Me Moctar Mariko à Algeriepatriotique : «Les groupes armés ne doivent pas jouir de l’impunité»

Algeriepatriotique : L’Association malienne des droits de l’Homme que vous présidez s’est indignée suite à la libération de quatre terroristes par le Mali en échange de celle de l’otage français Serge Lazarévic. Pourquoi ?

Algeriepatriotique : L’Association malienne des droits de l’Homme que vous présidez s’est indignée suite à la libération de quatre terroristes par le Mali en échange de celle de l’otage français Serge Lazarévic. Pourquoi ?
Me Moctar Mariko : Nous saluons la libération de Serge Lazarévic à qui nous avons une pensée particulière. Cependant, nous nous sommes indignés des conditions d’échange, notamment la libération de l’auteur présumé de l’assassinat du surveillant de prison Kola Sofara et de l’enlèvement de Serge Lazarévic et Philippe Verdon. Trois autres personnes accusées de crimes de guerre ont fait partie des échanges. Ces quatre personnes sont des criminels et auteurs présumés de graves violations des droits humains, d’où l’indignation et l’incompréhension de la population malienne en général. En effet, pour nous, cette libération précédée de beaucoup d’autres n’est pas de nature à instaurer la confiance et la réconciliation entre les populations.
Le gouvernement français a, encore une fois, versé une rançon pour libérer un otage. Quel est votre avis là-dessus ?
Nous ne savons pas si la France a ou non versé des rançons. Tout ce que nous savons, c’est qu’il y a eu des échanges entre un homme devant recouvrer sa liberté et quatre autres devant être jugés et condamnés, le cas échéant.
La France qui dit vouloir lutter contre le terrorisme continue ainsi de financer les groupes terroristes en payant des rançons. Comment expliquez-vous ce double langage ?
Comme je l’ai dit plus haut, à ce jour, nous ne sommes pas au courant du versement des rançons. Toutefois, nous demeurons convaincus que la lutte contre le terrorisme doit passer par la lutte contre l’impunité.
La France intervient militairement au Mali depuis presque deux ans. Pouvez-vous nous décrire la situation actuelle du pays ? Quelles sont les véritables raisons de cette intervention, selon vous ?
L’intervention française au Mali a été salutaire, car elle a permis au Mali de recouvrer une partie de son territoire et de stopper des violations des droits humains. Cependant, cela ne doit pas donner lieu à des contreparties, car l’Afrique, et le Mali en particulier, a beaucoup aidé à la libération de la France, comme l’a rappelé le président français lors de son passage à Bamako.
Vous dites que «cela ne doit pas donner lieu à des contreparties». Qu’entendez-vous par là ?
Nous voulons dire qu’il ne doit pas y avoir des contreparties à l’intervention française au Mali, car le Mali aussi a aidé la France pendant une période difficile.
Les négociations qui ont débuté à Alger en juillet dernier se sont interrompues pour reprendre en janvier 2015. Pensez-vous qu’un règlement du conflit malien est possible à court terme ?
Pour parvenir à un règlement définitif et à une paix durable, les parties aux négociations doivent mettre un accent particulier sur la lutte contre l’impunité en écartant toute amnistie pour les auteurs et responsables des graves violations de droits humains, car l’impunité est une des causes des conflits à répétition. Les parties doivent également préserver l’unité nationale et la laïcité du pays. Ces lignes rouges doivent guider toutes les parties à faire des concessions pour parvenir à un règlement du conflit à court, moyen et long terme.
Qui sont ces responsables des graves violations des droits humains ? Sont-ce des dirigeants politiques, des militaires ou les membres des groupes armés qui activent au Nord-Mali ?
En ce qui concerne les responsables des violations graves des droits de l’Homme, nous faisons allusion aux groupes armés qui sévissent au Mali, car ils ont perpétré des crimes graves : exécutions sommaires, viols, tortures…
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi

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