Le système bancaire algérien sous le feu des critiques de la Banque mondiale et du FMI

La dernière évaluation du système financier algérien, élaborée par la mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale, a donné lieu à un véritable réquisitoire contre le secteur bancaire algérien, comme le démontrent les nombreuses critiques émises dans ce document. Le rapport, établi dans le cadre du programme d’évaluation du secteur financier (PESF), soulève notamment la problématique de l’interventionnisme étatique dans le fonctionnement des établissements bancaires publics à travers les opérations d’effacement de leurs dettes par le biais de l’annulation pure et simple de leurs créances non recouvrables ou à travers des opérations de recapitalisation devenues récurrentes. La mission FMI-BM relève d’ailleurs à ce sujet que «la recapitalisation répétée des banques publiques est l’une des particularités du système bancaire» algérien. Ainsi, selon le document, «au lieu de radier du bilan les pertes sur prêts, les banques publiques sont régulièrement recapitalisées par plusieurs moyens». Cette recapitalisation se fait, selon les rédacteurs du rapport, par des mécanismes qui incluent «l’annulation pure et simple de la dette des banques, l’injection de nouveaux capitaux et l’achat direct des prêts improductifs des banques». Une démarche que la mission mixte conteste de manière très claire puisqu’elle considère que «cette recapitalisation périodique place les banques publiques dans une situation de contrainte budgétaire faible, assortie de risques d'aléa moral». De même qu’elle «fausse la concurrence et favorise l'inefficience en permettant aux banques d'accorder des prêts suivant des critères non commerciaux destinés soit à venir en aide aux entreprises en difficulté, soit à financer des projets pour des raisons qui ne sont pas purement économiques». Comme alternative à ces options coûteuses pour le Trésor public, la mission FMI-BM recommande de «soumettre les banques publiques à des contraintes budgétaires plus rigoureuses» et de «remplacer les subventions ex post financées par les deniers publics par des subventions budgétaires explicites ex ante à l'appui de projets jugés socialement utiles». Les experts de ces deux institutions internationales estiment, en effet, qu’un tel dispositif aurait pour avantage de responsabiliser davantage les banques, ce qui, d’après eux, «les amènerait à prendre des décisions de prêt plus avisées sur la base de principes de saine gestion des risques et maîtriserait ainsi l’aléa moral». La mission insiste, dans le même ordre d’idées, sur un autre moyen à même de permettre une meilleure maîtrise de la situation, par le biais d’un «désengagement graduel» de l'Etat du système financier qui permettrait, d’après elle, de transformer les banques publiques en banques de développement et améliorerait le cadre de garantie bancaire.
Amine Sadek
 

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