Selon des experts : l’emprunt national est une urgence économique

Pour faire face au choc pétrolier, des spécialistes en économie appellent au lancement en urgence d’un «emprunt national». Dans une contribution adressée à Algeriepatriotique, trois professeurs, Raouf Boucekkine, Elies Chitour et Nour Meddahi, estiment que l’endettement n’est pas la meilleure option à court terme. Pour les trois experts, «le recours à l'endettement extérieur par l’Etat n’était pas souhaitable à court terme, non pas parce que c’est péché mortel (ou véniel), non pas à cause du traumatisme du contre-choc pétrolier de 1986, mais uniquement pour de solides raisons économiques». Lesquelles ? Ces trois spécialistes expliquent que «la situation actuelle fait que le pays n’a aucun intérêt à le faire. En effet, l’Algérie prête une très grande partie de ses réserves de change à des taux très bas (au maximum 2%) aux grandes économies du monde (Etats-Unis, Europe, Grande-Bretagne et Japon) alors qu’un emprunt international nous coûterait beaucoup plus cher, au minimum 5%». A cela s’ajoute le risque de change que contient l’endettement externe. «Il faudra rembourser la dette en devises. Si la situation économique du pays est moins bonne au moment du remboursement de la dette que lors de son émission, la valeur du dinar serait plus faible lors du remboursement de la dette. Le pays a connu cette situation dans les années 90 où le dinar avait fortement baissé. Les entreprises comme l’Etat en avaient beaucoup souffert», soulignent-ils, préconisant ainsi le recours au financement interne des déficits actuels. Tout en reconnaissant que l’option n’est pas si simple à faire, ces trois professeurs d’université la recommandent pour de multiples raisons. C’est d’abord pour le coût qui serait moins important. Et l’endettement en interne pourrait se faire sous diverses formes. Parmi elles, le financement monétaire ou obligataire des déficits publics. Le financement du déficit de l’Etat peut reposer sur une panoplie d'instruments fiscaux, monétaires et obligataires, précisent-ils. «L’instrument fiscal est très important dans un pays comme le nôtre qui a des marges énormes dans ce domaine. L'Etat doit faire face dans les plus brefs délais aux deux problèmes majeurs qui gangrènent les finances publiques : les subventions implicites et le secteur informel», soutiennent ces experts, selon lesquels l’Algérie ne peut pas se permettre en 2016 un déficit de l5% du PIB, faisant suite à un déficit semblable en 2015 et un premier déficit de 7,1% du PIB en 2014. Autrement moyen de financement : «la création monétaire qui est de fait le moyen le plus simple d’augmenter les revenus de l’Etat, la pratique est communément appelée (et pour cause), seigneuriage», soulignent-ils, ajoutant que les coûts et les bénéfices financiers et économiques du seigneuriage sont bien connus, de nombreuses études empiriques ont, de plus, quantifié le problème. Ces experts affirment cependant que l’articulation entre le financement monétaire et l'obligataire doit être étudiée de façon rigoureuse, «en ayant en tête principalement la minimisation des risques inflationnistes, l'attractivité financière des obligations d'Etat et la minimisation de l'éviction des autres opérateurs économiques».
Sonia Baker

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