Les Américains préparent l’opinion mondiale à vivre avec la menace de Daech pendant des générations

C’est ce qu’a formulé le représentant américain auprès de la coalition dirigée par les Etats-Unis qui lutte contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie (Daech), le général John Allen, dans une déclaration aujourd’hui à Doha. «Le groupe Etat islamique (EI) représente une menace mondiale, a-t-il affirmé, et il faudra une génération ou plus pour en venir à bout.» C’est la première fois qu’un haut dirigeant militaire de la première puissance mondiale fait un tel aveu d’impuissance face à une menace extérieure, alors que la Maison-Blanche a toujours prôné un discours plutôt optimiste sur la capacité des Etats-Unis et de la coalition qu’ils dirigent à vaincre le terrorisme, et notamment l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Sauf s’il s’agit d’une nouvelle tactique politique destinée à persuader la communauté internationale à consentir à un long déploiement militaire dans la région où sévit la menace suggérée et à maintenir la pression psychologique sur les populations et gouvernements prétendument menacés. Le général américain a prévenu que le combat contre l'EI nécessiterait «une longue campagne», avouant tacitement que tous les efforts déployés jusqu’ici par la coalition internationale pour endiguer le déferlement de cette organisation en Irak et en Syrie, notamment, n’ont abouti à aucun résultat. Le revers essuyé à Ramadi, par exemple, est décrit comme la pire défaite de la coalition internationale depuis sa création en septembre 2014, puisque les frappes aériennes n'ont pas empêché ces derniers mois le groupe extrémiste de gagner du terrain. Pis encore, l’officier reconnaît que si Daech n'est pas vaincu, «il pourrait mettre en péril les progrès de l'humanité». Autrement dit, les terroristes pourraient, d’ici là, s’emparer de leviers de pouvoirs plus importants. Le dirigeant militaire ne dit pas si cette organisation terroriste peut, dans son expansion envisagée, constituer un Etat, comme c’est d’ailleurs son objectif suprême, ni quels sont les moyens militaires ou idéologiques que la coalition internationale est appelée à mobiliser pour arrêter ce groupe dans son projet funeste. Enumérant les «atouts» dont bénéficie Daech, le général John Allen cite son maillage des réseaux sociaux : «A une époque où nous sommes plus en interconnexion que jamais, dit-il, Daech est une menace mondiale.» Enfin, sur la question du financement de cette organisation terroriste, les explications du général américain restent insuffisantes. Ainsi, il soutient que la coalition avait obtenu de précieux renseignements sur les structures de financement de l'organisation, tout en admettant que Daech «conserve toujours des ressources financières», provenant, selon lui, de l'extorsion de fonds, du pillage, des enlèvements contre rançons et du trafic d'êtres humains.
R. Mahmoudi

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