Exécution de Abane : Ould Kablia jette un pavé dans la mare

Avec beaucoup de sang-froid et de sérénité, l’ancien ministre de l’Intérieur et néanmoins président de l’Association des anciens du MALG, Dahou Ould Kablia, évoque, en ce 1er novembre, les conditions dans lesquelles a été exécuté Abane Ramdane par ses pairs. Sans le moindre regret, Ould Kablia parle, dans un entretien accordé au journal Echorouk d’une exécution dictée par le contexte révolutionnaire de l’époque. Pour cet ancien du MALG, il fallait pour le bien de la Révolution éliminer Abane Ramdane. C’est ce qui a été fait par le président du MALG, Abdelhafid Boussouf. Son exécution a été décidée, selon Ould Kablia, après de vives divergences politiques et idéologiques entre Abane, en sa qualité de membre du Comité de coordination et d’exécution, et le MALG qui auraient, selon lui, conduit à son exécution. «Abane Ramdane avait sa propre conception de la conduite de la Révolution. Sa conception s’opposait diamétralement à celle des chefs militaires de la Révolution», a affirmé Ould Kablia, assurant que Abane s’était retrouvé complètement isolé et n’avait aucun soutien au sein du CCE. « Il méprisait délibérément ses compagnons de combat. Cet homme avait un orgueil démesuré, cela au point que ses contacts avec eux avaient suscité l’intervention de Ferhat Abbas à plusieurs reprises», a poursuivi Ould Kablia, selon lequel Ferhat Abbas intervenait à chaque fois pour régler les différends entre Abane et ses compagnons en «insistant sur le fait que la Révolution avait besoin d’un consensus et d’union des forces». Mais Ould Kablia a assuré que Abane refusait de discuter avec ses compagnons et rejetait automatiquement leur point de vue, en les traitant de tous les noms d’oiseau. «D’ailleurs, Ferhat Abbas a écrit dans ses mémoires que Abane traitait ses compagnons de “bourricots”», a souligné Ould Kablia, qui estime qu’il n’y avait pas d’autre choix que de l’éliminer. Ould Kablia encense donc la décision du MALG qui n’a pas été totalement assumée par les membres du CCE puisqu’ils avaient maquillé cette exécution en mort au champ d’honneur. Ould Kablia franchit ainsi le pas dans ce dossier, en assumant clairement et publiquement le choix de l’exécution de Abane. Autrement dit, pour cet ancien du MALG, Abane posait problème à la Révolution. Les propos d’Ould Kablia ont vite enflammé la Toile. Il y a ceux qui dénoncent et ceux qui tentent de démentir cette version. En tout cas, des livres écrits sur Abane le présentaient sous un autre aspect. Sous celui d’un homme de grandes capacités intellectuelles et un grand stratège qui a su réorganiser les maquis et relancer la Révolution, qui commençait à s’essouffler une année après son déclenchement. Cet épisode de l’histoire de l’Algérie reste une tache noire qui continue à diviser les Algériens et à soulever de vives polémiques qui débordent parfois sur la réalité politique actuelle du pays.
Rafik Meddour

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