Ghardaïa : Yousfi et Belaïz réussiront-ils à éteindre le feu ?

La situation s’embrase à Ghardaïa. Les affrontements se sont poursuivis jusqu’à ce matin. Des biens immobiliers ont été incendiés. En plus des trois morts d’hier soir, une personne se trouve actuellement sur la table d’opération et sa vie, selon des sources médicales, serait en danger tant la blessure est profonde. Un climat tendu règne dans la vallée du M’zab. Pour dénoncer cette escalade, des milliers de personnes ont fait le tour des principales artères de la ville. Les manifestants, qui ont convergé vers le siège de la wilaya où ils ont observé un sit-in, ont scandé des slogans appelant à la justice et à «l'application de la loi à l'encontre des criminels à l'origine des troubles qui secouent la ville». Des représentants des manifestants ont été reçus par le Premier ministre par intérim, qui les a longuement écoutés en s’engageant à répondre à leurs doléances, dont «l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités de chacun et le règlement durable de cette situation conflictuelle». Il affirmé que l'Etat «contribuera à la réhabilitation des biens endommagés lors de ces événements et à atténuer ainsi la souffrance des citoyens touchés». «Des membres du gouvernement, concernés par les différents secteurs de développement, seront amenés à se déplacer sur le terrain à partir de la semaine prochaine pour déterminer les actions à entreprendre en priorité en matière de développement durable de la région», s’est-il engagé. Les trois personnes décédées dans les heurts de samedi soir n’ont pas été tuées par balles, nous affirme la même source. L’arrivée en urgence du Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, accompagné du ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, le patron de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Bousteïla, et d’un représentant du directeur général de la Sûreté nationale, n’a pas pu ramener le calme dans cette ville. Ce matin, cette délégation a multiplié les rencontres au niveau du siège de la wilaya avec les différents protagonistes. «Mais les choses sont allées trop loin pouvoir résoudre cette crise en une journée ou en un seul déplacement. Le mal est profond. On a laissé la situation pourrir et aujourd’hui, il y a trop de dégâts pour espérer un apaisement rapide», estime un habitant qui dit n’avoir jamais vu la vallée du M’zab dans un tel état. Les trois jeunes malékites morts dans les affrontements d’hier seront enterrés en fin d’après-midi. «Il y a de fortes craintes que les violences s’exacerbent. Des jeunes malékites ont défilé tôt le matin avec des cercueils vides réclamant vengeance. C’est dire que la situation risque de dégénérer de nouveau», prévient notre source. Les services de sécurité, police et gendarmerie, ont fortement quadrillé la ville et surtout les quartiers les plus chauds qui ont été le théâtre des derniers heurts meurtriers pour éviter tout nouveau débordement. Ils ont également mis un dispositif spécial tout au long du chemin qui mène vers le cimetière où vont être inhumées les trois victimes. Youcef Yousfi a une tâche ardue qui est celle de trouver les mots et les actes nécessaires pour apaiser la situation. Sa rencontre avec des élus et des représentants de la société civile, en présence des autorités locales, pourrait déboucher sur des solutions concrètes. C’est du moins ce qu’espère la population locale, étouffée par ces violences cycliques.
Sonia B.
 

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