Confusion autour de la révision de la Constitution : à quoi jouent Bensalah et Ould Khelifa ?

Le projet de révision de la Constitution qui n’a pas encore été officiellement inscrit à l’ordre du jour des travaux de la session de printemps du Parlement pourrait en fin de compte être examiné par le Parlement avant la fin de la session. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Abdelkader Bensalah qui, en effet, a laissé la porte ouverte à cette éventualité en concluant son discours d’ouverture prononcé aujourd’hui par cette déclaration : «L’histoire retiendra que le Parlement aura peut-être l’honneur de définir sa position vis-à-vis du contenu de la Constitution, car tous les indicateurs montrent que ce rendez-vous n’est pas éloigné.» Une déclaration alambiquée qui contredit tout de même la déclaration à la presse de Larbi Ould Khelifa, le président de l’APN, qui a affirmé, le même jour, que «la révision de la Constitution n’est pas à l’ordre du jour de la session de printemps» alors qu’il a semblé lui-même moins catégorique lors de son discours d’ouverture lu en son nom par le vice-président de l’APN. Qu’on en juge. Ould Khelifa a souligné, en effet, que l’APN poursuivra, dans le cadre de ses missions constitutionnelles, l’examen des projets qui lui seront présentés, conformément à l’ordre du jour de la session de printemps qui sera arrêté ultérieurement ainsi que les projets de loi que le gouvernement pourrait déposer à l’avenir dans le souci d’enrichir l’arsenal législatif de notre pays. En fait, les présidents des deux Chambres du Parlement semblent jouer sur les mots tout en laissant la porte ouverte à toutes les éventualités, en insinuant que le gouvernement pourrait à tout moment mettre le projet de la révision de la Constitution sur le bureau des députés même s'il ne figure pas à l’ordre du jour en cours de préparation. La décision reviendra, selon toute vraisemblance, au président qui n’a pas encore instruit le gouvernement à ce sujet, d’où la prudence et les propos évasifs des deux parlementaires. Il est à rappeler que lors du Conseil des ministres, qui s'est réuni le 30 décembre 2014, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé que la nouvelle année connaîtra le parachèvement du chantier institutionnel en cours par la révision de la Constitution dans les prochains mois. Il rappellera que «de larges consultations ont été menées dans ce but voilà deux années. Elles ont été approfondies récemment avec pour seules limites les constantes du peuple et de la République. Bien évidemment, la porte demeure ouverte devant ceux qui ne se sont pas encore associés à cette consultation qui reflète l'esprit même de la démocratie et qui est menée dans le respect des différences», avait-il indiqué. Bouteflika a, par ailleurs, déclaré : «Le projet de révision constitutionnelle que je proposerai conformément à mes attributions constitutionnelles aura pour but, comme je m'y suis déjà engagé devant vous, notamment la consolidation de l'indépendance de la justice et de la protection des libertés, le raffermissement de la séparation des pouvoirs et du rôle du Parlement, et le renforcement de la place de l'opposition. En un mot, il s'agira de consolider les assises de notre jeune démocratie pluraliste, dans le respect de nos constantes nationales, tout comme il s'agira de réguler la compétition et même la contestation politique, en préservant toujours la patrie de toute anarchie et de toute dérive.»
Meriem Sassi

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