La réduction du service national est une conséquence de la professionnalisation de l’ANP

Arrivé au pouvoir en 1999 avec deux cadeaux que lui a offerts l’armée sur un plateau d’argent – la reddition du bras armé du FIS, l’AIS, et la régularisation de la situation de centaines de milliers de jeunes vis-à-vis du service national –, c’est grâce à cette même armée que, quinze ans plus tard, Bouteflika compte renflouer les urnes le 17 avril prochain. La décision vient de tomber, annoncée en boucle par les médias «indépendants» en charge de la propagande pro-Bouteflika : le service national passe de dix-huit mois à une année. En officialisant cette décision quelques jours avant l’élection présidentielle, le président-candidat coupe, ainsi, l’herbe sous les pieds de ses rivaux qui promettent tous de revoir la durée de la circonscription obligatoire des jeunes à la baisse. L’argument ne tient plus, donc, à moins qu’un candidat promette de «faire mieux», en le baissant à six mois, par exemple. L’utilisation de cette nouvelle mesure à des fins électoralistes est flagrante. Elle participe des nombreuses manœuvres exploitées par le clan présidentiel pour gagner des voix au prochain scrutin qui s’annonce serré, en raison de la redoutable concurrence qui lui impose Ali Benflis. Avant cela, le gouvernement s’est empressé de relancer le projet pratiquement mort-né du logement socio-locatif AADL, remisé au fond du placard durant plus de dix ans. Rappelé au ministère de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune est instruit par les services de la Présidence pour en faire une priorité absolue, avant avril 2014. Peinant à tenir ses engagements quant à des projets qui remontent à 2001 et 2002, le nouveau ministre s’est engagé dans de nouveaux sans avoir, au préalable, pu régler les centaines de milliers de dossiers toujours en suspens. Faute de pouvoir loger les souscripteurs de 2001 et 2002, le gouvernement a détourné l'attention de l'opinion publique en invitant, de nouveau, les citoyens à souscrire à de nouveaux programmes. La réduction de la durée du service national, quant à elle, ne représente aucune difficulté, en ce sens qu’elle est programmée depuis fort longtemps et a été pensée bien avant l’avènement de Bouteflika au pouvoir. La professionnalisation de l’armée, qui a commencé dans les années 1990, devait, de toutes les façons, aboutir à la réduction des contingents d’appelés qui devront être remplacés par des soldats de métier. Aussi, Bouteflika feigne-t-il d’offrir un cadeau aux jeunes, alors que, dans les faits, une telle décision est inévitable, quel que soit le futur président.
Karim Bouali
 

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