Selon les Américains : la France a payé 58 millions de dollars de rançons aux terroristes

Le paiement de rançons aux groupes terroristes par les pays européens se confirme, et c’est la France qui vient en tête en totalisant, depuis 2008, plus de 58 millions de dollars, dont plus de 40 millions payés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pour libérer les quatre otages au Mali l'an passé. Les rançons sont budgétisées sous forme d’aides au développement ou versées via des intermédiaires dont le géant français du nucléaire Areva. Ces informations révélées par une enquête du New York Times, publiée dans l’édition du 29 juillet 2014 – consultable en ligne – prouvent que les pays européens financent indirectement le terrorisme, en payant les rançons réclamées par Al-Qaïda en contrepartie de la libération des otages. «Alors que les gouvernements européens déclarent officiellement qu’ils refusent de payer des rançons, une enquête menée par le New York Times a révélé qu’Al-Qaïda et ses groupes affiliés (Aqmi, Aqpa, Shebab…) ont pris au moins 125 millions de dollars suite à des enlèvements depuis 2008, dont 66 millions ont été versés l'an dernier», écrit le journal américain qui ajoute que «le département du Trésor des Etats-Unis a cité les montants de rançons qui, pris ensemble, totalisent environ 165 millions de dollars sur la même période». Ces paiements ont été effectués presque exclusivement par les gouvernements européens, qui acheminaient l'argent sous couvert, notamment, d’aide au développement, indique le New York Times qui précise qu’il a confirmé ses informations par le biais d’interviews avec d'anciens otages, des négociateurs, des diplomates et des représentants du gouvernement dans dix pays en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. «Les affaires sont florissantes» pour Al-Qaïda, indique le journal soulignant que si «en 2003 les ravisseurs ont reçu environ 200 000 dollars par otage, ils empochent maintenant jusqu'à 10 millions de dollars». De l'argent qu’Al-Qaïda a récemment décrit, précise le New York Times, comme représentant «près de la moitié du budget opérationnel du réseau». Le flux de revenus générés est si important, fait remarquer le journal, que les documents internes montrent que «les trois principales filiales du groupe terroriste d'Al-Qaïda – au Maghreb islamique, en Afrique du Nord ; Al-Qaïda dans la péninsule arabique, au Yémen ; les Shebab, en Somalie – coordonnent leurs efforts en vue de respecter un protocole d'enlèvement». Précédés par la France qui a versé la plus grande somme aux terroristes en guise de rançon, de nombreux pays européens se sont pliés aux exigences des ravisseurs, en payant les rançons demandées. Ainsi, la Suisse a payé 12,4 millions de dollars, l'Espagne 5,9 millions de dollars et l'Autriche 3,2 millions de dollars. Des rançons totalisant 20,4 millions de dollars ont été payées par ailleurs au Yémen par le Qatar et Oman en tant qu'intermédiaires des pays européens. «Dans son enquête, le New York Times rappelle, à juste titre, que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont toujours refusé de négocier avec les terroristes, ce qui a parfois pu entraîner le destin tragique de certains de leurs otages. Les négociateurs estiment que les branches Qaïda ont déterminé quels sont les gouvernements qui paient. Ainsi, relève le New York Times, «sur les 53 otages connus pour avoir été pris par des branches officielles d’Al-Qaïda au cours des cinq dernières années, un tiers était Français, alors que les pays comme l'Autriche, l'Espagne et la Suisse, qui n'ont pas de grandes communautés d'expatriés dans les pays où les enlèvements se produisent, représentent plus de 20% des victimes. En revanche, seuls trois Américains sont connus pour avoir été enlevés par Al-Qaïda ou de ses filiales directes, ce qui représente seulement 5% du total». Pour Jean-Paul Rouiller, le directeur du Centre de Genève pour la formation et l'analyse du terrorisme, cité par le journal américain, «il est évident qu’Al-Qaïda détermine ses cibles par nationalité». Il fait remarquer que «les otages sont un investissement». Un otage s'échange aujourd'hui pour cinquante fois plus cher qu’en 2003, note le journal américain.
Meriem Sassi

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