Pas de congrès avant la révision de la Constitution : le FLN entraîné dans l’illégalité

Comme nous l’avions déjà écrit, le Front de libération nationale (FLN) s’achemine à grands pas vers l’illégalité. Le mandat de cinq ans des instances dirigeantes issues du IXe congrès expire la fin du mois courant et le Xe congrès n’est toujours pas à l’ordre du jour. Amar Saïdani, secrétaire général controversé du parti, lie désormais la tenue de ce congrès à la révision de la Constitution. Une révision qui ne dépend nullement de la volonté du FLN, bien que majoritaire dans les institutions et assemblées élues. Aucune date n’est encore fixée pour la révision de ce texte fondamental. Autrement dit, le FLN ne sait pas encore quand il tiendrait son congrès. Selon une source interne au parti, le Xe congrès de l’ex-parti unique pourrait attendre jusqu’à la fin de l’année. Ainsi, par son entêtement, Amar Saïdani entraîne le FLN dans l’illégalité. Mais au sein de son bureau politique, on ne s’inquiète pas outre mesure de cette situation où les instances dirigeantes vont être frappées d’illégitimité. Pour Saïd Bouhedja, ce n’est pas la première fois que le FLN se retrouve dans une telle situation. Il a connu dans les années 90 et en 2004 des cas similaires. C’est donc quelque chose de presque «naturel» au sein de cette formation qui vit dans l’instabilité depuis de longues années. La crise s’est particulièrement accentuée depuis l’arrivée d’Amar Saïdani au poste de secrétaire général, à travers une session extraordinaire du comité central, entachée d’irrégularités. Pour ses détracteurs, Amar Saïdani craint de perdre son poste s’il s’aventure à tenir le congrès dans les conditions actuelles dans lesquelles évolue le parti. Ils en veulent pour preuve la non-tenue de la deuxième réunion ordinaire du comité central en 2014. «Il sait qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis en engageant contre la volonté de la majorité des responsables et des cadres du parti une restructuration des instances régionales à travers la création de nouvelles mouhafadhas», estime un cadre du FLN pour lequel le Xe congrès ne pourrait pas avoir lieu, dans les conditions actuelles, avant novembre prochain. Pourtant, la loi sur les partis exige la tenue des congrès dans les délais pour que les formations politiques puissent exercer normalement leurs activités partisanes. Selon notre interlocuteur, «la stratégie d’Amar Saïdani est basée sur la multiplication du nombre de mouhafadhas pour pouvoir faire élire les délégués régionaux qu’il veut et couler ceux qui ne lui sont pas favorables. C’est pour cela qu’il attend la révision de la Constitution qui devra ensuite permettre un nouveau découpage administratif». Les redresseurs maintiennent néanmoins la pression en continuant à intervenir et à organiser des activités et des réunions sur le terrain. Des réunions auxquelles prennent part plusieurs anciens ministres, à l’instar d’Amar Tou, Rachid Harraoubia ou encore Abdelaziz Ziari. La crise est loin de s’estomper. Le choc risque d’être violent à l’avenir. Surtout si Amar Saïdani s’entête à vouloir organiser un congrès sur mesure.
Rafik Meddour

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