Ce qu’Amara Benyounès a dit lors du Conseil des ministres qui a précédé son limogeage

L’ancien ministre du Commerce a longuement défendu son bilan lors du dernier Conseil des ministres, tenu le 22 juillet dernier sous la présidence du chef de l’Etat. En guise d’arguments sur lesquels il a voulu appuyer sa démarche pour relancer le secteur dont il avait la charge, dans le cadre de la nouvelle politique de l’Exécutif axée sur la réduction des importations et la rationalisation des dépenses – nom choisi par Sellal pour déguiser sa politique d’austérité –, Benyounès a égrené un chapelet de propositions, selon lui, susceptibles de booster l’économie nationale en prévision des temps difficiles annoncés par son gouvernement. Selon des indiscrétions, l’ex-ministre du Commerce a suggéré le retour à l’importation des véhicules de moins de trois ans, option qui devrait passer par la levée de la mesure d’interdiction en vigueur depuis plus de sept ans. Or, toutes les promesses d’autoriser à nouveau l’importation des voitures d’occasion avaient, comme on le sait, buté sur les pressions exercées par les concessionnaires de l’automobile installés en Algérie. Décidément, le bras de fer entre Benyounès et les constructeurs automobiles ne se limitait pas à la polémique autour du projet d’implantation d’une usine Peugeot en Algérie. Deuxième mesure audacieuse proposée par Benyounès : la suppression du crédit documentaire (Credoc), au motif que les paiements effectués par les importateurs, selon lui, grevaient les ressources de la Banque extérieure d’Algérie. Depuis 2009, la réglementation algérienne imposait – sauf exception – le crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations. Cette mesure avait été assouplie par la loi de finances 2014 qui autorisait le recours à la remise documentaire (Remdoc) pour le paiement des produits finis. Le rétablissement de la remise documentaire venait après l’échec du Credoc à freiner l’envolée des importations et à réguler les opérations du commerce extérieur. Sur cette question, des divergences étaient apparues entre Amara Benyounès et le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselem Bouchouareb, qui semble hésiter toujours sur la voie à emprunter pour réorganiser l’importation des véhicules, en tenant compte des impératifs posés par les principaux concessionnaires. Dans la foulée, Benyounès aurait également proposé l’accélération de l’instauration du péage de l’autoroute Est-Ouest, en suggérant de faire payer les touristes étrangers en devises. Pour amortir les pertes ou le manque à gagner enregistrés par le Trésor public, Benyounès a aussi proposé de revenir au week-end universel. Pour relancer le tourisme, l’ex-ministre aurait, selon notre source, émis l’idée de rouvrir les frontières terrestres avec nos voisins immédiats (autrement dit, le Maroc). Formulée en plein Conseil des ministres, une telle proposition ne pouvait passer sans susciter de l’étonnement, voire des suspicions. Car, non seulement le débat sur cette question est tranché depuis longtemps, puisque la fermeture de ces frontières a été une réponse à la décision prise par Rabat d’instaurer le visa pour les ressortissants algériens, mais aussi parce que tout le monde sait qu’une telle mesure, si elle est prise, provoquera plutôt le flux inverse. Limogé au lendemain du Conseil des ministres, Amara Benyounès n’a encore fait aucun commentaire sur son départ du gouvernement.
Karim Bouali

Commentaires

    HERMEZ A
    29 mai 2017 - 8 h 06 min

    qu’il aille au diable
    qu’il aille au diable

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