Document secret – les confidences du Président malien à l’ambassadeur du Maroc sur l’Algérie

Algeriepatriotiquea été destinataire d'un nouveau document révélé par le hacker marocain Chris Coleman. Ce document fait état d’une discussion entre le Président malien, Ibrahim Boubacar Keita, et l'ambassadeur du Maroc à Bamako, Hassan Naciri, montrant l'hypocrisie des dirigeants maliens et les tentatives du Maroc de saboter les efforts de l'Algérie pour arriver à une paix durable, condition indispensable à la stabilité du Mali. Le compte rendu de la discussion est fait par l’ambassadeur du Maroc dans sa correspondance datée du 25 juin 2014 (lire dans la rubrique Documents). Une bonne partie des 40 minutes de l’entretien a été consacrée à l’Algérie et à ses efforts pour amener les parties maliennes en conflit à négocier et à conclure un accord. Le document prouve, encore une fois, l’acharnement du Maroc à saboter l’activité diplomatique de l’Algérie dans la région. Ainsi, l’ambassadeur marocain a fait allusion à l’Algérie, en évoquant avec le président Boubakar Keita «les pays de la région et d’Europe qui servent d’autres agendas et qui sont même derrière certaines crises du Mali». Ces propos accusant implicitement notre pays ont été suffisamment clairs pour que le Président malien saisisse la balle au bond et entre dans le vif du sujet pour parler de l’Algérie, en termes pour le moins malveillants. Tout l’intérêt du document de Chris Coleman est là, dans la mise en lumière du double jeu des dirigeants maliens, car pour le reste, l’hostilité du Makhzen à l’Algérie est connue et ne s’est pas démentie. Par contre, ce que le Président malien a dit à son hôte, l’ambassadeur du Maroc, est renversant. Six mois après avoir sollicité notre pays (en janvier 2104) pour l’aider à trouver un dénouement heureux de la crise malienne, ce qui a motivé ensuite la création du Comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le Nord-Mali, voila le président Boubakar Keita qui parle (en juin 2014) de la pression des autorités algériennes pour le convaincre de se rendre à Alger à l’occasion de la tenue des pourparlers inclusifs prévus en juillet 2014. Et, visiblement pour satisfaire son interlocuteur, il n’hésite pas à dire qu’il a opposé à cette prétendue demande de notre pays «une fin de non recevoir». Le «clou» du document est dans le véritable rapport à l’intention du Maroc que dresse Ibrahim Boubacar Keita sur l’audience qu’il a accordée à l’ambassadeur de France à Bamako, Gilles Huberson. Il y est question évidemment de l’Algérie pour laquelle le Président malien avoue implicitement nourrir une certaine rancune, même s’il s’en défend auprès du diplomate français venu lui faire état du «degré de convergence sans précédent» atteint par les relations entre l’Algérie et la France précisément sur le dossier malien, et de la possibilité pour ces deux pays qui travaillent «en symbiose totale» de faire réussir les négociations inter-maliennes. La rancune tenace du Président malien remonte à 2006, aux accords d’Alger conclus à cette date, grâce à la médiation de l’Algérie, pour la paix dans le Kidal. Pour lui, ces accords ont créé les conditions pour la crise de 2012 au Nord-Mali. Difficile de croire que c’est le même président Boubakar Keita qui assistait, il y a quelques semaines (samedi 20 juin 2015) à la cérémonie de signature, à Bamako, par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger. Un message du gouvernement malien a été lu à cette occasion, en sa présence et donc avec sa caution, pour exprimer la reconnaissance du Mali au «soutien inestimable» de l’Algérie au processus de paix et de réconciliation dans ce pays. La veille de cette cérémonie, à l'issue d'un entretien avec notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, il avait lui-même salué les efforts de l'Algérie, en tant que «chef de file de la médiation internationale dans les négociations inter-maliennes». Lequel des discours du Président malien croire : celui cité dans le compte-rendu de l’ambassadeur marocain en juin 2014 ou celui rapporté par les agences de presse en juin 2015 ?
Houari Achouri

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