Affaire des 26 milliards : le général Abderezak Maïza répond à Abdelhamid Brahimi

Dans un long entretien accordé au journal Le Soir d’Algérie, le général à la retraite Abderezak Maïza répond de manière claire aux inepties de l’ancien Premier ministre sous Chadli Bendjedid, Abdelhamid Brahimi, qui s’est attaqué aux responsables de l’arrêt du processus électoral au début des années 1990. Interrogé sur la mise en place d’un Etat civil dans un contexte de crise économique, le général à la retraite n’a pas raté l’occasion de décocher une fléchette assassine à l’endroit de celui qu’on surnommait «Abdelhamid la Science». «Nous avons des moyens extraordinaires pour surmonter cette crise. Nous sommes loin de Monsieur 26 milliards qui a détruit tous les tissus sociaux», a-t-il lancé, en faisant clairement allusion à Abdelhamid Brahimi qui avait parlé de 26 milliards de dollars volés des caisses de l’Etat à l’époque où il était Premier ministre. Le général Maïza estime qu’aujourd’hui nous avons des atouts. Pour lui, à toute chance malheur est bon. «Cette chute des prix du pétrole et des gaz est même un bienfait, elle permettra de se tourner vers la production. On disait que nous n’étions plus un pays car nous n’arrivions pas à produire ce que l’on mangeait, nos vêtements. Une importance va être donnée à la production», souligne-t-il, considérant que la situation politique actuelle est la même depuis l’indépendance. «Rien n’a changé, quel que soit le président qui soit passé, la population n’a jamais été intégrée à la prise de décision jusqu’à présent», regrette cet ancien général. Ce qu’il considère comme nouveau, c’est l’existence d’une opposition qui se renforce et travaille la société civile. Le général à la retraite Maïza ne croit pas à l’instauration d’un Etat civil, chanté par le régime actuel au nom de la nouvelle Constitution. Car, selon lui, il n’y a pas d’organisation civile. Il précise que «l’armée n’a jamais été concernée par des prises de décision politique, même pendant la période du parti unique. Je suis désolé, mais l’armée n’a pas fait les présidents. Souvenez-vous, Boumediène avait vidé l’armée de ses hommes, comme il se disait à l’époque. Souvenez-vous des Bouzeghoub… Chadli avait fait la même chose. Et c’est ce que fait l’actuel président. C’est une continuité. Pourquoi dire que nous allons vers une société civile ? Etions-nous une dictature ? Mais il est vrai qu’à chaque fois qu’il y a eu crise l’Etat algérien, qui était incapable de gérer la crise, faisait appel aux militaires pour faire face», a-t-il relevé, racontant ainsi que «Liamine Zeroual nous avait réunis à Blida et on avait posé le problème en lui demandant d’extraire l’armée de ce problème. On lui avait demandé de renforcer la police, la gendarmerie afin qu’ils puissent faire face en cas de problèmes». Le général Maïza est également revenu sur la restructuration du DRS. «Si nous faisons abstraction des problèmes de personnes, cette restructuration était attendue depuis longtemps. L’armée cherchait à se professionnaliser, et on avait établi le dossier de professionnalisation. Les services de sécurité devaient changer. L’armée ne devait garder que les services proprement militaires. Les autres services greffés à l’armée, espionnage, contre-espionnage, devaient être dissociés pour qu’on arrête de nous coller tous les problèmes de l’Algérie. Pour tous, l’armée était synonyme de pouvoir, c’est pour cette raison qu’à l’époque nous disions qu’il ne fallait pas confondre entre l’armée et le DRS», a-t-il affirmé, précisant que «le DRS ne travaillait pas uniquement pour l’armée, mais pour l’Etat». «Depuis les premiers présidents Boumediène, Chadli, la situation était la même, il y a juste une petite période, lors du passage de Khaled Nezzar à la tête de la Défense, durant laquelle le contre-espionnage avait été rattaché au ministère de l’Intérieur, mais ils sont revenus immédiatement après sur cette décision», a-t-il ajouté. Cet ancien responsable de la Ire Région militaire a relevé le fait que les changements au sein des services secrets sont intervenus dans des conditions opaques. Ce qu’il considère comme une pratique algérienne. «On a vu des responsables de l’Etat algérien être assignés à résidence ou mis en prison. Vous prenez un Ferhat Abbas, qui a représenté le premier gouvernement de l’Algérie, il a été mis en prison par le premier et le deuxième présidents. Comment voulez-vous que cela change aujourd’hui ? C’est une pratique politique strictement algérienne qui fait que les gens ne peuvent pas s’attendre à une reconnaissance de l’Etat», a-t-il poursuivi. Mais pour lui, le général Toufik a toujours servi l’Etat et veillé au maintien de la République. «L’homme qui a été mis à la porte dans le cadre de cette restructuration, et quoi que l’on puisse dire à son sujet, a œuvré au maintien de la République algérienne. Pour des raisons politiques, il a été mis à la porte mais il n’en demeure pas moins qu’il a travaillé pour son pays», a-t-il soutenu.
Sonia Baker
 

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