L’étrange penchant du président de la délégation Maghreb au Parlement européen pour le Makhzen

Le président de la délégation Maghreb au Parlement européen, Pier Antonio Panzeri, s’illustre de nouveau par un parti pris flagrant pour la monarchie marocaine au détriment du peuple sahraoui privé de sa terre et de son droit à l’autodétermination. Après avoir étalé, en mars 2014, sa connivence avec le Makhzen, suite à un déplacement suspect à Dakhla, en territoire sahraoui occupé, sans être mandaté pour cela par le Parlement européen (voir article d’Algeriepatriotique du 26/03/2014), Pier Antonio Panzeri récidive en essayant d'occulter, cette fois-ci, la situation critique des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés, dans un rapport sur la situation des droits de l’Homme et de la démocratie dans le monde et la politique de l’Union européenne en la matière pour l’année 2013. Déjà en 2011, selon ce que révèlent les documents officiels marocains confidentiels diffusés par le hacker Chris Coleman, l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles avait demandé, dans un courrier «urgent et confidentiel» adressé au ministre des Affaires étrangères, que Pier Antonio Panzeri soit entouré de tous les égards compte tenu de la charge qu'il assume au sein du Parlement européen et des implications potentielles sur ce que le Makhzen qualifie de «cause nationale». En 2013 et 2014, Panzeri ne faisait même plus mystère de ses accointances avec le Makhzen. Son déplacement à Dakhla en mars 2014 lui a même valu un «wissam» que Mohammed VI a bien voulu lui consentir. En tentant de masquer la réalité des traitements dégradants, voire inhumains, que subissent les Sahraouis dans les territoires occupés, le président de la délégation Maghreb au Parlement européen reste fidèle à ses engagements avec le Maroc. Cette fois, il innove en usant d'artifices et en s’arrangeant pour rédiger un rapport qui ignore les situations traditionnellement abordées. Un subterfuge que des eurodéputés ont dénoncé en décidant d'introduire de nombreux amendements en faveur du respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental dans le cadre du projet de résolution du Parlement européen sur le rapport annuel 2013 de l’Union européenne sur la situation des droits de l’Homme et de la démocratie dans le monde. Ils estiment que le président de la délégation Maghreb a choisi de rédiger le document selon une approche purement thématique, et ce, contrairement aux éditions des années précédentes, où était suivie une double approche, thématique et géographique, en citant les pays concernés par la politique européenne dans le domaine des droits de l’Homme. De ce fait, les députés européens, invités à proposer des amendements sur ce texte, sont revenus à la charge et ont demandé de citer quelques cas concrets. Ainsi, cinq propositions d’amendement concernant le Sahara Occidental ont été formulées, exprimant les préoccupations du Parlement européen quant à la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés par le Maroc, et appelant au respect des droits fondamentaux du peuple sahraoui, y compris la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les eurodéputés demandent par ailleurs la libération des prisonniers politiques et l’autorisation d’accès aux territoires du Sahara Occidental pour les membres du Parlement, les observateurs indépendants, les ONG et la presse. Ils exhortent en outre les Nations unies à établir un mécanisme international de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental, dans le cadre de la Minurso, et expriment le soutien du Parlement européen à un règlement juste et durable du conflit sur la base du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’ONU. Ces amendements sur le Sahara Occidental ont été déposés par quatre eurodéputés appartenant à différentes formations politiques au Parlement européen. Il s’agit de l’eurodéputée socialiste portugaise Ana Gomes, de deux eurodéputés espagnols du groupe de la Gauche unitaire européenne, Javier Couso Permuy et Paloma Lopez Bermejo, et d’une eurodéputée suédoise du groupe des Verts, Bodil Ceballos.
Meriem Sassi
 

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