Elections législatives en Tunisie : la campagne électorale d’Ennahda rappelle celle du FIS en 1991

Après une période de repli tactique, le mouvement islamiste Ennahda revient avec ses discours takfiristes. Déterminés à gagner les prochaines élections législatives, prévues le 26 octobre prochain, pour rétablir leur suprématie politique au Parlement, qui leur permettra de regagner leur pouvoir absolu, les dirigeants du mouvement jouent une nouvelle fois la carte de la religion à des fins électorales pour faire pression sur les électeurs. C’est ce qu’illustre le contenu d’une prestation télévisée, qui fait aujourd’hui polémique en Tunisie, d’une représentante d’Ennahda dans le cadre de la précampagne qui a commencé officiellement le 6 juillet dernier. Dès l’entame de son intervention, la militante islamiste donne le ton : «Nous voterons pour Ennahda, non pas pour nos intérêts bassement matériels, mais pour faire triompher la religion. Nous demanderons aux imams dans les mosquées de dire à tous les fidèles que celui qui ne votera pas pour Ennahda ou pour un autre parti islamiste doit être considéré comme impie (kâfir) et voué à l’enfer ! Parce qu'il faut que vous sachiez que le soutien apporté aux impies (kuffâr) est un péché.» Ces propos tenus dans le cadre d’une campagne officielle rappellent le discours ultraradical véhiculé par les militants du FIS dissous en Algérie durant les périodes de campagne électorale, en 1990 (élections locales) et en 1991 (législatives), où ils placardaient des affiches menaçant directement les électeurs de «sanctions divines» si leurs voix n’allaient pas pour un de leurs candidats. Inutile de rappeler que le FIS a gagné ces deux élections grâce à cette double pression violente exercés sur de larges pans de la société. L’exemple tunisien montre également l’inefficacité des mesures (les autorités viennent de fermer 21 mosquées sur les 91 échappant au contrôle de l'Etat) et des «garde-fous» mis en place par la troïka qui gouverne ce pays depuis la chute de l’ancien régime pour s’immuniser contre toute tentation fascisante des islamistes et contre la «salafisation» galopante de la société tunisienne. Il révèle la duplicité du mouvement Ennahda qui, dans les discours officiels, prône la tolérance et le respect du pluralisme et de l’alternance au pouvoir. Les Tunisiens ne sont plus dupes de ces manipulations dangereuses, mais ont-ils les moyens de s’en prémunir ?
R. Mahmoudi
 

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