Sellal ne fait plus rire
Par Karim Bouali – Sur les écrans des chaînes publiques, au journal télévisé, tout se passe toujours bien : les visites sur le terrain du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, respirent la bonne humeur. Dans la réalité, ça se déroule autrement : l’ambiance est plutôt à la colère, les discours triviaux ne marchent plus. A Khenchela et Oum El-Bouaghi, les choses se sont corsées pour l’infatigable Sellal. Par deux fois, il a subi la foudre des citoyens, et parmi eux les étudiants de Khenchela qui, pourtant, devaient être contents de leur nouvelle université, d’un luxe flamboyant, inaugurée justement par le Premier ministre. Mais, voilà, ils ont certainement compris, ce que tout le monde devine en pareil cas, que ce luxe coûteux n’est pas motivé par leurs intérêts. Eux demandent un bon encadrement pédagogique, des diplômes qui valent quelque chose et un emploi quand ils terminent leurs études. Dans le LMD, ils veulent tous aller au-delà du «L» (licence) et visent au moins le «M» (master), la solution à ce problème immédiat n’est pas dans la faïence posée plein les murs des nouvelles infrastructures universitaires, comme l’université de Khenchela. D’ailleurs, les rallonges budgétaires annoncées à chaque fin de visite, séduisent de moins en moins. Surtout quand il n’est pas évident que leur destination finale et réelle est au service de l’intérêt général. La fonction, visiblement assignée à Sellal, apparaît à chacune de ses sorties avec plus de netteté : faire, en parole, des promesses tout en restant dans le vague, et maintenir, en pratique, le statu quo. Cela est confirmé par la façon imprécise, à tire-larigot, à l'emporte-pièce, avec laquelle le Premier ministre distribue ces promesses. C’est comme si le but de toutes ses visites était d'amuser la galerie, de chauffer la salle, en attendant qu'en haut lieu on trouve une sortie à la dangereuse impasse dans laquelle le système a introduit le pays. Ses apparitions surmédiatisées donnent l'impression d'un one man show dont les sujets sont galvaudés et qui ne fait rire que les blogueurs blagueurs. Les prochaines visites de Sellal ne seront plus aussi calmes que les premières.
K. B.
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