant appui sur un protocole signé par les participants à la conférence de Londres. Kerry ne dit pas, cependant, dans son intervention que les pays où le phénomène de violences faites aux femmes est répandu, et où les criminels agissent dans la plus grande impunité, ont dans leur majorité été disloqués par l’interventionnisme américain. L’Irak qui sombre chaque jour un peu plus dans l’horreur ou l’Afghanistan pris en otage par les islamistes armés et formés par les Etats-Unis connaissent des horreurs indescriptibles. Pourtant, les Américains y ont été pour faire œuvre de civilisation et de démocratie. Résultat : ces pays sont revenus des siècles en arrière et les femmes en sont les premières victimes. Face à ce constat, il est encore plus affligeant d’entendre Kerry dire que «le moment est venu de reléguer la violence sexuelle à l’âge des ténèbres et aux livres d’histoire».
Meriem Sassi

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