Gaz de schiste et développement : Sellal va-t-il se déplacer au Sud pour éteindre le brasier ?

Les milliers de manifestants sortis dans la rue à In Salah pour protester contre l’exploitation du gaz de schiste ont réclamé le déplacement du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans cette daïra pour lui faire part de leurs doléances. Va-t-il répondre à cet appel lancé par une population visiblement très inquiète quant à l'impact du gaz de schiste sur l'environnement et la santé des habitants de cette région qui regorge de ressources naturelles ? Le gouvernement a jusqu’à présent sous-estimé la fronde de la population du Sud. Il a laissé le ver se développer dans le fruit. La colère, la rancune et l’amertume ont pris une telle ampleur qu’il est difficile maintenant de convaincre nos compatriotes du Sud, dont la patience a été mise à rude épreuve, que leur avenir sera meilleur. Ils languissent de bénéficier de la rente générée par la vente de ressources extraites du sol qu’ils foulent tous les jours. Aujourd’hui, s’ils occupent la rue, c’est pour exprimer le ras-le-bol de voir les pouvoirs publics leur répéter la même rengaine sur l’importance de cette partie du pays qui fait office de mère nourricière pour toute l’Algérie, mais ne tire aucun dividende de ce rôle important. Les manifestants d'In Salah et de Tamanrasset ainsi que ceux, avant eux, de Ghardaïa et Ouargla donnent ainsi un coup de pied dans la fourmilière pour rappeler que l’Algérie ne se résume pas seulement à Alger et les autres grandes villes du pays où le moindre embrasement est rapidement pris en charge par les autorités qui craignent un effet boule de neige. Pourtant, les revendications et les doléances de nos compatriotes du Sud sont loin d’être différentes de celles des autres Algériens. Leur rejet de l’exploitation du gaz de schiste démontre même leur degré de maturité politique et de conscience citoyenne. Les tergiversations du gouvernement dont les fonds et les programmes «spéciaux» n’ont été que des instruments de corruption et de gabegie ont exacerbé le sentiment de marginalisation de ces Algériens. Les jeunes de Ouargla ont en marre de passer sous les fourches caudines des multinationales qui les exploitent pour des salaires de misère. De jeunes diplômés s’usent la santé dans les complexes gaziers ou les champs pétroliers comme manœuvres et manutentionnaires. D’autres n’ont pas eu cette chance et se contentent de rouler le sable avec leurs doigts sous un soleil suffoquant. Un air putride flotte toujours sur Ghardaïa qui compte ses morts, mais n’arrive pas à panser ses blessures tant la menace de nouvelles jacqueries meurtrières plane toujours sur sa vallée. L’exploitation du gaz de schiste à In Salah n’est donc que la goutte qui fait déborder le vase. Les Algériens du Sud ne croient plus aux promesses et mettent le gouvernement face à ses responsabilités et ses échecs.
Sonia Baker
 

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