L’Irak est devenu une affaire américaine : Washington fixe à Baghdad sa nouvelle politique

A suivre l’évolution de la situation en Irak, ces deux derniers jours, on se rend compte que c'est une affaire de redistribution des cartes voulue par Washington. Les Américains ont prétexté la montée fulgurante de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui s’est emparé en quelques jours de parties importantes du nord du pays, menaçant aujourd’hui d’envahir le Kurdistan, pour intervenir militairement et tenter d’imposer leur jeu dans ce pays. Cela dit, ils cherchent moins à trouver une solution durable à une crise si complexe, dont ils sont du reste à l’origine, qu’à assurer leur hégémonie sur le pouvoir central. L’éviction brutale d’Anouar Maliki, aussitôt saluée par Washington, illustre cette volonté chez les Américains de trouver des alliés «plus fiables», selon les termes de Barack Obama qui a promis de continuer à bombarder les positions de l’EIIL dans le nord de l’Irak. Tout en saluant la nomination du chiite Haider Al-Abadi à la tête du gouvernement, l’administration américaine insiste, par la voix du vice-président Joe Biden, sur la nécessité de former un gouvernement «inclusif» et de mettre en place «un programme national conformément à la Constitution irakienne», comme l’a rappelé le vice-président dans un entretien téléphonique avec le nouveau Premier ministre irakien. Par gouvernement «inclusif», le responsable américain vise surtout l’intégration des autres composantes du pays dans la formation d’un exécutif capable d’absorber la rébellion majoritairement sunnite, dont de larges factions se sont retrouvées alliées des groupes islamistes et notamment de l’EIIL. Washington et ses alliés arabes ont toujours reproché à l’ex-Premier ministre Anouar Maliki de marginaliser la communauté sunnite et de l’avoir jetée dans les bras du terrorisme. Or, Maliki a, à plusieurs reprises, accusé nommément l’Arabie Saoudite de soutenir et de financer le terrorisme dans son pays. De son côté, le nouveau Premier ministre a fait part de son intention de «procéder sans délai à la constitution d’un gouvernement qui sera en mesure de faire face à l’EIIL et de garantir un lendemain meilleur pour toutes les composantes de la société irakienne». Dans ce contexte, Biden a réitéré l’«engagement» des Etats-Unis «à soutenir pleinement un gouvernement irakien inclusif, notamment dans sa lutte contre les insurgés de l’EIIl». Les deux dirigeants ont, en outre, discuté des «mesures pratiques» susceptibles d'activer l’accord-cadre stratégique entre les Etats-Unis et l’Irak qui porte sur la coopération économique, diplomatique et sécuritaire. Comme quoi tout doit être rediscuté d’un bloc.
R. Mahmoudi
 

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