Trafic de faux médicaments, phénomène grandissant et difficile à combattre

Le trafic de médicaments qui a fait l'objet d’un colloque ce mercredi à Paris est devenu un véritable «fléau» dans les pays pauvres sans autorité sanitaire en l’absence d’instruments efficaces pour lutter contre ce phénomène devenu international. Produits en majorité en Asie et principalement écoulés en Afrique, les faux médicaments sont sans principes actifs ou bien sous-dosés et souvent des contrefaçons d’une grande marque avec un emballage imitant le vrai produit, ont révélé, les représentants de laboratoire de médicaments présents au colloque.
«C’est un fléau qui ne fait que s’aggraver, une nouvelle activité du crime organisé qui vient après le trafic de drogue mais qui pourrait dans quelque temps le dépasser», a expliqué le Pr Marc Gentilini, responsable du programme santé de la Fondation Chirac, initiatrice du colloque et qui milite sur ce sujet. Selon une ONG américaine, la vente de faux médicaments aurait dégagé 75 milliards de dollars en 2010, chiffre en hausse de 90% sur cinq ans. D’après une autre organisation américaine, plus de 10% des médicaments vendus dans le monde seraient contrefaits avec des pointes de 70% dans certains pays. Des malfaiteurs ont vu dans le développement des médicaments et des vaccins dans les pays en développement un moyen facile et jusqu’à présent sans grand risque, de gagner beaucoup d’argent, a souligné la fondation Chirac. Le trafic de médicaments contrefaits serait 25 fois plus lucratif que la vente de drogue et, est surtout bien moins combattue que les autres grandes acticités criminelles, ont déploré les intervenants. «Aujourd’hui, mis à part quelques rares pays du monde où la riposte commence à s’organiser, les autorités n’ont pas pris les mesures qui s’imposent pour prévenir et contrôler ce grave préjudice pour la santé publique», a souligné la fondation de l’ex-président français. «Contre les drogues, il y a toute une série de mesures répressives et d’organisations relativement efficaces, mais contre le trafic de faux médicaments il n’y a actuellement rien», a constaté le Pr Gentilini. Il a rappelé que «la seule démarche a été celle lancée par le Conseil de l’Europe avec la Convention internationale +médicrime+, mais celle-ci signée par seulement 15 pays, essentiellement européens, n’est pour l’heure pas ratifiée et donc reste non appliquée». «Il faudra arriver à une centaine de pays signataires pour voir les choses commencer à bouger», a-t-il dit. C’est pour relancer cet outil que la Fondation Chirac a organisé ce colloque intitulé «ce crime contre les plus pauvres». «Le drogué fait un choix plus ou moins libre, alors que celui qui achète un faux médicament croit qu’il achète le vrai», a rappelé le Pr Gentilini. Les pays asiatiques sont les principaux fabricants de médicaments contrefaits qui sont ensuite généralement écoulés en Afrique, à travers des circuits internationaux pouvant passer par la Colombie. «Ecouler de faux antipaludéens parmi les populations africaines est un véritable crime», a déploré le Pr Gentilini.

 

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