Les marins de la société algéro-saoudienne IBC à fond de cale

Le contrat de travail liant quelque 180 marins à la société mixte algéro-saoudienne, International Bulk Carries (IBC), arrive à expiration cette fin de mois de septembre. Il a été signé à la fin septembre 2007 pour une durée de cinq ans. Les marins ayant travaillé pour cette société n’ont toujours pas perçu leurs arriérés de salaire qu’ils réclament depuis le début de l’année en cours. Parmi eux, il y a les 17 otages des pirates somaliens libérés après 11 mois de captivité qui ouvrent droit à deux ans de salaires toujours impayés. Ces marins ne savent plus à quel saint se vouer. Les promesses du ministre des Transports faites en mai dernier, et selon lesquelles ces marins allaient être redéployés dans d’autres entreprises maritimes et portuaires, n’ont pas été tenues. «Aujourd’hui, nous n’avons plus de contrat de travail avec l’employeur, nous n’avons toujours pas perçu nos arriérés de salaire et aucune possibilité d’embauche ne se profile à l’horizon», déclare un marin syndicaliste désabusé à Algeriepatriotique. Le conflit persistant entre le Groupe Cnan qui détient 49 % d’IBC et ses partenaires, le groupe Pharaon Cement Trade Incorporated (CTI) et l'algérien Laradji qui détiennent ensemble 51 %, complique la situation des marins. D’après les clauses du contrat de partenariat, les salaires du personnel et l’entretien des navires sont à la charge du groupe jordano-saoudien Pharaon. Autrement dit, ni le groupe Cnan ni encore moins l’Etat algérien n’ont à payer quoi que ce soit. Mais que peuvent espérer les marins d’un Groupe étranger en justice avec la partie algérienne ? Peu de choses ou rien. Dans ce contentieux qui dure depuis trois ans, la Cnan avait gagné la première partie devant le tribunal spécial de Londres. Le dossier est actuellement devant le tribunal arbitral de Paris. Il est supervisé directement par une commission interministérielle siégeant au ministère des Transports. «Si le procès devant ce tribunal est gagné par la partie algérienne, le groupe Pharaon ne trouvera plus de raison pour fuir ses responsabilités devant ces marins qu’il a mis au chômage technique quand il a décidé, en janvier 2009, de désarmer 4 navires et rapatrier leurs équipages algériens. Dans le contrat de partenariat signé avec le Groupe Cnan, il est écrit noir sur blanc qu’il maintiendrait le personnel», relève le même marin qui espère une résolution rapide de ce conflit pour pouvoir «y voir plus clair». Selon lui, pour le moment, les marins «naviguent à vue». Ils ne savent plus à qui s’adresser. «Nous essayons de faire pression sur les responsables algériens à tous les niveaux afin qu’ils fassent le nécessaire pour que nous recouvrions nos droits», précise notre interlocuteur qui ne cache pas son désespoir. Les marins disent être ainsi «victimes» de ce contentieux qui n’a que trop duré. En attendant que ce dossier soit réglé, le ministère des Transports s’est engagé à verser les arriérés de salaire. «Une enveloppe de plus de 100 millions de dinars aurait été dégagée pour ce faire. Mais l’opération n’a toujours pas été effectuée et aucun responsable, à quelque niveau que ce soit, n’a pu donner des explications à ce retard», tonne notre interlocuteur. A la Cnan, leur société mère, on refuse de les recevoir. Se trouvant sans emploi, ils disent maintenir leurs revendications relatives à la réintégration du personnel navigant au sein du Groupe Cnan et la régularisation des arriérés de salaire conformément au contrat de cession d’activité d’IBC.
Sonia B.
 

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