Ali Benflis : «Le règne de Bouteflika a abouti à un désarmement moral de la nation»

«Le peuple a besoin de voir que ceux qui sont aux commandes de la nation sont bien ceux qu’il a lui-même choisis, que son choix a été respecté et n’a pas été confisqué et que son choix compte et ne sert pas seulement d’alibi», a déclaré Ali Benflis à Batna. Le président de Talaie El-Houriyet a dénoncé, lors de la rencontre régionale organisée dans la capitale des Aurès, «la fraude dont souffrent tous les processus électoraux organisés dans notre pays» et qui «prend une dimension tragique». Qualifiant la fraude de «violence» et de «crime», l’ancien chef de gouvernement a estimé que celle-ci «prive d’autorités légitimes et représentatives», car elle impose «comme un fait accompli des dirigeants qui ne sont pas l’émanation de la volonté populaire souveraine». Pour Benflis, la fraude est également «un crime contre le pacte social et le contrat de confiance entre les gouvernants et les gouvernés» et «contre les institutions et l’administration publique dont la neutralité et l’impartialité sont remplacées par l’abus et l’arbitraire». «Un peuple aussi attaché à sa liberté que le nôtre et aussi intransigeant sur elle ne peut s’accommoder indéfiniment d’un pouvoir personnel hémogénique et dominateur tel que celui qui est imposé au pays aujourd’hui», a soutenu l’ex-candidat à la présidentielle d’avril 2014. Benflis a pointé du doigt l’«atteinte aux libertés contre laquelle le peuple algérien s’est élevé et qu’il a combattue jusqu’au bout lorsqu’elle venait de l’étranger», estimant qu’«il ne peut l’accepter et s’y résoudre maintenant qu’elle vient des mains de ses frères de chair et de sang». Il appelle à un «passage d’un ordre autoritaire et totalitaire à un ordre démocratique où les citoyennes et les citoyens sont maîtres de leur destin et où le peuple souverain a le premier et le dernier mot». «Notre pays se trouve, en ces instants, dans cette situation où le principe d’égalité est devenu un vœu pieux par lequel sont occultées toutes sortes d’inégalités politiques, économiques et sociales», a encore indiqué Ali Benflis, qui a fustigé «les intérêts particuliers» qui «ont pris le pas sur l’intérêt général». Selon lui, «les intérêts des clientèles politiques, économiques et sociales du régime politique en place sont mieux protégés et défendus que ceux du reste de la collectivité nationale». «La rente dont ce régime politique est le dépositaire et le distributeur exclusif, a-t-il soutenu, lui permet d’accorder les faveurs et les privilèges particuliers, et c’est ainsi que cette rente a été mise au service d’intérêts particuliers et non au service de l’intérêt général comme en témoigne l’usage qui a été fait de la manne financière sans précédent durant la décennie écoulée». Ali Benflis relève l’urgence de «mettre fin» à cette situation «pour prémunir notre pays contre les périls de la désunion et contre les ruptures de sa cohésion dont nul ne sait les formes toujours lourdes de conséquences qu’elles pourraient prendre». Critiquant les quatre mandats de Bouteflika, l’ancien chef de gouvernement a affirmé que «les seize dernières années ont abouti à un véritable désarmement moral de la nation».
Lina S.

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