Agression israélienne : trois intellectuels français accusent Hollande de ternir l’image de la France

La vague d’indignation contre la position officielle de la France sur l’agression israélienne commence à s’étendre aux milieux artistiques et intellectuels, où de plus en plus de personnalités osent hausser le ton pour critiquer Israël, ne craignant plus d’être taxés d’antisémites. Dans une contribution commune, la plus accablante jusqu’ici, trois grandes figures de l’intelligentsia française, Rony Brauman (ex-président de MSF, professeur à Sciences Po), Régis Debray (écrivain et philosophe) et Edgar Morin (sociologue et philosophe), interpellent le président François Hollande sur sa position et celle de son gouvernement par rapport à ce qui se passe à Ghaza, et lui demandent d’assumer sa responsabilité historique. Intitulée : «M. Hollande, vous êtes comptable d'une certaine idée de la France qui se joue à Gaza», cette lettre adressée au chef de l’Etat, et publiée dans Le Monde, se lit comme un réquisitoire de l’alignement atlantiste de la politique étrangère de la France depuis dix ans. Les rédacteurs de la lettre s’étonnent ainsi que Paris s’enthousiasme à envisager des sanctions contre la Russie pour de simples soupçons sur l’affaire de l’avion malaisien abattu en Ukraine, le 17 juillet dernier, et observe le silence sur des crimes avérés commis par l’armée israélienne contre des populations palestiniennes sans défense. «On ne sait pas si le président russe Vladimir Poutine, ou l'un de ses subordonnés, a donné l'ordre de faire sauter en vol le Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Mais il y a déjà cinq fois plus de civils innocents massacrés à Gaza, ceux-là soigneusement ciblés et sur l'ordre direct d'un gouvernement», soulignent-ils. Mettant en relief le paradoxe de la politique arabe de la France, les auteurs de la lettre s’interrogent : «Les sanctions de l'Union européenne contre Israël restent au niveau zéro. L'annexion de la Crimée russophone déclenche indignation et sanctions. Celle de la Jérusalem arabophone nous laisserait impavides ? Peut-on à la fois condamner M. Poutine et absoudre M. Netanyahou ? Encore deux poids deux mesures ?» écrivent-ils, indignés. Rappelant la complexité et la particularité du conflit israélo-palestinien, ils notent : «Nous avons condamné les conflits interarabes et intermusulmans qui ensanglantent et décomposent le Moyen-Orient. Ils font plus de victimes locales que la répression israélienne. Mais la particularité de l'affaire israélo-palestinienne est qu'elle concerne et touche à l'identité des millions d'Arabes et musulmans, des millions de chrétiens et Occidentaux, des millions de juifs dispersés dans le monde.» Dans un entretien à la chaîne France 24, diffusé ce lundi, Rony Brauman regrette le temps où la France, pays des libertés et des droits de l'Homme, «ouvrait ses bras à la cause palestinienne et lui donnait un espace d'expression.»
R. Mahmoudi
 

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