L’Algérie peut-elle exiger une contre-expertise de la boîte noire jugée «inexploitable» par le BEA ?

Le crash du vol AH 5017 d’Air Algérie, assuré par un avion affrété auprès de la compagnie espagnole Swiftair, n’a pas livré tous ses secrets. Le fait d’avoir pu récupérer «intactes» les boîtes noires n’a pas résolu le mystère de ce crash dans le désert malien qui risque de faire couler encore beaucoup d’encre et pour cause. L’annonce par les experts français du BEA de l’impossibilité d’exploiter une des deux boîtes noires contenant l’enregistrement des conversations dans le cockpit doit-elle être considérée comme irréfutable ? Le responsable du BEA sait bien que les boîtes noires sont conçues de sorte qu’elles résistent à tous les chocs pour justement éclairer les enquêtes sur les circonstances du crash. Faut-il rappeler que même au fin fond de l’océan, des boîtes noires, dont celle du vol AF 447 d’Air France qui s’était abîmé dans l'océan Atlantique le 1er juin 2009, ont pu être exploitées ? Les enregistrements des conversations dans le cockpit avaient permis de déterminer dans quelles conditions l’avion s’était crashé. Cette affaire de boîte noire endommagée rajoute donc une couche au mystère de cet accident qui reste entier et alimente toutes sortes de rumeurs sur les circonstances de ce drame qui a coûté la vie à 116 personnes de plusieurs nationalités. Les Français ont pris les commandes de la gestion de cette catastrophe aérienne qui concerne en premier lieu l’Algérie, dès l’annonce de la disparition de l’avion quelque part au Mali, bien qu’il s’agisse d’un vol d’Air Algérie et non pas d’Air France. Les Français ont été les premiers sur le lieu du crash qu’ils ont occupé seuls pendant le temps qu'ils ont voulu, avant de permettre aux experts des autres pays de s'y rendre. Ils ont récupéré les boîtes noires qu’ils ont rapidement transférées en France où, ont-ils indiqué, ils disposaient de tous les moyens nécessaires pour leur décryptage et leur analyse. Connaîtra-t-on un jour le contenu des conversations qui ont eu lieu entre le commandant de bord et le copilote d’un côté, et entre les pilotes et la tour de contrôle, de l’autre ? La rapidité avec laquelle le directeur du BEA français a mis fin à tout espoir d’exploiter les bandes magnétiques du MD-83 laisse planer le doute sur les véritables causes de ce crash. Les Français nous mènent-ils en bateau ? Ont-ils quelque chose à cacher ? L'Algérie a-t-elle le droit de réclamer les boîtes noires pour les faire analyser ailleurs ? Doit-elle avoir une confiance aveugle en l’expertise française ?
Rafik Meddour
 

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