Ce fléau ordinaire

Le ministre des Finances, Karim Djoudi, vient de décider de renforcer le rôle et les missions dévolues par la loi à l’Inspection générale des finances (IGF) dont l’action s’étend désormais à l’évaluation des grands projets initiés au titre des différents plans quinquennaux. Autrement dit : le contrôle de l’usage qui est fait de l’argent destiné aux programmes de dépenses publiques. Quasiment tous ces programmes sont, systématiquement, frappés par le syndrome de la rallonge budgétaire exigée par les réévaluations des marchés publics. L’objectif est visiblement de traquer la gabegie et le gaspillage mais surtout de «pister» la grande corruption révélée par les scandales que les médias ont portés à la connaissance de l’opinion publique. Les procès qui se suivent et d’autres qui sont attendus indiquent comme une volonté politique de lutter contre la corruption mais, concrètement, tout cela reste loin du compte. La grande corruption est toujours tapie dans les passations de contrats de réalisation de projets d’infrastructures et des divers achats d’équipements. Le rapport annuel 2012 de Transparency International, qui a classé l’Algérie à la 105e place sur un total de 176 pays, l’a confirmé. On ne connaît pas l’ampleur de la fuite des capitaux algériens, «fruit» de la corruption, pas plus que les montants des commissions occultes liées aux marchés publics. L’appropriation d’un bien public ou l’enrichissement illicite sont devenus une banalité. Pourtant, la lutte contre la corruption constitue un élément notable dans le discours officiel. Ce ne sont pas les institutions de contrôle qui manquent : outre l’APN, il y a la Cour des comptes et l’IGF. De même, la lutte contre la corruption n’est pas désarmée, notre pays a ratifié la Convention des Nations unies contre la corruption et deux importantes institutions lui sont consacrées : l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption et l’Office central de répression de la corruption. Mais cela n’empêche pas ce fléau de continuer à prendre des proportions alarmantes aux contours encore indéterminés.
Cherif Brahmi