L’exode des Algériens huit fois plus important sous le règne de Bouteflika que durant le terrorisme

L’émigration des Algériens a connu une ampleur sous le règne de Bouteflika comme jamais auparavant, y compris durant les années noires du terrorisme islamiste. C’est là la conclusion que l’on peut tirer des chiffres liés au mouvement de la migration internationale livrés par le think tank américain Pew Research Center qui se réfère, pour son étude, aux données de l'Office de la migration internationale des Nations unies. Selon l’étude en question, quelque 840 000 Algériens ont quitté le pays durant le règne d’Abdelaziz Bouteflika, alors que lors de la décennie noire, ils n’étaient que 110 000 à le faire pour s’installer principalement en Europe et en Amérique du Nord. Afin d’évaluer le mouvement de la migration des Algériens, l’étude a concerné quatre années témoins (1990, 2000, 2010 et 2013) permettant de suivre l’évolution des chiffres relatifs aux flux migratoires. Cette analyse fait ressortir que le retour de la paix en Algérie n’a pas été un facteur de stabilisation des Algériens dans leur pays, puisque les années 2000, qui coïncident avec l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, ont au contraire connu un grand flux migratoire des Algériens. Selon les chiffres relatifs aux Algériens nés en Algérie et installés à l’étranger, ils étaient 930 000 en 1990. Le chiffre a connu une légère hausse, passant à 1 040 000 en 2000, c’est-à-dire une augmentation de 110 000 personnes en l’espace de 10 ans. En 2010, ils étaient 1 710 000. Ce qui veut dire que près de 800 000 Algériens sont partis s’installer à l’étranger durant les deux premiers mandats de Bouteflika. Trois ans après (2013), le nombre d’Algériens nés en Algérie et ayant élu résidence dans un autre pays s’est établi à 1 770 000. Ainsi, entre 2010 et 2013, 60 000 nouveaux expatriés ont été enregistrés. Globalement, depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, 840 000 Algériens nés en Algérie ont quitté le pays pour des raisons que l’étude n’évoque pas. Logiquement, avec la fin du terrorisme islamiste et le retour de la paix durant cette période, le mouvement de migration des Algériens aurait dû baisser. Mais il s’est plutôt renforcé et la courbe n’est visiblement pas près de s’inverser. La France représente la principale destination des Algériens qui quittent leur pays. Sur les 1 770 000 Algériens vivant à l’étranger, 1 460 000, soit 82%, se trouvent en France. La deuxième communauté algérienne à l'étranger la plus nombreuse, loin derrière celle de l’Hexagone, se trouve en Espagne qui compte 60 000 âmes. Cet exode des Algériens se trouve renforcé par les mouvements de migrations illégales (harga) qui se poursuivent malgré tous les drames qui se déroulent lors des traversées. Selon le rapport de l’Organisation internationale des migrations (OIM) rendu public récemment, près de 3 000 personnes ont péri en mer cette année, soit déjà près de quatre fois le bilan de 2013, estimé par l'organisation à 700 morts.
Amine Sadek
 

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