Transport routier, ferroviaire et aérien : qui arrêtera l’hécatombe ?

Le déraillement du train qui s’est produit aujourd’hui mercredi au Caroubier, à Alger, est venu s’ajouter à une longue liste d’accidents touchant tous les modes de transport dans notre pays. Après l’hécatombe des routes vient aujourd’hui s’ajouter celle du transport aérien et ferroviaire. Ces deux dernières années ont, en effet, été meurtrières avec un nombre de plus en plus croissant d’accidents et de victimes. Aucun moyen de transport n’est aujourd’hui sûr pour des raisons qui restent à cerner. Et si les responsables de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) se sont empressés d’avancer la thèse de l’erreur humaine pour expliquer ce qui s’est passé à Hussein-Dey, avant même d’avoir engagé une enquête, c’est qu’il s’agit là d’un cas pour le moins flagrant d’incompétence et d’incurie, comme cela devient de plus en plus récurrent chez nous ces dernières années. Mais la responsabilité humaine reste engagée dans beaucoup des catastrophes qui ont touché le secteur des transports, sans que cela provoque un quelconque impact sur les responsables du secteur, moralement responsables de ce qui se passe. Et la liste des victimes et des dégâts matériels s’allonge sans que cela suscite une démission, une dénonciation, une remise à l’ordre. Les accidents se suivent et se ressemblent. Entre 2006 et 2014, nous avons recensé au moins une quinzaine d’accidents et de déraillement de train de voyageurs et de marchandises, pour la plupart enregistrés à Alger et dans l’est du pays (Bouira, Bordj Bou-Arréridj, Skikda, Constantine). Pas loin que le 6 octobre dernier, un train transportant des hydrocarbures avait déraillé à Hammadi Krouma, à l’est de Skikda. Ce train de 15 wagons, dont quatre remplis de gasoil et deux autres d’essence, assurait la liaison Skikda-Constantine. Quelques jours auparavant, plus précisément le 29 septembre, une catastrophe a été évitée de justesse, suite au déraillement d’un autre train tractant 17 wagons-citernes transportant 1 170 tonnes de gasoil, près d’Aïn Yagout, au nord de la wilaya de Batna. Le 24 février 2014, Sidi Bel-Abbès a été le théâtre d’un drame qui a fait cinq blessés graves lorsque l’autorail, assurant la liaison Tlemcen- Oran via Sidi Bel-Abbès a violemment percuté un camion. L’intensité du choc a fait dérailler plusieurs wagons de l’autorail. Le conducteur du train, son assistant et deux voyageurs ainsi que le chauffeur du camion ont été gravement blessés. Ces accidents de train s’ajoutent aux catastrophes aériennes qui ont endeuillé l’Algérie durant l’année en cours, et ce à commencer par le crash le 11 février à Oum El-Bouaghi d’un avion militaire transportant des soldats et leurs familles. 77 personnes avaient péri dans cet accident aérien. Le 24 juillet dernier, c’est un avion affrété par Air Algérie qui s’est écrasé au Nord-Mali avec à son bord 116 passagers. Un peu plus d’un plus tard, un avion ukrainien s’écrase au sud de l’aéroport de Tamanrasset, après une escale technique. L’équipage était composé de sept personnes et aucune n’a pu survivre au crash. Aux accidents ferroviaires et aériens vient s’ajouter ce que tout le monde maintenant appelle le «terrorisme de la route». L’hécatombe provoquée par les accidents de la circulation ne cesse d’endeuiller des milliers de familles sans que les autorités trouvent une solution définitive au phénomène. Les accidents de la circulation font, chaque année, des milliers de victimes. Le gouvernement reconnaît enfin son échec et décide de se pencher sur les causes de cette hécatombe sur nos routes. Et c’est sans doute une telle situation qui a amené le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, à ordonner en octobre dernier l’installation d’une commission mixte dans laquelle siégeront notamment des représentants des ministères des Transports et des Travaux publics, de la DGSN, de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale. Cette commission sera chargée de «répertorier, au terme des enquêtes menées sur le terrain, les raisons de la montée vertigineuse des accidents », avait-on expliqué, à ce propos. Le ministre avait d’ailleurs exprimé «sa colère» mais aussi son «incompréhension» face à une telle situation.
Amine Sadek
 

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