La «grande muraille verte» dissipe l’idée du «barrage vert»

Par Mohamed Benallal – «Savez-vous ce que disent les arbres lorsque la hache entre dans la forêt ? "Regardez ! Le manche est l'un des nôtres !"» citation. C’était en 2007 que les 11 chefs d’Etat africains se sont réunis pour se mettre d’accord sur le projet du siècle : la «grande muraille verte» de l’Afrique noire. Le projet était de transformer le Sahel jaune, s’étalant sur une bande de terre aride de 7 600 km sur 15 km, en un diadème vert pour lutter contre la désertification. Il ne s’agit pas simplement de planter des arbres, ce projet permet de placer toute cette géographie jaune et aride dans le cadre d’un développement global et durable. C’est un projet panafricain ambitieux dont une partie des finances est issue de l’institution mondiale pour l’environnement, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et l'Union européenne (UE) ainsi que d’autres institutions retenues pour apporter un soutien financier supplémentaire et un appui technique. Cette initiative était la bienvenue pour des pays pauvres, car elle s'attaque aux problèmes de cette région aussi pauvre et peut aussi, dans la mesure des finances, à travers des projets communs et transfrontaliers, bâtir un écosystème écologique et économique et en même temps œuvrer à la prévention des conflits naturels humains et économiques.
Une adaptation au changement climatique
Cette image verte du mur végétal du Sénégal à Djibouti devrait être une priorité de l’Union africaine, c’est une véritable aubaine pour créer une ressource pouvant formuler un vaste programme pour la restauration de terres aptes à produire une richesse à l’homme, avant tout africain. C’est aussi un privilège africain pour une adaptation d’un nouveau contexte climatique, c’est un vaste microclimat. Il fallait être sûr que tout le monde partage les mêmes objectifs et définir des zones prioritaires d'intervention afin
que la géographie de couleur jaune devienne verte. Ceci étant fait, maintenant nous pouvons passer aux projets. Il est plus que certain que le sol, le climat et la végétation vont donner une nouvelle vie où l’économie prospérera par de nouveaux investissements créateurs de valeur ajoutée et de pôles de croissance. Sachant qu’ailleurs avec du gaz et de l’eau, la technologie avait pu créer de la matière plastique qui nous a permis de faire tout un matériel utile à usage pour le bien-être de l’homme, son contexte et son cadre de vie. Alors qu’en est-il avec du bois très écolo ?
Manque de financements
Les scientifiques se sont aussi mis sur les rails du train pour un tel projet écolo. Tout serait ainsi prêt sur le papier. Des plans et des projets qui ne demandent qu'à être financés. Les quelques millions d'euros engagés depuis 2007 sont loin d'être à l'échelle des sommes qu'il faudra mobiliser à l'avenir, selon les sources médiatiques alors que le Mali risque de voir son conflit armé s’éterniser au profit d’une portion de ce projet.
Le barrage vert algérien
C’est en 1972 que le président de la République feu Houari Boumediene (Allah yarahmou) proclamait la réalisation du barrage vert ; les travaux ont été lancés exactement en 1974. Le projet devait relier les frontières algéro-marocaines aux frontières algéro-tunisiennes sur une distance de plus de 1 200 km sur une largeur de 20 km, soit une surface de 2,4 millions d'hectares. Ce barrage vert était pris en charge par les jeunes du Service national. Sa réalisation : ce projet était pris en charge par le haut commissariat au Service national, qui avait installé des unités de réalisation composées de jeunes militaires ayant subi une formation technique accélérée, leur permettant l'exécution du programme qui leur était confié. En plus de cet organe et vu la grandeur du projet, il y avait aussi d'autres entreprises participantes dans sa réalisation, telles que l'Office national des travaux forestiers. Tandis que les services de l'administration forestière avaient eu pour rôles la surveillance et le suivi de chaque partie du projet existante au niveau des wilayas concernées. La réalisation de ce prestigieux projet avait pour objets principaux :
1- Le climat : le «barrage vert» se situe au sud, soit le début du grand désert algérien et vers la fin des Hauts Plateaux (nord du désert). Dans cette géographie, il existe deux saisons : un été très chaud et un hiver très froid, tandis que la pluviométrie est faible à cause de sa proximité du climat semi-aride. Ces facteurs climatiques circonviennent directement sur la dégradation du peu de végétation existante jusqu'à sa disparition, donnant ainsi des sols sablonneux nus (désert) de couleur jaune.
