Des personnalités nationales lancent un appel pour la paix au M’zab

La poursuite des affrontements communautaires dans la région du M’zab n’a visiblement pas laissé indifférentes des personnalités qui ont décidé de réagir face à cette escalade qui menace, d’après elles, «l’unité et la paix civile dans le pays». Parmi les premiers signataires de l’«Appel pour la paix et la concorde au M’zab» figurent Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre sous Boumediene et Chadli, Messaoud Aït Châalal, ancien ministre conseiller auprès du chef du gouvernement, Belaïd Abdesselam, ancien Premier ministre, Mohamed Rezzoug, ancien ministre de la Communication, Abdelwahab Bakelli, également ancien ministre de la Communication, Abderrahman Hadj-Nacer, ancien gouverneur de la Banque centrale d’Algérie, Mohamed Messen, romancier, et Mohamed Aboulola, professeur à la faculté de médecine d’Alger. Les signataires appellent, à cette occasion, à désigner «une commission d’enquête et de réforme nationale, représentative, à même de diagnostiquer toutes les raisons du conflit, d’engager le dialogue et d’apporter les solutions durables aux problèmes en suspens». «Les graves incidents qui secouent d’une façon récurrente la région du M’zab suscitent les plus vives inquiétudes chez tous les citoyens de notre pays, attachés profondément à l’unité nationale et à la paix civile», écrivent-ils pour expliquer les motivations de leur initiative. L'appel est enveloppé dans un discours religieux, avec sans aucun doute l’arrière-pensée que cela pourrait convaincre les belligérants d’enterrer la hache de guerre. Les signataires de l’appel estiment, en effet, que «les affrontements fratricides et tragiques, ainsi que les actes dévastateurs qui affectent le M’zab, risquent de conduire à une véritable fitna, avec toutes les conséquences dramatiques que cela comporte autant sur le plan régional que national». «Le M’zab, bâti depuis des siècles sur des valeurs arabo-islamiques, fait partie intégrante de l’Algérie», note-t-on dans le document dans lequel les signataires relèguent, comme de coutume chez bon nombre d’entre eux, la profondeur amazighe d’une partie de la population locale. Les signataires martèlent pourtant qu’à ce titre, «tous les habitants du M’zab, sans discrimination aucune, sont des Algériens à part entière», estimant qu’ils «ont le droit imprescriptible d’y vivre dans la sécurité et la paix, sous la protection de la loi et du droit qui garantissent l’inviolabilité de leur vie et de leurs biens, conformément aux prescriptions de notre Saint Coran, qui est notre guide à tous». «Quelles que soient les spécificités qui caractérisent les communautés, rien ne peut justifier les agressions et les affrontements aussi bien aberrants que sacrilèges qui opposent des citoyens adeptes de la même foi islamique, nourris par la même culture arabo-musulmane, et qui ont versé ensemble leur sang pour la libération de l’Algérie», estiment les signataires pour qui «ceci justifie encore moins la profanation de cimetières, le pillage et l’incendie d’édifices publics et de propriétés privées». Quant aux commanditaires de ces tensions dans la vallée du M’zab, les signataires jugent qu’il n’y a pas de doute possible à ce sujet : «A l’origine de ces incidents, il y a sans aucun doute des intrigues et des manœuvres de mains criminelles, de mafieux et de truands qui sèment la discorde et le désordre, si favorables à toutes sortes d’intérêts contraires au bien public». Ils finissent, ainsi, par mettre le doigt là où ça fait mal pour dénoncer indirectement la partialité dont ont fait preuve certains policiers dans le traitement des affrontements en question, eux qui étaient chargés de ramener le calme dans la région. «Il est enfin primordial que les pouvoirs publics, qui ont la plus haute responsabilité du maintien de l’ordre, usent avec impartialité et une sévérité extrême de tous les pouvoirs que leur confère la loi pour mettre hors d’état de nuire les réseaux prédateurs mafieux, ainsi que tous les fauteurs de troubles sans aucune discrimination. C’est là le meilleur moyen d’assurer la sécurité des biens et des personnes, de rétablir la paix et d’ouvrir la voie de la réconciliation et de la fraternité», soutiennent-ils.
Amine Sadek
 

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