La réponse molle de l’Etat à l’ex-chef terroriste de l’Armée islamique du salut Madani Mezrag

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé, en marge de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, que l'Etat «ne laissera pas les personnes impliquées dans la tragédie nationale enfreindre la charte pour la paix et la réconciliation nationale et créer un parti politique». Sellal a paru ferme, indiquant clairement que Madani Mezrag est «impliqué dans la tragédie nationale», se contredisant ainsi, en tant que chef de l’Exécutif, puisque ce même Madani Mezrag a été invité à la présidence de la République pour participer aux discussions sur la révision de la Constitution. «Nous ne permettrons pas aux personnes impliquées dans la tragédie nationale d'enfreindre la charte pour la paix et la réconciliation nationale et créer un parti politique, et ce, dans le cadre des lois de la République, notamment l'article 26 de ce texte», a tranché le Premier ministre, dont les propos divergent d’avec l’attitude de l’Etat vis-à-vis de cet ancien chef terroriste qui multiplie les sorties médiatiques et les annonces politiques. Abdelmalek Sellal l’accuse même de vouloir «rééditer la crise que le peuple algérien a vécue dans les années 90». La réaction du Premier ministre – dont on ne sait plus trop si elle est personnelle ou elle reflète la position officielle –, bien qu’intransigeante en apparence, occulte le fait que l’ancien fondateur de l’Armée islamique du salut, ce groupe terroriste qui infestait les maquis de Jijel, assassinant soldats, policiers et gendarmes, a organisé un conclave avec ses lieutenants en pleine forêt sans autorisation et que, ce faisant, il a déjà enfreint cette même charte à laquelle il est fait référence. Or, aucune sanction n’a été prise à son encontre. Madani Mezrag prend, en fait, le relais du trublion Ali Benhadj, à qui il fait de l’ombre, lui l’ancien chef terroriste dont la parole passe avant celle de l’ancien co-président du FIS dissous dont il représentait le bras armé. Les extrémistes religieux veulent réinvestir la scène politique par des moyens moins violents, mais plus dangereux. Leur influence sur des pans entiers de la société n’a jamais été aussi forte, étendant sans cesse leur hégémonie sur l’école, la mosquée et la rue, et dominant le commerce informel qui leur permet d’engranger des bénéfices colossaux et de pouvoir, ainsi, recruter des militants fanatiques dans leurs rangs. Le pays est plus que jamais menacé par la redoutable machine de propagande de ces intégristes qui ont déposé les armes, mais sont loin d’avoir changé leur fusil d’épaule.
Karim Bouali

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