2- La végétation : dans le «barrage vert», il existe deux catégories de végétations : la végétation forestière, composée de chêne vert, de pin d'Alep, du pistachier de l'Atlas, du jujubier sauvage, et bien d’autres espèces. La végétation pastorale : elle est composée uniquement d’alfa, exploitée en principe pour la fabrication du papier.
3- Le sol : les caractéristiques du sol du futur «barrage vert», selon les études effectuées par l’ANF (Bilan et perspectives, Alger), se résument ainsi : profondeur faible qui ne dépasse pas parfois les 60 cm ; quantité élevée de calcaire actif ; quantité faible de matière organique ; pH basique (supérieur à 7,5) ; l’eau, denrée rare, disponible : nappe phréatique. Par conséquent, le soleil, l’eau et la terre, c’est toute une richesse inépuisable. Au début des premiers résultats du projet : d'une manière générale, il paraît que les résultats escomptés de ce projet étaient satisfaisants. Aucun bilan n’a été publié pour ce vaste projet dont l’effet économique multiplicateur reste, à nos yeux, très dérisoire. Réalisé avec une volonté de fer, le projet n’a pas donné l’occasion aux populations locales de l’adopter en tant qu’initiative complémentaire à leur mode de vie socio-économique basé essentiellement sur l’élevage. La forêt, source de vie, devait avoir une forme d’application de la gestion durable des forêts dans le contexte où les feux d’été font plus de ravages que le manque de stratégie de préservation et d’entretien. Car l’économie et l’écologie ne peuvent être que l’affaire de la société civile à laquelle l’administration néglige la définition, les dangers de la désertification en concours avec les activités humaines sur les milieux naturels. La compilation des informations relatives à l'état des ressources forestières du barrage vert, en tant que moyen de lutte privilégié contre la désertification, en analysant les causes directes et indirectes de leur dégradation. L'établissement d'une stratégie de préservation du «barrage vert» après avoir identifié et classé les problèmes environnementaux causant sa dégradation.
Projet de réhabilitation du barrage vert
Touché par des dégradations naturelles et humaines profondes, le barrage vert fera l’objet d’un vaste projet de réhabilitation pour préserver cette ceinture «clé» dans la lutte contre la désertification en Algérie. Le barrage vert a subi d’importantes dégradations, causées essentiellement par l’abattage des arbres et les pressions climatiques, imposant ainsi la nécessité de ce nouveau programme, la nécessité d’associer à cette opération de petits projets de proximité de type agricole et para-agricole au profit des populations pour leur permettre d’améliorer leurs conditions de vie. La nouvelle politique du Renouveau rural est adoptée par l’Algérie.
Conclusion
Devant cet état de fait de la surexploitation et l'abus de nos ressources biologiques, nous irons forcément droit vers le chaos, le choix de la voie du salut et de la raison, c'est-à-dire celle du maintien et de l’entretien de la diversité et de l'utilisation durable des ressources, permettra à la société humaine une certaine prospérité, sinon le cas échéant. Le barrage vert : une bouffée d’oxygène pour le développement des activités socioéconomiques de la population ; avec une synchronisation utile, ce nouveau milieu naturel deviendra un nouveau cadre de vie avec une amélioration de la vie, produisant de nouveaux revenus issus des zones forestières. Un capital qu'il convient de protéger en le préservant des dégradations naturelles, humaines et animales, d'une part, et de le valoriser aux mieux, d'autre part, en améliorant quantitativement son rendement économique. C’est aussi la philosophie de l’esprit même des «industries industrialisantes » de feu Houari Boumediene (Allah yarhmou) où ce barrage vert pourrait devenir un gigantesque pôle de croissance et, par effet multiplicateur de richesses, tout serait permis pour un développement global et intégré. Comme on a dit autrefois : «En jouant la carte verte, allons-nous sauvegarder notre patrimoine durable et créateur de richesse durable ?»
M. B.
Ref :
• Bilan critique du barrage vert en Algérie. Sécheresse 1995.
• «Le barrage vert : bilan et perspectives», Alger, ANF, 1990.
• Wikipédia : La grande muraille verte (Afrique)

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