La Tunisie refoule des Egyptiens fuyant la Libye : l’Algérie doit-elle s’attendre à un flux d’immigrés ?

Les forces de sécurité tunisiennes ont été contraintes d’user de gaz lacrymogènes et de procéder à des tirs de sommation pour repousser un flux d’Egyptiens protestant contre le durcissement des conditions d’accès en Tunisie. Selon les médias, des centaines d’Egyptiens fuyant le chaos en Libye sont bloqués à la frontière depuis trois jours. Certaines sources parlent même de morts parmi les réfugiés et la police des frontières au passage frontalier de Ras Jedir. Cet incident est venu conforter les appréhensions du ministre tunisien des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, qui avait évoqué l’éventualité pour son pays de fermer ses frontières avec la Libye face à la dégradation de la situation sécuritaire chez son voisin de l’est. Mongi s’est dit inquiet d’un afflux de réfugiés comparable à celui de 2011. Le chef de la diplomatie tunisienne, dont le pays souffre de la violence terroriste, a estimé que la situation économique de son pays «ne lui permet pas d’accueillir les réfugiés fuyant la Libye suite à la montée de la violence». Il a prévenu que les autorités de son pays fermeront les frontières «si l’intérêt national l’exige». Au-delà des contraintes économiques, les Tunisiens redoutent les risques d’infiltration de djihadistes et d’armes, comme cela s’est passé en 2011 lors de la guerre civile libyenne, suivie de la chute du régime de Kadhafi. Instruite par cette expérience, l’armée tunisienne a décidé de se redéployer rapidement le long des frontières avec la Libye, en attendant peut-être de les fermer, si la situation venait à s’aggraver. Cette situation pose aussi problème aux autorités algériennes qui doivent, à leur tour, prendre des mesures de sécurité pour parer à un éventuel afflux de réfugiés venant de Libye. Si l’ANP est déjà en état d’alerte tout au long de la frontière avec la Libye (980 km) depuis la recrudescence de la violence dans ce pays, les différents corps de sécurité doivent redoubler de vigilance pour, à la fois, prévenir une éventuelle infiltration des groupes armés qui profitent généralement de pareille situation pour traverser les frontières, et venir renforcer les bases d’Aqmi et de ses dérivés dans la région subsaharienne. L’attentat meurtrier commis par un groupe issu d’Aqmi au complexe gazier de Tiguentourine, en janvier 2013, a montré que toute baisse de vigilance au niveau des frontières sud est porteuse de grands risques pour la sécurité du pays.
R. Mahmoudi

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