Pourquoi Bouteflika a-t-il demandé à Kerry plus de coopération en matière de renseignement ?

Le peu de son auquel nous avons eu droit, lors de l’audience qu’a accordée Abdelaziz Bouteflika au secrétaire d’Etat américain, John Kerry, nous a permis de saisir au vol un reproche à peine voilé du Président à son hôte américain. «Nous avons besoin que vous fassiez un peu plus d’efforts en matière de renseignement», a, en effet, lancé le président de la République à son interlocuteur qui lui a promis de «faire mieux à l’avenir» dans ce domaine. Mais de quels renseignements l’Algérie a-t-elle besoin ? Il faut noter, quand même, que c’est la première fois qu’un sujet aussi sensible est traité par les autorités algériennes en présence des médias. D’où cette autre question : Bouteflika a-t-il cherché à minimiser le rôle des services secrets algériens en faisant une telle demande de cette façon étrange à Washington ? Ceci est d’autant plus singulier, observent des sources informées, que les services spéciaux algériens jouissent d’une «très bonne réputation» auprès de leurs homologues des grandes puissances occidentales. Une réputation qui fait dire aux experts que le DRS algérien est parmi les services de renseignement les plus fiables et les plus informés dans le dossier du terrorisme transfrontalier. Ces sources indiquent, à ce propos, que le Département du renseignement et de la sécurité coopère de longue date avec les plus grandes agences du renseignement, tant et si bien que le 11 septembre 2001, plusieurs officiers supérieurs du DRS se trouvaient à Washington dans le cadre d’une mission aux Etats-Unis. La coopération entre les services secrets algériens et occidentaux ne date pas d’aujourd’hui. Avec la montée du terrorisme islamiste au milieu des années 90 et sa propagation alarmante dans le monde, Alger était devenu, avec le temps, une destination incontournable pour les responsables du renseignement en quête d’informations sur cette mouvance dont plusieurs pays d’Europe ont fini par saisir la dangerosité après les coups de filet opérés dans plusieurs villes européennes, visant des réseaux djihadistes. Certains croient avoir compris dans la demande de Bouteflika une sollicitation de moyens technologiques pour traquer les groupes terroristes dans le Sahel, c’est-à-dire des images satellitaires et d’autres moyens de recherche. Mais, là aussi, il n’est un secret pour personne que l’armée algérienne est dotée, depuis plusieurs années, de technologies avancées et dispose de drones de reconnaissance Seeker sud-africains, et que, hormis les Etats-Unis et Israël, aucun pays au monde ne dispose de drones tueurs. L’Algérie n’est donc pas en retard dans ce domaine. De plus, la dégradation de la situation en Libye avait fait réagir l’Algérie qui a pris les devants en passant une importante commande d’un matériel de surveillance de pointe auprès de pays asiatiques, pour renforcer la surveillance de ses frontières est. Le reproche de Bouteflika a été suivi d’une autre information de taille : «Nous avons exaucé toutes vos demandes», a déclaré Bouteflika à Kerry comme pour lui signifier que Washington a manqué à ses engagements. Lesquels ?
Karim Bouali
 

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