Louisa Hanoune : «Nous assistons à une purge au sein de l’armée»

La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n’y est pas allée avec le dos de la cuillère pour dénoncer la «poursuite de la purge au sein de l’institution militaire». S’exprimant à l’ouverture de la session ordinaire du conseil national de son parti, Mme Hanoune, qui a adopté depuis le 4e mandat une ligne très critique vis-à-vis du pouvoir, qualifie ainsi les nouveaux limogeages annoncés au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) d’une «purge» qui vise à achever «le processus du démantèlement de ce département en charge de la sécurité nationale». «Nous assistons à un véritable processus de démantèlement qui n’a rien à voir avec la réforme dont on nous parle», a-t-elle déclaré, qualifiant de «bizarre» la «communication» de la présidence de la République sur la «restructuration» et les «changements opérés» au sein du DRS. La patronne du PT ira jusqu’à émettre des doutes quant à l’authenticité de ce communiqué qu’on ne trouve nulle part. Mme Hanoune estime que les changements opérés au sein des services secrets ont mis un terme à l’équilibre d’antan entre les différents grands services de l’armée. Pour elle, le démantèlement du DRS a déséquilibré l’institution militaire, rendant ainsi tout le pouvoir de l’armée entre les mains du chef de l’Etat-major. Louisa Hanoune force un peu sur le trait et parle ainsi de «la militarisation de la vie politique». Autrement dit, aujourd’hui, plus que jamais, c’est l’armée qui contrôle la vie politique nationale à travers les pouvoirs qu’elle concentre. Mme Hanoune considère également que la suppression du service de l’intelligence économique du DRS comme celui des enquêtes économiques est une invitation claire à la corruption et la prédation des richesses du pays. Elle trouve aussi condamnable le fait qu’un homme comme le général Hassan (ex-chef du service de la lutte antiterroriste au sein du DRS) se retrouve en prison, au moment où l’Algérie fait face à de graves menaces sécuritaires et des ex-chefs terroristes provoquent, menacent et intimident l’Etat. Pour elle, si Madani Mezrag s’est permis d’user d’un tel ton contre le président Bouteflika, c’est parce qu’il n’était plus encadré et surveillé. Elle considère que son attitude renseigne sur la liberté de ses mouvements et sur le fait qu’il ne craigne plus rien. Mme Hanoune ne s’arrête pas là. Elle continue sa critique et ses dénonciations en parlant de l’«instrumentalisation de la justice» dans l’affaire du général à la retraite Benhadid qui a été mis en prison pour s’être exprimé librement sur la situation générale du pays. Elle dénonce également l’atteinte à la liberté d’expression à travers la fermeture d’une chaîne de télévision privée. La patronne du PT n’a pas raté l’occasion de tirer à boulets rouges sur les «oligarques» qui veulent accaparer toutes les richesses du pays.
Rafik Meddour
 

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