Université : le Cnes préconise une réorganisation urgente

Une nouvelle réorganisation de l’université algérienne est recommandée par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) qui estime, suite à la réunion de son bureau national à Oran, que «dans un espace encore en phase de mutation où cohabitent deux systèmes de formation, classique et LMD, il y a nécessité urgente d'entamer des réajustements, afin, d'une part, de prendre en charge les dérives structurelles, organisationnelles et fonctionnelles ayant émergé de la mise en œuvre précipitée de la réforme LMD – préalablement envisagée comme modèle universitaire de demain – et, d'autre part, afin d'uniformiser les différents parcours de formation et de progression de carrière qui ne cessent d'ankyloser le système universitaire national». Le Cnes considère que ce double objectif passe inéluctablement par «un amendement du statut particulier de l'enseignant-chercheur et une nouvelle réorganisation de l’université algérienne». Concernant la question de la progression de carrière, le Cnes relève que «l’enseignant-chercheur est un concepteur pédagogique et un scientifique, dont la carrière ne devrait plus ''s’éteindre'' à l'obtention du grade de professeur, pour être dirigé dans un grand nombre de cas vers une carrière administrative, souvent stérile». Le Cnes, qui a examiné la situation de la recherche et de la pédagogie à l'université algérienne, souligne, au contraire, que «de nouvelles promotions devraient être réfléchies et intégrées dans son parcours de carrière afin de permettre son épanouissement et de faire bénéficier le monde de la recherche et de la formation de ses compétences, le plus longtemps possible». Dans ce cadre, le Cnes préconise, selon le communiqué parvenu à la rédaction, «la promulgation de nouveaux paliers de professorat, impliquant une révision des modalités de progression, des prérogatives et des rémunérations». Cette nouvelle vision vise aussi, selon le syndicat, «une progression de la carrière sur la base des efforts pédagogiques et de recherche», car «le schéma de progression actuel, basé uniquement sur la production scientifique, est à l'origine de la démotivation consciente ou inconsciente du corps enseignant face à la ''corvée'' pédagogique». «Cette nouvelle grille de carrière permettra aussi de quantifier et de valoriser l'ensemble des efforts du corps enseignant, sur le double plan pédagogique et de recherche. En ce sens, une grille d’évaluation et de progression devant permettre un fonctionnement plus transparent, plus méthodique et plus visible de la carte universitaire nationale», affirme le Cnes. Concernant les réformes engagées dans le cadre d’un LMD, elles doivent permettre «des formations horizontales multiples allant dans le sens d’une meilleure qualification de l’enseignant-chercheur, en valorisant les formations multiples, doctorat, master, licence, permettant de plus grandes mobilités pour les futurs enseignants-chercheurs». Les structures LMD et classique, qui sont, selon le Cnes, en «cohabitation floue», se doivent d’être «reconstruites, normalisées et représenter des entités pédagogiques homogènes». A ce titre, le syndicat préconise «une réforme profonde des organes pédagogiques inexistants et scientifiques obsolètes». «Tous ces ateliers de réflexion, qui sont les vrais défis de l’université algérienne, ne peuvent aboutir aux résultats escomptés de par les dysfonctionnements gravissimes causés par l’autoritarisme et le diktat de beaucoup de recteurs.» Le Cnes s’étonne «du déphasage entre le discours positif du ministre et les pratiques» de certains recteurs. En effet, selon le Cnes, «plusieurs établissements vivent de graves dérives à l’image des universités de Batna, El-Oued, Bechar, Djelfa, Saïda et Béjaïa».
Meriem Sassi
 

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