Trois compagnies étrangères contrôlent notre transport maritime

Névralgique pour l’économie nationale, le transport maritime est assuré presque totalement par des compagnies étrangères. Selon le directeur de la marine marchande et des ports au ministère des Transports, Mohamed Ibn Boushaki, qui est intervenu aujourd’hui sur les ondes de la Radio Chaîne III, les entreprises de transport maritime nationales n’assurent actuellement que 2% du trafic global qui fait la joie et le bonheur de plusieurs compagnies européennes. La part du marché qui profite aux sociétés étrangères s’élève à plus de 4 milliards de dollars. Une grosse cagnotte que l’Etat algérien gagnerait à économiser en ces temps de vaches maigres en développant les compagnies nationales. L’invité de la Chaîne III a en effet brossé un tableau noir de la situation en parlant de la faillite des entreprises nationales qui passent d’une flotte marchande de plus de 80 navires à une dizaine dans un contexte international de rude concurrence. Selon Mohamed Ibn Boushaki, l’Algérie avait par le passé des contrats de fret avec des compagnies internationales vu qu’elle disposait d’une flotte importante. Mohamed Ibn Boushaki explique cette chute par un désinvestissement dans le secteur qui s’est répercuté négativement sur l’économie nationale, en ce sens que le transport de marchandises coûte plus cher pour l’Etat algérien et pour les opérateurs économiques. Ce haut responsable au ministère des Transports fait état de ce qu’il appelle le «diktat» de trois compagnies étrangères. Sans pour autant les citer. Mohamed Ibn Boushaki rassure que son département ministériel a bien réagi en lançant un programme d’acquisition de navires pour «réhabiliter et renforcer le pavillon national». Ce responsable parle d’une véritable prise de conscience. Il souligne dans ce sillage que Cnan-Groupe vient d’acquérir six navires. Il va recevoir une dizaine d’autres navires d’ici 2019, pour permettre, dans une première phase, d’assurer 25% du transport des marchandises par voie maritime. Ainsi, rien que pour la Cnan, il y aura un total de 27 bateaux qui vont être achetés pour un montant d’un milliard de dollars. M. Ibn Boushaki s’est également exprimé sur les sept navires de la Cnan saisis à l’étranger depuis plusieurs années. Il affirme que cela est dû à l’échec d’un partenariat entre le groupe Cnan et un investisseur saoudien. L’affaire est au niveau des juridictions internationales. Selon lui, elle est bien défendue par l’Algérie. L’invité de la Chaîne III évoque le projet de construction d’un grand port de commerce, à El-Hamdania, entre Cherchell et Ténès. Ce port, qui devra être le plus grand du pays, va s’étendre sur 2 000 hectares et disposera de 3,3 km de quais. Il s’agit ainsi d’une infrastructure qui permettra de traiter quelque 40 millions de tonnes de marchandises/an. Mais, précise-t-il, il ne suffit donc pas d’avoir des ports pour avoir un transport maritime performant.
Rafik Meddour
 

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