Législatives : le leadership divise la mouvance islamiste



A moins de trois mois des législatives, la mouvance islamiste part en lambeaux. Au fur et à mesure que ce rendez-vous approche, les divisions s’accentuent, les vieilles querelles remontent à la surface et les animosités sont encore vivaces. La tentative récente de regrouper les différents partis dans un front commun pour mieux peser lors du prochain scrutin s’est soldée par un échec cuisant. Les ténors de ce courant, qui a le vent en poupe en Tunisie, au Maroc et en Egypte, ne semblent pas trouver un minimum négociable qui peut les unir à la faveur de la prochaine compétition électorale. L’inflation de formations que connaît cette mouvance, avec l’agrément de nouveaux partis issus de la dissidence même de ceux déjà existants, exacerbe les tensions et rend impossible l’idée d’une «union générale ».
Les divisions sont telles que les principales figures de cette mouvance, à savoir Abdallah Djaballah du Front pour la justice et le développement (FJD), Bouguerra Soltani du MSP et Abdelmadjid Menasra du Front du changement, n’arrivent même pas à s’asseoir autour d’une table pour discuter. Les raisons de ces divisions sont multiples. Chacun de ces trois chefs de partis se voit leader légitime du courant islamiste. Aussi, Menasra ne peut pas s’allier avec le parti qu’il a quitté, à savoir le MSP. Comme, également, Abdallah Djaballah refuse tout rapprochement avec les deux anciens partis, en l’occurrence Ennahda et El-Islah, desquels il a été éjecté. La seule alliance que les circonstances ont rendu possible est celle regroupant le MSP avec Ennahda et El-Islah, les trois formations politiques se trouvant affaiblis par la dissidence.
Galvanisés par la vague verte en Tunisie et en Egypte, les islamistes algériens se voient déjà remporter le prochain scrutin. Mais, au grand bonheur des démocrates, ils s’enlisent dans leurs divisions qui ne peuvent que les desservir. Les nouveaux partis islamistes se démarquent d’ores et déjà des anciens en tentant un discours de renouveau. Ainsi, Abdelmadjid Menasra tente de capter tous les mécontents du MSP, comme aussi Djamel Benabdeslam, ancien secrétaire général du mouvement El-Islah, vise à ramener dans ce nouveau parti, le Front de l’Algérie nouvelle (FAN), le maximum de militants de son ancienne formation politique. Mais l’esprit revanchard très apparent et les règlements de compte semblent prendre le dessus et ouvrent la voix à tous les affrontements et attaques pendant la campagne électorale. Le rêve commun d’un Etat islamique est problématique, tant sur le plan programmatique de ces partis, pas plus les formations démocratiques, qui n’ont rien à offrir aux électeurs qu’un discours idéologique usé et non porteur pour une Algérie qui garde encore les séquelles et les stigmates de la décennie noire.
Sofiane Benslimane
 

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