Marseille : les combattants du FLN comparés aux nazis

Les nostalgiques de la colonisation s'inventent des occasions  pour se mettre au devant de la scène. Après le «coup» de Nice et d’Evian, ils tentent, aujourd’hui, de perturber la tenue d’un autre colloque international sur la Guerre d’Algérie, organisé par le magazine Marianne à Marseille. Avant l'ouverture de cette activité, une cinquantaine de rapatriés d'Algérie se sont regroupés à l’entrée du théâtre de la Criée pour empêcher les participants d’y accéder et gêner l’arrivée du public marseillais désireux de prendre part aux débats. «Après quelques tergiversations, un cordon de CRS a été disposé devant l'entrée de la Criée, protégeant l'arrivée des participants. Vers 11h30, les organisateurs ont autorisé une représentante des rapatriés à prendre la parole», souligne Marianne sur son site. Mais cette fois-ci, les manifestants se montrent plus qu’agressifs, osant même une infamante comparaison des combattants du FLN aux nazis. «Que dirait-on, dit-il en substance, si on organisait un colloque sur la Seconde Guerre mondiale en donnant la parole aux nazis et à eux seuls ?» a déclaré un représentant des associations de rapatriés qui a pris la parole, avec l'autorisation des organisateurs. Cependant, rien d’étonnant quand on sait que le représentant local du Front national, Laurent Comas, conseiller régional, était présent pour les besoins de la campagne présidentielle de la candidate Marine Le Pen. D’ailleurs, parmi les manifestants, il y a des adhérents du Front national, en plus de membres d’associations de rapatriés à l’instar de l'Amicale des rapatriés d'Oran, celle des enfants de l'Algérois et l’Association des anciens combattants. Drapeaux déployés, bérets rouges et verts vissés sur les têtes des anciens militaires, écharpes tricolores pour quelques médaillés hommes ou femmes, ces nostalgiques de l’Algérie française protestent contre «une mémoire de l'évènement qu'ils estiment trop univoque, faisant la part belle aux libérateurs du FLN, ceux qu'ils appellent toujours, cinquante ans après, les assassins». Certains des manifestants ont même scandé â tue-tête : «FLN terroristes !» ou encore «traîtres !». Leur cible privilégiée : la moudjahidda Zohra Drif, invitée comme d’autres Algériens à apporter sa contribution à ce colloque qui se veut un moment de vérité sur l’histoire de la Guerre d’Algérie, un demi-siècle après. Pour ces «ultras» de l’Algérie française, Zohra Drif, qui a ardemment lutté contre le colonialisme barbare et sauvage, est simplement une «assassine», parce qu’elle revendique toujours l'attentat du Milk-bar en 1956, opéré durant la Bataille d’Alger. Mais si Zohra Drif est une «assassine», que sont-ils eux ? Des «anges gardiens» de la France coloniale ? Des défenseurs zélés de génocides ? Des porte-voix de criminels de guerre comme Paul Aussaresses, Maurice Papon et autres que la justice française a fini par condamner pour crimes contre l’Humanité ? Avant de quitter les lieux, les manifestants ont promis de revenir plus nombreux demain samedi, dans l’après-midi, afin de poursuivre leur protestation devant le théâtre de la Criée.
Sofiane Benslimane

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